mercredi 28 octobre 2020

Fête de famille (2019)

 

La famille : voilà un thème qui a nourri (et nourrira encore) maintes œuvres. Le cinéma n'est pas épargné et on ne compte plus les films qui traitent des rapports parfois compliqués entre celles et ceux d'un même sang. Cédric Kahn s'est offert un beau casting (et l'un des rôles principaux) pour "Fête de famille", sorti récemment et n'ayant attiré que peu de spectateurs, malgré de bonnes critiques. Regardons dans le rétroviseur, et jetons un œil à ce film.

Pour son anniversaire, Andréa réunit ses trois enfants, leurs compagnes et leurs enfants, dans sa grande maison. Elle aimerait que tout le monde soit heureux, autour d'elle. Quand Claire, sa fille aînée, reparaît, ses valises à la main, après trois ans d'absence, ce qui devait être une fête vire au règlement de comptes. La famille d'Andréa tiendra-t-elle le choc ? Ou explosera-t-elle sous le choc des révélations, des 

Inutile de tourner autour du pot : "Fête de famille" n'est définitivement pas une comédie comme le cinéma français en pond ad nauseam. C'est un film dramatique et ancré dans le réel (même si je doute que le Français moyen puisse ne serait-ce qu'espérer loger dans la très belle maison où vit le personnage de Catherine Deneuve). Autour de la mère aimante, l'axe central de ce film intimiste, gravitent les fortes personnalités des trois enfants, incarnés par Emmanuelle Bercot, magnétique, Vincent Macaigne, encore une fois épatant et Cédric Kahn lui-même. Chacun de ses trois enfants vient avec ses bagages et son parcours, dont on ne peut que deviner ce qu'il fut, et le frottement des trois personnalités est des plus explosifs. Pour autant, on se demande à maintes reprises comment cette famille, si éprouvée par les scènes de colère et ayant sans doute déjà vécu de nombreuses tempêtes, peut encore tenir et comment Andréa et les siens peuvent passer sans transition d'un éclat violent au dessert d'anniversaire. Si vous voulez mon avis, dans le monde réel, pareil clan aurait déjà volé en éclats et la matriarche fêterait seule son anniversaire. 

Cette incongruité mise à part, il faut reconnaître à Cédric Kahn un vrai talent pour mettre en scène les retrouvailles de cette famille résiliente. Evoquant parfois les grandes heures de Claude Sautet (notamment avec son utilisation de la pluie comme élément révélateur), le cinéaste s'attache à ses personnages et à leurs travers, nous empêchant de les aimer totalement, mais nous aidant à les comprendre. Les excès dont il fait preuve à travers eux empêche cependant le spectateur de totalement accepter la proposition. C'est dommage, d'autant plus que l'ensemble est remarquablement interprétée (Catherine Deneuve a rarement été aussi convaincante, ces dernières années). 

Les histoires de famille peuvent parfois verser dans le drame. Celle qui nous est contée là y navigue en quasi-permanence, mais ne s'arrête pas pour autant. Si vous êtes clients d'un cinéma où les personnages souffrent, se relèvent et chutent de plus haut encore, le film de Cédric Kahn pourra vous séduire. Dans les autres cas, cette "Fête de famille", finalement bien peu festive, peut vous rebuter. 






 

vendredi 23 octobre 2020

Deux moi (2019)

De "Poupées russes" en "Auberge espanole", Cédric Klapisch avait un temps délaissé Paris, pourtant sa ville de coeur, où il avait planté sa caméra maintes et maintes fois à ses débuts. En choisissant d'y revenir avec "Deux moi", il n'a pas rencontré le même succès qu'autrefois. L'ultra-moderne solitude au temps des réseaux sociaux était pourtant un thème dans notre époque et, porté par François Civil et Girardot (déjà au générique de "Ce qui nous lie", le précédent opus de Klapisch, "Deux moi" méritait-il cet accueil frileux ?

Sans se connaître, Mélanie et Rémy, tous deux trentenaires, sont quasiment voisins. Ces jeunes Parisiens éloignés de leur famille, vivent seuls, malgré qu'ils soient connectés au monde entier, par la force des applications qui envahissent leur vie. Chacun suit sa route, chacun cherche sa voie, faite de jolis moments et d'épreuves venues du passé. A la fois si loin et si proches, Rémy et Mélanie sauront-ils se trouver et se retrouver eux-mêmes ? Sauront-ils trouver leur chemin, dans la grande ville ?

