Couvert de récompenses, le roman "Maintenant c'est ma vie" ("How I live now" dans sa version originale) a valu à son auteure, Meg Rosoff d'accéder rapidement à la célébrité dans sa Grande-Bretagne d'adoption, en matière de littérature jeunesse. Par une mécanique maintenant bien éprouvée, il était tout naturel que son livre fasse l'objet d'une adaptation au cinéma, le film en résultant ciblant le même public que le matériau d'origine : les adolescents. Hélas, on ne gagne pas à tous les coups et "Maintenant c'est ma vie" ne reçut pas le même accueil au grand écran que d'autres œuvres adaptées. Il avait pourtant, à en croire son pitch, plus de choses à dire que certaines franchises de ma connaissance qui battent des records de box-office dans leur catégorie.
Adolescente new-yorkaise superficielle, Elisabeth (même si elle refuse qu'on l'appelle ainsi et préfère être nommée Daisy) passe ses vacances d'été dans la campagne anglaise, avec des cousins qu'elle n'a jamais fréquentée. Pendant ce temps, le monde extérieur sombre dans la Troisième Guerre Mondiale. Tandis que Daisy découvre la vraie vie et l'amour en la personne d'Eddie (son cousin, tout de même !), Londres est l'objet d'une attaque nucléaire. Bientôt, cet été va virer au cauchemar, et Daisy va devenir une autre personne.
Une adolescente rebelle et mal dans sa peau, le retour à la terre, un conflit larvé qui soudain explose : les ingrédients inattendus pouvaient donner un cocktail détonant, à la portée politique forte. Je ne doute pas un instant que le livre a mérité ses récompenses et qu'il a su emporter ses lecteurs, tout en leur donnant matière à réfléchir. Ces derniers devaient d'ailleurs attendre de pied ferme l'adaptation au grand écran du roman qui les fit vibrer et réfléchir. Aux commandes de cette adaptation, Kevin McDonald, unanimement salué pour "Le dernier roi d'Ecosse" (mais on lui doit également l'intéressant "L'aigle de la neuvième légion") était donc méchamment attendu au virage.
Une adolescente rebelle et mal dans sa peau, le retour à la terre, un conflit larvé qui soudain explose : les ingrédients inattendus pouvaient donner un cocktail détonant, à la portée politique forte. Je ne doute pas un instant que le livre a mérité ses récompenses et qu'il a su emporter ses lecteurs, tout en leur donnant matière à réfléchir. Ces derniers devaient d'ailleurs attendre de pied ferme l'adaptation au grand écran du roman qui les fit vibrer et réfléchir. Aux commandes de cette adaptation, Kevin McDonald, unanimement salué pour "Le dernier roi d'Ecosse" (mais on lui doit également l'intéressant "L'aigle de la neuvième légion") était donc méchamment attendu au virage.
Malheureusement, ce qui pouvait être une fable noire porteuse d'un véritable message vire vite au film d'aventure pour adolescents. S'envole alors toute prétention politique, toute attaque frontale envers le système. On avait espéré avoir affaire à une oeuvre vilipendant les obsessions sécuritaires de notre époque, on a seulement droit à une bluette sur fond de monde en ruines. Louchant vers ce qui a déjà été fait en la matière (je songe notamment à "28 jours plus tard" ou aux "Fils de l'homme"), Kevin McDonald enrobe hélas son propos d'une épaisse couche de guimauve qui rend le tout indigeste. La pseudo-rédemption de Daisy, déclenchée par - excusez du peu - un conflit de grande ampleur, paraît totalement artificielle.
Circonstance aggravante : la version française est déplorable. Il est à croire que le doublage des jeunes interprètes se doit d'être agaçant.
Alors, malgré la présence de la jolie Saoirse Ronan (la seule à tirer son épingle du jeu dans le jeune casting), on perd vite tout intérêt à visionner ce film. Kevin McDonald, cinéaste hétéroclite, est visiblement capable du meilleur comme du pire. A n'en pas douter, "Maintenant c'est ma vie" fait partie de la deuxième catégorie : c'est bien dommage.
