jeudi 6 novembre 2014

Les morsures de l'aube (2001)


Enfant de la télévision, Antoine de Caunes a, après avoir quitté "Nulle part ailleurs", tenté sa chance du côté du grand écran, des deux côtés de la caméra. On se souviendra évidemment de ses quelques rôles marquants ("L'homme est une femme comme les autres", par exemple), mais on a tendance à oublier qu'il a aussi été réalisateur, souvent dans le cadre de projets audacieux. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le succès ne fut pas toujours au rendez-vous. Qu'il s'agisse de "Coluche, l'histoire d'un mec", de "Monsieur N" ou des "Morsures de l'aube", Antoine de Caunes, le réalisateur rata chaque fois sa rencontre avec le public. 

Pique-assiettes, Antoine vit au cœur de la nuit parisienne et cherche à se faire une place au cœur de la jet-set. Un soir, après avoir réussi à s'incruster dans une soirée huppée, il se voit confier une étrange mission par l'homme qui organisait la soirée : trouver le mystérieux Jordan. Au cours de ses pérégrinations et de son enquête, Antoine finit par rencontrer la ténébreuse et envoûtante Violaine, sœur du fameux Jordan. Après avoir fini la nuit avec elle de bien curieuse façon, Antoine n'a plus qu'une envie : retrouver la jeune femme...

Un film noir et fantastique (ou pas) français est une chose suffisamment rare pour qu'on s'y penche avec curiosité, voire avec bienveillance. Ils sont bien peu nombreux, dans notre contrée, à s'être frottés au cinéma de genre, et encore moins nombreux ceux qui réussirent l'exercice. Pour adapter le roman de Tonino Benacquista, Antoine de Caunes fit appel à son ami Laurent Chalumeau, qui prit quelques libertés avec le matériau originel. La plume du romancier (et auteur de nombre de ses sketchs de l'époque "Canal") se ressent dans les dialogues. Le verbe parfois mordant (excusez ce mot facile) est cependant déplacé dans le thème abordé par "Les morsures de l'aube". Là où l'on attendait un thriller, voire une fable fantastique, on s'égare parfois sur le territoire de la comédie, surtout quand certains personnages sont l'occasion de prestations parfois dispensables (je songe notamment à celle de José Garcia). 

La distribution, assez inégale, est un des défauts du film. Si on peut vite être subjugué par la vénéneuse Asia Argento, et mieux comprendre la fascination qu'elle exerce sur le héros du film, la prestation de Guillaume Canet est de bien moindre qualité. Propulsé jeune premier du cinéma français, il prouve, dans ce film, qu'il lui reste une belle marge de manœuvre avant de faire de l'ombre aux grands (libre à chacun d'estimer que cette marge est comblée aujourd'hui). Dans des rôles plus secondaires, on appréciera (ou pas, c'est selon) la présence de Gérard Lanvin, de Gilbert Melki, du déjà cité José Garcia ou du fugace Vincent Pérez.

L'ambition de l'ouvrage est indéniable et, par moments, on se surprend à croire en la réussite de l'adaptation. Malheureusement, la mise en scène d'Antoine de Caunes manque souvent d'épaisseur et de conviction, au point qu'on a souvent l'impression d'assister à une balade dans le Paris nocturne et underground, à laquelle le réalisateur a convié ses copains. Cela ne suffit pas, vous en conviendrez, pour réussir un film. Il eût fallu pour cela une histoire plus consistante et la mise en scène qui va avec.









12 commentaires:

  1. Salut Laurent. Mouais... ça fait pas envie ! :D Cela dit, j'aime bien Garcia et Melki. Canet un peu moins. Et Asia Argento a effectivement quelque chose d'assez fascinant dans le monde aseptisé du cinéma. Je la connais mal, mais je l'ai trouvée plutôt bien dans les films où je l'ai aperçue.

    Dans la liste des films d'Antoine de Caunes, j'ai une faiblesse coupable pour "Désaccord parfait" - je pardonne tout à Jean Rochefort et à sa moustache.

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    1. Bonjour Martin,
      effectivement, ce film est très dispensable, malgré Asia Argento et son charme si particulier. Il faudra que je jette un oeil à "Désaccord parfait". J'avoue ne pas me rappeler si je l'ai vu ou pas !
      Belle journée !

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  2. Je n'ai pas vu ce film mais rien que l'affiche... MON DIEU !

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    1. Pour une fois, le ramage est à l'image du plumage, comme aurait dit l'autre. Tu peux éviter ce film sans regret (j'ai peur que cela t'énerve ;-) )

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    2. Je vois que ma réputation d'énervée et d'hystérique me colle à la peau :o (je vous rassure : ça m'arrive d'être calme et normale, si si).

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    3. A ta décharge, bon nombre de films sont énervants. Tu es donc toute pardonnée : ne change rien !
      Merci de ta fidélité à ce blog

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  3. Beau titre, beau sujet, belle interprète mais le tout exigeait un metteur en scène à la hauteur. De Caunes est sans doute porté par de nobles intentions (comme tu le dis, redonner du souffle à un genre moribond en France) mais il confine au ridicule sur la fin. Même si j'ai pas mal aimé son "histoire d'un mec", il me semble que De Caunes est plutôt fait pour la télé.

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    1. Effectivement, ce film aurait mérité un traitement plus solide, plus ambitieux et, effectivement, sa fin est plutôt ratée.
      Merci du passage, Prince

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  4. Peut-être pas le meilleur film de DeCaunes, mais pas une purge non plus. Et, j'ai beaucoup aimé "Monsieur N."

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    1. Il faudrait que je revoie "Monsieur N", cela me réconcilierait sans doute avec le réalisateur Antoine de Caunes.
      Merci de ta fidélité, Roggy

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  5. Je me souviens avoir été déçue, mais par curiosité, ça m'amuserait de le revoir. Pour me conforter (ou pas ?) de l'idée négative que j'ai de De Caunes, en tant que réalisateur et (encore pire) d'acteur.

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    1. Si tu en as l'occasion, je serais ravi de lire ton avis sur ce film.
      Merci de ton passage, Chonchon

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