Par instants, Cédric Klapisch évoque, peut-être malgré lui, ses premières tentatives, notamment lorsque chacun cherche son chat, ou que les deux protagonistes se croisent sans se voir dans une boutique pleine de la vie et de l'optimisme dont étaient remplis les premiers opus de Cédric Klapisch. La patte du réalisateur, qui porte sur ses personnages un regard tendre, est tangible. Dans ce film simple, qui pourrait être défini comme une comédie romantique pas drôle, souvent mélancolique, celui qui nous ravit autrefois avec "Un air de famille" ou "Le péril jeune" se perd parfois à vouloir expliquer les failles et les faiblesses de ses personnages. En greffant sur ce conte urbain deux quêtes personnelles, personnifiés par les analystes qui suivent Rémy et Mélanie, Klapisch épaissit certes son intrigue, mais rend son film plus convenu et passe-partout que ce à quoi on pouvait s'attendre. 

Heureusement, ce conte moderne, qui montre que les rencontres sont avant tout l'affaire d'êtres humains plus que d'applications, dispose de jolis atouts qui l'empêchent d'échouer. Ce sont tout d'abord ses interprètes qui rendent "Deux moi" intéressant et agréable à suivre : François Civil, très prolifique ces derniers temps (même si ses choix ne sont pas toujours heureux) et Ana Girardot, particulièrement émouvante, incarnent avec sensibilité des personnages taillés sur mesure pour eux. Accompagnés par des seconds rôles savoureux (le grand Zinedine Soualem, fidèle du réalisateur, ou Simon Abkarian, en épicier enthousiaste) ou plus convenus (Camille Cottin ou François Berléand, en thérapeutes), les deux héros de cette romance aux temps des réseaux sociaux méritent à eux seuls le visionnage du film. La bande originale, comme souvent avec Cédric Klapisch, est particulièrement soignée et plaisante à l'oreille, tandis que l'esthétique générale du film réussit à rendre Paris particulièrement beau et cinégènique (on est dans la fiction, donc). 

Voilà un joli petit film, qui n'évite pas certains écueils, mais s'avère plutôt en phase avec son époque. Pour qui apprécie le cinéma de Cédric Klapisch, "Deux moi" est évidemment à voir. Pour les autres, il s'agira d'un moment plaisant de cinéma, même s'il ne sera sans doute guère mémorable. 




dimanche 18 octobre 2020

Outsiders (1983)

Sans pouvoir être qualifié d'échec, "Outsiders", sorti dans l'ombre de "Rusty James" du même Francis Ford Coppola, a longtemps été oublié et mal aimé, avant de se voir réhabilité par certains critiques et d'accéder à une vraie reconnaissance. L'ayant découvert il y a peu, je vous propose de lui consacrer ce billet. Après celui dédié à "Tucker", ce sera le second film de l'auteur du "Parrain" (entre autres) traité dans ces colonnes. Adaptant pour l'occasion un roman de T.E. Hinton et se lançant dans ce projet à la demande de jeunes lecteurs l'ayant choisi, Francis Ford Coppola débarqua à Tulsa avec ses "Outsiders", en 1983.

A Tulsa, Oklahoma, deux bandes s'affrontent, entre quolibets, agressions et batailles rangées. D'un côté, les Greasers, nés du mauvais côté de la barrière sociale et reconnaissables à leurs coiffures gominées. De l'autre, les Socs, gosses de riches à qui tout réussit. Quand un Greaser commet l'irréparable et tue un Soc, la vie de Pony Boy Curtis bascule.

Il y a quelque chose de touchant, quand on découvre dans ce film les débuts d'acteurs ayant fait du chemin depuis. Mais le traitement habituel qui consiste à évoquer avec "Rusty James" les jeunes Tom Cruise, Rob Lowe et Patrick Swayze (pour ne nommer qu'eux) est au mieux maladroit, au pire malhonnête. Ceux qui connurent des destins inégaux ne sont ici, que des seconds rôles. S'il est amusant de voir Tom Cruise incarner un loubard plutôt bas de plafond, on peut trouver injuste de se voir présenter "Outsiders" comme la pépinière de talents parfois vendue. Les véritables héros de ce film sont deux jeunes acteurs qui ne connurent pas la même trajectoire que ceux cités plus haut : Thomas Howell et Ralph Macchio (le futur "Karaté Kid") donnent vie avec talent à Pony Boy et Johnny, deux enfants perdus loin de la cité. 

Si la réalisation est parfois inégale, comme si Coppola hésitait ou avait perdu par instants de son énergie, "Outsiders" offre de très belles scènes et une reconstitution des lieux et de l'époque à saluer. Habités par leur rôle (et parce que le réalisateur leur mena la vie dure), les jeunes héros de ce film donnent vie avec une belle conviction aux personnages du roman (culte, de l'autre côté de l'Atlantique) qui l'inspire. On regrettera une version française assez médiocre (mais le fait est que les doublages étaient moins soignés, il y a quelques décennies) et une utilisation de la musique souvent envahissante, comme si aucun silence n'était autorisé. 

