On peut parfois se demander pourquoi telle ou telle histoire a la faveur des scénaristes et fait l'objet d'innombrables adaptations au grand écran, de bonne ou de moins bonne facture. A l'instar de Jeanne d'Arc ou de Gozilla, le conte de la Belle et la Bête a connu bien des avatars au cinéma, du grand classique réalisé par Jean Cocteau au dessin animé produit par Disney, en passant par la comédie musicale ou la série télévisée (sous deux moutures, d'ailleurs).
Christophe Gans, ancien critique cinéma, qui fit ses premières armes sur grand écran avec "Crying freeman", avant de décrocher la timbale avec "Le pacte des loups", puis (après une longue absence) de revenir au grand écran avec "Silent hill", a porté sa version de "La belle et la bête" pendant trois ans. Interprétées par Léa Seydoux et Vincent Cassel, ni la Belle, ni la Bête en question n'ont déchaîné la foule lors de la sortie de ce film.
En 1810, un riche marchand ruiné suite au naufrage de ses trois navires se retrouve forcé de s'exiler à la campagne avec ses six enfants. La plus jeune (et la plus jolie) de ses filles, Belle, est la seule à se contenter de ce sort. Lors d'une tempête de neige, le marchand trouve asile dans un étrange château. Pour y avoir dérobé une rose, il est condamné à mort par le maître des lieux. La jeune Belle choisit de se sacrifier en lieu et place de son père et se constitue alors prisonnière de la Bête qui règne sur le domaine. Elle va découvrir l'histoire qui conduisit un jeune prince arrogant à être maudit et à devenir le monstre du château...
L'histoire est des plus classiques, tant ce conte de fées a été narré de toutes les manières imaginables. On pouvait attendre de Christophe Gans, grand artisan de la forme cinématographique, qu'il fasse subir à cette fable un sérieux lifting. Et il faut le reconnaître : esthétiquement parlant, le film est une réussite...si l'on passe sur le manque de finition des effets spéciaux. C'est en effet là que le bât blesse. Pratiquement toutes les séquences sont l'objet de trucages numériques, dont on constate bien souvent qu'ils auraient mérité un meilleur traitement. Du coup, nombreux sont les moments où l'on se rend compte de la présence des dits effets, alors que leur première vertu devrait être la discrétion.
Du côté des acteurs, on peut poser le même constat que celui qui prévalait déjà pour "Le pacte des loups" : devant bien souvent réciter des répliques tombant à plat, les interprètes doivent tout miser sur leur présence physique (comme le font les deux acteurs principaux, chacun à leur manière), ou cabotiner à outrance. On notera au passage l'exaspérante Audrey Lamy, à gifler dans le rôle d'une des sœurs de Belle, et qui semble avoir oublié que le monde ne se réduit pas à "Scènes de ménage".
Pourtant, il y a quantité de bonnes choses dans la retranscription du conte faite par Christophe Gans. L'ambiance générale du film n'est pas sans évoquer le formidable "Labyrinthe de Pan" (sans hélas en avoir la profondeur) et le tout a, malgré les défauts évoqués plus haut, une véritable identité visuelle. Cela n'est pas suffisant, bien entendu, pour assurer l'entière réussite de l'entreprise. Cependant, pour celles et ceux qui cherchent un peu d'enchantement et souhaitent saluer l'ambition du réalisateur, le film peut valoir le détour. Les spectateurs plus exigeants passeront sans doute leur chemin...
Il me tente vraiment pas ce film. Je ne suis d'ailleurs pas un grand fan du cinéma de Gans, hormis Silent Hill. Le Pacte Des Loups m'avait d'ailleurs laissé de marbre.
RépondreSupprimerJ'avais eu un peu la même impression avec "Le pacte des loups", qui était cependant à mon sens un cran en dessus : un matériau d'origine riche, mais que Gans a du mal à exploiter à fond.
