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mercredi 24 septembre 2014

Une pure affaire (2011)


Quand des gens ordinaires sont, tout à coup, confrontés à un événement extraordinaire (au sens qu'il sort de la banalité, sans le moindre contexte fantastique), ce peut être le début d'un film mémorable. Nombreux sont les cinéastes qui se sont servis de pareil prétexte pour livrer de grandes œuvres, souvent dans le registre de la comédie. Décalage aidant, on peut obtenir de grands effets, quand un modeste peintre en bâtiment et un chef d'orchestre tyrannique se croisent alors qu'ils n'auraient jamais du le faire (je vous laisse devine à quel grand classique je fais allusion), ou quand un homme à la dérive fan de football rencontre son idole et se reconstruit grâce à lui ("Looking for Eric"). La recette est éprouvée, mais ce n'est pas pour autant qu'elle assure le succès. Le film "Une pure affaire", par exemple, n'a pas déchaîné les passions. 


 David et Christine, mariés depuis vingt ans, sont dans l'impasse. La carrière de David n'a jamais décollé, bien qu'il fasse partie d'un grand cabinet d'avocats. Leur vie de couple est en sommeil, tandis que leur fille aînée leur en fait voir de toutes les couleurs. Bref, le bilan est bien terne. 

C'est en sortant le chien le soir de Noël que David va voir sa vie basculer : entrant par hasard en possession d'un sac rempli de cocaïne et du téléphone du dealer, ce loser va obtenir une occasion de changer de vie. Mais pareille opportunité n'est pas sans conséquences...


A en croire les informations disponibles sur ce film (qui a failli s'appeler "Sur des rails"), c'est d'une nouvelle de l'auteur britannique Matthew Kneale qu'est inspiré le scénario du film. Revendiquant un humour tout british, le réalisateur lorgnait sûrement vers l'inimitable style de certaines comédies britanniques. Hélas, "Une pure affaire" n'adopte à aucun moment le ton corrosif qu'on pouvait attendre après pareille promotion. N'osant pas s'aventurer sur le territoire du trash ni sur celui du film social (ce point de vue aurait été le plus intéressant, à mon humble avis), Alexandre Coffre se contente de suivre le courant. 


A force de trop hésiter entre la tonalité à donner à son film, le réalisateur livre un long métrage sans identité propre. On n'est donc ni tout à fait dans la comédie, ni dans la chronique familiale, ni dans le policier, d'où un certain sentiment de malaise et d'insatisfaction pour le spectateur. 


Fort heureusement, "Une pure affaire" est sauvé par ses interprètes, qu'on aura rarement vus aussi inspirés. François Damiens en tête, le casting vaut à lui seul le déplacement, réussissant à nous faire croire à l'improbable histoire qui se déroule à l'écran. A ses côtés, Pascale Arbillot est elle aussi brillante et crédible, tandis que dans des rôles plus accessoires, on appréciera les jolies prestations de Laurent Lafitte (dans le rôle d'un collègue aux dents longues) et de Gilles Cohen (délicieux en gangster manipulateur). Bien souvent, les comédiens sauvent le film des fâcheuses situations où il s'est engouffré.

Ne nous inquiétons pas trop pour la carrière d'Alexandre Coffre, réalisateur de ce film ni réussi ni raté. Il enchaîna peu après avec "Eyjafjallajökull" qui, lui, fit le carton que l'on sait. A l'inverse de ce triomphe qui laisse bon nombre d'observateurs dubitatifs, "Une pure affaire", souvent bancal et maladroit jusque dans sa conclusion, reste regardable, mais ne laisse pas un souvenir impérissable.