Dans la foulée, Francis Ford Coppola tourna, toujours à Tulsa et toujours en s'inspirant des romans de S.E. Hinton, "Rusty James", où l'on retrouva Matt Dillon, entre autres. Guère éloigné d'un film comme "Stand by me", "Outsiders" traite du passage à l'âge adulte et de la perte de l'innocence, dans un univers souvent dur. Ce film ne mérite pas le relatif oubli dans lequel il est tombé et mérite d'être revu, d'abord pour son thème, finalement toujours d'actualité, et aussi parce qu'il s'agit d'une des œuvres les moins connues d'un réalisateur majeur. 




mardi 13 octobre 2020

La séparation (1994)

Christian Vincent, avec son premier film, "La discrète" avait marqué les esprits : inspiré, charmant et élégant, ce long métrage avait mis une grande partie des critiques et du public d'accord. Mais, depuis, ce cinéaste n'a que rarement convaincu et ne rencontra plus l'unanimité. Avec "La séparation", qui voyait Isabelle Huppert donner la réplique à Daniel Auteuil, c'est le versant dramatique de sa filmographie que nous pouvions découvrir. Peu nombreux sont ceux qui se rappellent de ce film : mérite-t-il pour autant cet oubli ?

Anne et Pierre, parents d'un petit Loulou, vivent à Paris. Un soir, au cinéma, Anne refuse de prendre la main de Pierre. Ce geste anodin révèle que quelque chose est cassé dans leur couple. A partir de ce moment, ils vont aller vers la séparation inéluctable. Quand elle annonce à Pierre qu'elle aime un autre homme que lui, il est déjà trop tard et il ne peut qu'assister au naufrage, malgré la colère, malgré la douleur.

Avec un titre pareil et après le résumé que je viens de vous livrer, vous devriez vous douter que "La séparation" est un film dramatique. Les personnages de ce film souffrent et leurs douleurs et leurs tourments nous sont offerts en spectacles. On peut apprécier la démarche, comme il est également possible d'y renâcler. Comparé à certains opus plus récents de Christian Vincent, "La séparation" est bien sombre et dénué de toute légèreté. Cette composante semble uniquement reposer sur le personnage incarné par Jérôme Deschamps, mais ne fait guère le poids face au drame que vivent les deux protagonistes principaux, inéluctable et finalement peu expliqué.  

Le scénario, co-écrit avec le romancier Dan Franck, donne vite l'impression de tourner en rond : le couple formé par les personnages d'Isabelle Huppert et Daniel Auteuil vit un lent naufrage, La désagrégation du couple à l'écran avait sans doute commencé avant le début du film et on assiste, dans "La séparation", à la phase finale du naufrage. Entre résignation et colère, et passant de l'un à l'autre sans raison, l'homme, incarné par un Daniel Auteuil inspiré, peut attirer l'empathie du spectateur, mais aussi agacer. Face à lui, Isabelle Huppert, en femme décidée à quitter le navire, livre également une belle performance. Mais cela ne suffit pas : ce drame ordinaire peine à remplir le film et patine plus souvent qu'à son tour. 

Ce n'est ni la première, ni la dernière fois qu'il faut se réfugier dans la prestation des interprètes d'un film pour lui trouver un peu de charme et d'intérêt. Avec "La séparation", Christian Vincent force -hélas- son spectateur à opter pour ce lot de consolation. 



jeudi 8 octobre 2020

Les éblouis (2019)


Sarah Suco, comédienne remarquée dans "Discount" et "Les invisibles", nous a livré l'an dernier un film en grande partie de son parcours de vie. Dans "Les éblouis", salué par une bonne partie de la critique, elle racontait comment une famille entrait sous l'emprise d'une communauté sectaire, en prenant le point de vue d'une des enfants de cette famille. Sans qu'on puisse le qualifier d'échec (mais étant sorti en même temps que quelques poids lourds du septième art), ce film m'a suffisamment interpellé pour qu'un coup de projecteur soit jeté sur lui. 

Camille est l'aînée des quatre enfants de Christine et de Frédéric. Ces derniers décident un jour d'intégrer une communauté religieuse, parce qu'ils retrouvent en elle leurs valeurs et leurs idées. Peu à peu, eux et leurs enfants vont vivre différemment. Ainsi, Camille va devoir abandonner le cirque où elle s'épanouissait jusque là. 
Eblouis qu'ils sont par la communauté de la Colombe et son chef spirituel, les parents de Camille entrent peu à peu dans un autre monde. Eblouie qu'elle est par l'amour de ses parents, Camille les suit, dubitative et fascinée, aveuglée par la lumière.

Le personnage de Camille, remarquablement interprété par la jeune et très talentueuse Céleste Brunnquell, doit beaucoup à Sarah Suco. Cette dernière a choisi, pour raconter cette histoire qui fut en partie sienne, de se placer à hauteur d'enfant. C'est sans doute le meilleur choix qui soit, car il donne au film une force qu'il n'aurait sans doute pas eu autrement. Le propos de la réalisatrice, validé par son expérience, est magnifié par l'interprétation. Souvent lumineux autant que dramatique, "Les éblouis" est à la fois un grand film et un témoignage émouvant. 