SupprimerJe ne vois pas ce qu'il fait ici car s'il n'a pas fait un carton (grosse concurrence oblige avec des productions françaises en apparence plus attrayantes comme Les trois frères ou Supercondriaque), mais il a fait son job et a gravit les échelons petit à petit. Il a mieux tenu sur la longueur que Les trois frères qui a fait le bourrin en première semaine avant de se ratatiner la gueule une semaine après. De plus, il s'est semble-t-il bien vendu en Europe.
RépondreSupprimerPour le reste, même s'il a ses défauts, le film se regarde bien, est divertissant, les costumes sont très beaux et est visuellement intéressant. Cela fait plaisir de voir une production française qui se donne les moyens de son ambition et on voit le budget malgré quelques particularités. Par exemple je n'ai pas trouvé la Bête grandiose. C'est fait correctement mais je trouve que la tête de la Bête est monoexpressive. Quant aux acteurs, bah Léa Seydoux fait pas grand chose pour rendre attachante son héroïne, on devine dès le début que c'est elle qui raconte l'histoire donc on sait comment ça va finir.
J'ai hésité avant de consacrer un billet à ce film. A en croire les chiffres dont je dispose, il n'a pas atteint son seuil de rentabilité lors de sa sortie en salles (tous pays confondus) et n'a donc pas remboursé son budget initial (33 millions d'euros). Je pense que sa sortie vidéo, puis ses télédiffusions feront le reste... toujours est-il qu'il est arrivé en deça de ce qu'espéraient ses producteurs.
SupprimerJe ne pense pas (d'autant qu'il a coûté très cher) mais il s'en sort bien surtout pour un film de genre. Au vue du pognon dedans, tu peux parier sur une diffusion sur TF1 d'ici un ou deux ans. Ensuite comme je le disais il y avait une grosse concurrence avec trois grosses productions françaises à savoir ce film, Les trois frères et Supercondriaque. Au final le troisième a gagné capitalisant sur les vacances mais il n'y a pas de quoi se vanter quand tu vois le résultat.
SupprimerPerso, je me suis ennuyé devant ce film inégal par un Christophe Gans généreux mais qui a trouvé voulu en mettre plein la vue (son film le plus mineur).
RépondreSupprimerLa forme l'emporte sur le fond, c'est dommage. La phase où la Belle et la Bête s'apprivoisent, par exemple, aurait mérité plus de développement...
SupprimerJe suis globalement d'accord, principalement sur les défauts, moins sur les qualités. J'ai du mal à rapporcher le film du "labyrinthe de Pan" tant la différence artistique entre les deux films est immense, tout comme l'ambition affichée dans les deux récits (chez Guillermo Del Toro, le conte est un cauchemar qui sert de refuge contaminé par la réalité). J'aime beaucoup Gans quand il parle de ses films (depuis que je l'ai entendu à la radio raconter le tournage du "Pacte des loups" j'ai envie de me le remater), moins quand je les vois.
RépondreSupprimerPeut-être qu'en contaminant, comme tu dis, la "réalité" avec le rêve, Christophe Gans aurait gagné en profondeur, sur ce film. Là, les deux dimensions n'ont pas de réelle interférence...
SupprimerCela dit, c'est un homme de cinéma, et quelqu'un de passionnant, on est d'accord.
Malgré les critiques, c'est un film que je serai ravie de voir, car j'adore les contes de fées et il semble que, visuellement, d'après ce que vous dîtes tous, c'est réussi. Le problème, c'est Léa Seydoux... je ne la trouve pas bonne actrice, je pense qu'elle va me gâcher le plaisir !
RépondreSupprimerRéussi visuellement parlant, à condition de ne pas regarder les effets spéciaux de trop près, cependant.
SupprimerQuant à Léa Seydoux, j'avoue m'être posé des questions en la voyant dans le premier rôle, sachant que Jérôme Seydoux (son grand-père) est à la production...