dimanche 31 mai 2020

Week-ends (2014)


Le cinéma, usant parfois de gros moyens, peut être un grand spectacle, comme il sait parfois se pencher sur quelques petits morceaux de vie ordinaire. Avec "Week-ends", sorti en catimini, Anne Villacèque, réalisatrice de "Riviera", s'était attachée à décrire deux couples amis, en proie aux turbulences sentimentales. Hélas pour ce film, ils furent peu nombreux à aller voir ce film, pourtant encensé par pas mal de critiques. Qui eut tort, qui eut raison ?

Ce qui devait être un énième week-end à la campagne tombe à l'eau, pour Christine. Son mari, Jean, la quitte et ceux qui sont ses amis depuis toujours, Sylvette et Ulrich, s'éloignent d'elle. Leurs maisons de campagne normandes étant voisines, les uns et les autres, il leur est difficile de s'éviter et forcément, les rencontres sont inévitables. 
Rien ne va plus pour Christine, ni les amis, ni les amours. A moins qu'elle ne se trompe...

Voilà ce que certains qualifieront de "petit film", par son budget et aussi son intrigue. D'autres plus taquins, moqueront les "bobos" dont il est question ici, et leurs pseudo-problèmes. On peut facilement adhérer à cette position et le film fait d'ailleurs tout pour qu'on lui trouve des poux dans la tête. Abordant les thèmes universels de l'amour et de l'amitié avec réalisme, "Week-ends" se veut être une comédie dramatique. Cette catégorie, en plus d'être antinomique, est souvent synonyme de fourre-tout, et s'y échouent nombre de films n'ayant pas trouvé leur ton.

En plus de ne trop savoir sur quel pied faire danser son spectateur, "Week-ends" a également une forte tendance à tourner en rond, comme ses protagonistes qui, partant en promenade, reviennent toujours dans leur très chère demeure, sans que rien n'ait changé. C'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose, dans "Week-ends", au point qu'on y trouve parfois le temps long, bien que le film ne le soit pas autant qu'il le paraisse.

Le quatuor d'acteurs en "Week-ends", Karin Viard en tête, semble lui aussi tourner en rond et on a du mal à ressentir de la sympathie pour ces personnages enfermés dans leur confort et leurs habitudes. A eux quatre, ils ne parviennent pas à tirer le spectateur de l'ennui. C'est d'autant plus regrettable que ce genre de films a pu donner, par le passé, lieu à de belles prestations et de jolis films.

Un week-end à la campagne, c'est souvent synonyme d'un autre rythme, mais pas forcément d'ennui et de repli sur soi. Enfermant très vite ses personnages sous cloche et se contentant de les regarder, "Week-ends" manque de relief et perd vite en intérêt.


mardi 26 mai 2020

Pop Redemption (2012)


La musique metal, si elle a gagné en visibilité auprès du grand public, n'est pas encore très connue. C'est pourtant cette culture qui sert de prétexte à la comédie "Pop redemption" (on peut s'interroger sur la pertinence et la signification réelle du titre, au passage), réalisée par Martin Le Gall. Ce premier long métrage n'a cependant pas reçu le succès attendu. Alors, cette contre-performance, comme on dit pudiquement, était-elle à prévoir ?

Depuis qu'ils sont adolescents, les Dead MaKabés font de la musique ensemble, et plus exactement du black metal, consacrant chaque été à leur tournée annuelle (des passages dans de petits festivals). Mais, avec l'âge, certains des membres du groupe aimeraient reposer les instruments et passer à une vie "normale". Alex, le chanteur (et le plus acharné à continuer) réussit cependant à convaincre ses amis de donner un dernier concert au Hellfest. Le voyage qui s'annonce ne sera pas de tout repos...

Le procédé est classique, en comédie : prendre un groupe de personnages contrastés et les confronter à l'inattendu, pour révéler leurs différences et points de contradictions, afin de mieux mettre en évidence ce qui les unit. Martin Le Gall a bien révisé ses classiques et choisit, dans "Pop redemption", de pousser les curseurs au maximum. En plus d'avoir une attitude "hors normes", nos héros se retrouvent poursuivis par la police et contraints de se faire passer pour un groupe de flower pop (leur exact opposé, musicalement parlant). 

Ce qui, sur le papier, pouvait fonctionner (et fonctionna d'ailleurs bien des fois) ne se concrétise pas à l'écran, hélas. On peut imputer ce ratage à plusieurs facteurs : des personnages, finalement peu attachants, alors qu'il est souhaitable que les spectateurs puissent éprouver un minimum d'empathie pour ceux qui vont faire vivre le film, un univers plutôt mal exploité et tenant plus de la caricature que d'une description fondée et, surtout, un scénario ni consistant ni drôle. Pour ce qui se voulait un road-trip comique, c'est plutôt fâcheux, mais les faits sont là : on ne rit presque jamais aux péripéties que subissent les quatre Dead MaKabés. 