Salut Laurent. Merci pour cette chronique, pour un film que je voulais voir et que j'ai loupé au cinéma. Bien déçu de lire que la guimauve submerge tout...
RépondreSupprimerJ'aime bien Saoirse Ronan. Comme Jennifer Lawrence dans un autre genre, je vois en elle une actrice en devenir et j'espère qu'elle fera carrière encore longtemps, car j'aimerais bien la voir dans plusieurs autres films. Je l'avais plutôt appréciée dans "Hanna", notamment.
On va voir si ce "Maintenant, c'est ma vie" me tombe sous le regard un jour ou l'autre...
Hello Martin,
SupprimerSaoirse Ronan aura, je l'espère, la carrière qu'elle mérite. Il faudrait que je voie "Hanna", mais ses prestations dans "Lovely Bones" et "Byzantium" (j'ai évoqué ce dernier il y a quelques mois) m'ont fait forte impression.
En ce qui concerne "Maintenant c'est ma vie", je n'ai pas accroché, comme tu as pu le lire, mais si tu as l'occasion de le voir, je lirai ton avis avec plaisir, comme toujours.
A bientôt, Martin.
Même pas entendu parler... Faut dire que je suis en retard dans mes lectures Studio !
RépondreSupprimerM'est avis qu'il est assez dispensable, celui-là.
SupprimerMerci de ton passage, Chonchon...
Je me souviens de la critique acerbe de la camarade Tinalakiller. Vraisemblablement tu semble du même avis.
RépondreSupprimerJe viens d'aller lire ce billet, rudement bien fichu, et vachard comme il faut.
SupprimerEn tout cas, ce film peut être évité, on est d'accord.
La miss ne mâche jamais ses mots. ;)
SupprimerEt elle a bien raison. Certains films (suivez mon regard) le méritent.
SupprimerComme le dernier chroniqué. ;)
SupprimerOui, je l'ai lu....et apprécié grandement :)
SupprimerVa falloir arrêter avec cette mode actuelle d'adapter les romans pour ados. Après les "Divergente", "les âmes vagabondes" et autres "nos étoiles contraires", on voit bien que le film n'est là que pour se plier aux exigences d'un public formaté. Triste de voir des réalisateurs comme Andrew Niccol et ici Kevin McDonalds s'essayer, sans conviction, à l'exercice. En même temps, McDonalds, tout petit-fils de Pressburger qu'il est (faut-il rappeler les chefs-d'oeuvre que sont "une question de vie ou de mort", "les chaussons rouges", le narcisse noir" et j'en passe), ne m'a jamais franchement convaincu. J'avais trouvé "le dernier roi d'Ecosse" légèrement outrancier, et par contre totalement calaimteux son "aigle de la neuvième légion".
RépondreSupprimerJ'ai bien peur que le juteux filon du roman puis film pour ados ne soit pas totalement essoré. Formatage, quand tu nous tiens...
SupprimerMerci du passage, Prince !
(bon si tu reçois ce commentaire plusieurs fois, c'est normal, je galère)
RépondreSupprimerJe vois que ma critique a traumatisé Borat. En tout cas, merci tous les deux (je devais défoncer ce film, vu comme je me suis fait chier pratiquement seule dans cette salle). On s'en fout de cette guerre, non on s'attarde sur cette histoire d'amour incestueuse niaise et débile, et Daisy mériterait deux claques !
Voilà qui est dit (et bien dit).
SupprimerMerci pour ton passage (et ton blog, redoutablement efficace).
Merci encore une fois. J'aime également beaucoup ton blog, qui a le mérite de parler de films parfois très méconnus (j'y passe souvent mais j'avais pas compris le système des commentaires - là hier presque minuit, j'ai une illumination - je sais, je suis à la ramasse !).
SupprimerMerci pour tes compliments, qui me font immensément plaisir. Je suis, je l'avoue, fan de ton blog, même si je ne commente pas toujours (n'ayant pas forcément vu les films dont tu y parles).
SupprimerA très bientôt, Miss !