Très tôt, le malaise s'installe, prenant racine dans le quotidien et dans les failles intimes d'une famille comme tant d'autres, dont on se dit qu'elle pourrait nous être voisine. Loin de tout manichéisme, le scénario des "Eblouis", co-signé par Nicolas Silhol (réalisateur de "Corporate") est à la fois juste et touchant, en épargnant de poser un jugement sur cette famille qui s'éblouit, puis s'aveugle. Pour donner vie aux protagonistes de cette histoire qui fait froid dans le dos, parce que proche de nous, la jeune réalisatrice réunit un casting parfait : de la formidable Céleste Brunnquell au génial Jean-Pierre Darroussin glaçant dans le rôle du berger-gourou, en passant par Camille Cottin (qui touche sans doute ici son plus beau rôle) et Eric Caravaca, en mari se laissant dépasser, pour ne citer qu'eux, tous sont irréprochables.

Pour un premier long métrage, Sarah Suco réussit un (presque) sans-faute. En osant se frotter à un sujet qui ne lui était pas étranger, elle trouve le ton juste et la meilleure façon de filmer. Il y a longtemps que le cinéma français ne nous avait donné pareille réussite, sur un sujet plus que risqué. 



samedi 3 octobre 2020

Tucker (1988)

Francis Ford Coppola, l'un des pionniers du Nouvel Hollywood, fut souvent qualifié de "Napoléon du cinéma". Sa filmographie comprend des œuvres majeures, unanimement saluées, autant que des films qui l'amenèrent au bord du gouffre. Parmi ceux-ci, "Tucker", sorti entre "Jardins de pierre" et le troisième volet du "Parrain" était une œuvre lui tenant à cœur, mais qui ne reçut pas le succès espéré.

1948, aux Etats-Unis : Preston Tucker a un rêve : créer une automobile hors du commun, et se faire un nom, malgré la présence écrasante des grands constructeurs (Ford, General Motors et Chrysler). Qu'importe si son projet est déraisonnable, qu'importe qu'il doive affronter le Big Three, il ira jusqu'au bout de son rêve. Pour cela, il doit construire cinquante exemplaires de sa voiture. 


Le projet "Tucker" a toujours été cher au cœur de Coppola, sans doute parce que le père de ce dernier fut parmi les investisseurs qui crurent en Preston Tucker. Après avoir envisagé d'en faire un film musical, le réalisateur de "Apocalypse Now", sous l'impulsion de son ami et co-producteur George Lucas, s'orienta vers un traitement qui célébrait l'homme derrière le projet et, surtout, l'enthousiasme du héros, à la manière de Frank Capra, un temps approché pour participer à la production, d'ailleurs. Cependant, ce qui aurait pu être une célébration de l'optimisme à l'américaine et de l'esprit d'entreprise est aussi l'histoire d'une chute : qui se souvient de la Tucker 48 ?

L'histoire de Preston Tucker est finalement très proche de celle de Coppola, idéaliste se heurtant au mur de la réalité, et connaissant plus souvent qu'à son tour des échecs cuisants. Un traitement optimiste, à la Capra, fut un temps envisagé lors de la pré-production de "Tucker", mais c'est le chemin inverse qui fut finalement choisi. Le rêveur avançant sur des promesses qu'il ne peut pas tenir, affrontant des obstacles qui en décourageraient plus d'un, finira par chuter : la cause est entendue dès le début du film. Pour autant, l'énergie de Preston Tucker, parfaitement interprété par un Jeff Bridges tout sourire, est communicative et on a envie de suivre cet homme et de croire en lui, à l'image d'un Mr Smith au Sénat, même si on sait qu'il se brûlera les ailes.

La reconstitution est remarquable, Coppola ayant fini par boucler le budget nécessaire à l'accomplissement de son rêve (merci à l'ami George, au passage), et la dynamique de "Tucker" est indéniable. Pour autant, malgré l'énergie et la conviction des interprètes, on n'est pas toujours embarqué dans l'aventure de Preston Tucker, notamment quand ses ennemis prennent le visage des hommes de loi et des financiers. Tel son metteur en scène, le héros de cette fresque peine alors à faire bonne figure et on peut être tenté de ne pas le suivre jusqu'au bout, faute de carburant (émotionnel). 

Imparfait mais enthousiaste, "Tucker" est un film où Francis Ford Coppola a sans doute mis beaucoup de lui-même. Considéré cependant par beaucoup comme un film mineur de cet immense cinéaste, il s'agit d'une œuvre qui en dit long sur son créateur, qu'il s'agisse de ses ambitions comme de son talent de conteur.