Au contraire, c'est souvent un sentiment de gêne vis-à-vis des acteurs qu'on ressent : Grégory Gadebois, d'ordinaire si convaincant, semble sans arrêt se demander ce qu'il fait là, tandis que Julien Doré, surjouant en permanence, prouve qu'il n'est décidément pas fait pour jouer la comédie. A leurs côtés, Jonathan Cohen et Yacine Belhousse font ce qu'ils peuvent mais sans vraiment convaincre. Et ce n'est pas la présence de guests comme Alexandre Astier ou Audrey Fleurot qui peut sauver le film.

Allier musique et comédie est possible : le vénérable "The Blues Brothers" l'a fait de fort belle manière et semble rester un indétrônable standard, en la matière. Quant au black metal, ce n'est pas encore pour cette fois qu'il sera mis à l'honneur sur grand écran.



jeudi 21 mai 2020

La rançon de la gloire (2013)


L'immense Charlie Chaplin s'en est allé, le jour de Noël 1977. On sait moins que son cercueil fut volé et qu'il fit l'objet d'une demande de rançon. Xavier Beauvois, plus habitué aux drames, a choisi de faire un film de cette histoire sordide. Ce qui se voulait a priori une comédie, voire un film burlesque, n'a finalement pas reçu l'accueil escompté. Pourtant, avec en tête d'affiche Roschdy Zem et Benoît Poelvoorde, on aurait pu croire que le réalisateur de "Des hommes et des dieux" allait rencontrer de nouveau le succès. Voici l'heure de la séance de rattrapage pour "La rançon de la gloire".

1977 : Alors qu'il recueille chez lui son ami Eddy, tout juste sorti de prison, Osman, dont la femme est hospitalisée, vit tant bien que mal dans un mobil-home. Sous les yeux de la jeune fille d'Osman, les deux hommes vont mettre sur pied une combine audacieuse. Non loin de chez eux, le grand Charlie Chaplin vient de mourir et Eddy a eu une idée : s'ils enlevaient le cercueil du grand Charlot et demandaient une rançon ?
D'abord réticent, Osman, devant régler les soins de son épouse, cède. Voilà nos deux lascars embarqués dans une sale histoire.

Méconnus, les faits autour de l'enlèvement de la dépouille de Charlie Chaplin sont cependant avérés. Durant quelques mois, le plus grand acteur comique du vingtième siècle vit son dernier repos profané et résida sous la terre d'un champ de maïs. Pour sordide qu'elle soit, l'histoire subit avec "La rançon de la gloire", un traitement l'entraînant vers le territoire du burlesque. Au visionnage du film, on peut constater que le choix n'est pas des plus judicieux. Les mésaventures des deux complices donnent plus souvent lieu à des scènes dramatiques que cocasses et on ne sourit guère à leurs démêlés avec la vie. 

En prenant le temps d'exposer les conditions d'existence d'Osman et Eddy, Xavier Beauvois présente également le terrain sur lequel a germé l'idée et la motivation de l'acte sordide commis par les deux hommes. Expliquant (en partie) sans excuser leur geste, le réalisateur tâche cependant de nous les rendre attachants, lors de scènes parfois réussies, mais n'ayant plus grand chose à voir avec la réalité. Pour tirée de faits réels qu'elle soit, l'histoire a fait l'objet de quelques aménagements de la part de Xavier Beauvois, essentiellement afin de lui donner plus de corps. La question reste posée : était-il bien utile et nécessaire de consacrer un film à cette histoire ?


Les deux bras cassés qui se lancent dans un méfait qui les dépasse sont interprétés par Roshdy Zem et Benoît Poelvoorde. Leur duo inédit fonctionne, jusqu'à un certain point, puisqu'une fois établi le rapport de force entre eux, plus rien ne viendra le modifier. C'est surtout la jolie prestation de la jeune Séli Gmach qu'on retiendra, épatante dans le rôle de la fille d'Osman, observatrice du drame qui se joue sous ses yeux. Les personnages interprétés par Chiara Mastroianni et Peter Coyote apportent du piquant au film dans sa dernière partie, sans cependant réussir à le sauver tout à fait.

Était-il bien nécessaire de consacrer un film à cette affaire sordide (je me répète) ? On peut se poser la question, tant l'actualité (récente ou non) regorge d'histoires de losers pathétiques. Quant à en faire une comédie, sans doute en hommage à l'immense Charlot, le fait est que la réussite est loin d'être au rendez-vous.  




samedi 16 mai 2020

Five (2016)


Il n'aura échappé à aucun des lecteurs de ce blog que j'apprécie tout particulièrement les films célébrant l'amitié. Mais, dans ce registre, les déceptions sont nombreuses. Encore récemment, "Parenthèse" ou "Amitiés Sincères" sont allés rejoindre d'autres films au rayon de ces films parlant d'amitiés avec des personnages dont on n'aimerait guère être ami. C'est dans cette catégorie que, pour son premier long métrage, Igor Gotesman nous proposa "Five", l'histoire de cinq amis d'enfance confrontés à des péripéties inattendues. Le succès ne fut pas au rendez-vous, cette fois encore. 

Ils se connaissent et s'aiment depuis toujours : Julia, Vadim, Nestor, Timothée et Samuel vont enfin pouvoir vivre ensemble, dans une colocation qu'ils espèrent depuis toujours. Seulement voilà : après une violente dispute avec son père, Samuel se voit couper les vivres et, pour payer le loyer, dont il assure la plus grosse partie, se rabat vers le trafic d'herbe. Naturellement, on ne s'improvise pas dealer et les ennuis s'accumulent. Heureusement, Samuel peut compter sur ses amis... ou pas !

Encore une fois, l'affiche fut trompeuse. Si "Five" semble célébrer l'amitié, celle-ci, bien que présente dans le film, n'est qu'en arrière-plan et n'est pas le moteur essentiel du film. Ce dernier, on s'en rend vite compte, est une comédie et, ce qui fera frissonner pas mal d'entre vous, une comédie française, pour être exact. Sans doute Igor Gotesman, réalisateur, scénariste et acteur sur ce film, a-t-il conscience des défauts inhérents à ce genre moribond : il s'affranchit très vite des standards hexagonaux du genre et opte pour un ton étrange, quelque part entre Klapisch et Apatow. Les thèmes sérieux qu'aurait pu explorer "Five" sont traités par l'humour, souvent au ras des pâquerettes, quand il n'est pas sous la ceinture. 

Ce "Five" est donc un curieux film bicéphale, dont la tête principale, celle appréciant l'humour gras, l'emporte souvent sur celle, plus contemplative et mélancolique, qui poserait un regard sur la jeunesse d'aujourd'hui. Cette dernière part de l'histoire, et sans doute celle qui aurait été la plus intéressante, est cependant phagocytée par les gags souvent de niveau pipi-caca que nous inflige Gotesman. On peut s'interroger sur la présence d'acteurs qui nous avaient habitués à mieux, de Pierre Niney à François Civil, en passant par Pascal Demolon ou Fanny Ardant. 

Enlevez toutes les séquence à la Apatow, qui copient leur modèle d'outre-Atlantique en pire, et le film devient tout à fait acceptable. Le problème est, qu'une fois toutes ces scories grasses ôtées, il ne doit rester que la durée d'un court métrage. 

lundi 11 mai 2020

Black Sea (2014)

 


Curieuse carrière que celle de Kevin Mc Donald : ce réalisateur, célébré et ayant récolté un joli succès avec "Le dernier roi d'Ecosse", a ensuite enchaîné des films moins bien reçus (de "L'aigle de la neuvième légion" au très moyen "Maintenant c'est ma vie"). Son dernier long métrage, bien que porté par Jude Law, "Black Sea" n'eut même pas droit à une sortie en salles. Retournant à ses premières amours, à savoir le documentaire, Kevin Mc Donald est-il perdu pour la fiction ? Et ce "Black Sea" méritait-il son triste sort ?

Alors qu'il vient d'être licencié par la compagnie qui l'employait, le Capitaine Robinson est embauché par un intermédiaire pour une mission inattendue. Dans les profondeurs de la Mer Noire, entre les eaux russes et celles de Crimée, se trouve l'épave d'un sous-marin rempli d'or, objet de tractations entre l'Allemagne nazie et l'U.R.S.S.,  au début de la Deuxième Guerre Mondiale. Après avoir réuni une équipe capable de se rendre sur les lieux, Robinson va vite se rendre compte que c'est la mission la plus difficile de sa vie. 

Sur le papier, en se contentant du pitch de base, on pouvait penser que "Black Sea" n'était pas une mauvaise idée. Une histoire chasse au trésor, prenant ses racines dans l'histoire tragique du vingtième siècle, pourquoi pas ? Le fait est que, dans son prologue, "Black Sea" prend même un bon départ, ancrant son personnage principal dans un contexte social fort. Pour inédit qu'il soit, le mélange entre cinéma social et film d'aventures est un angle d'approche intéressant, que Mc Donald s'empresse (hélas) de laisser tomber pour céder aux facilités du genre. 

En effet, dès les jalons posés, le réalisateur embarque son héros (Jude Law, sans doute le meilleur atout du film, dans un rôle de vieux loup de mer) dans les étapes habituelles du film d'aventures à l'ancienne. Ainsi, l'équipage réuni autour du Capitaine Robinson comporte son lot de durs à cuire et de clichés virils, tandis que toute cette équipe devra faire face aux aléas classiques du film dit "de sous-marin". Sous l'eau, tout est plus compliqué et "Black Sea" ne déroge pas à la règle : son intrigue se déroule laborieusement et doit utiliser les retournements les plus outranciers pour maintenir la tension.

Avec son casting exclusivement viril, Jude Law en tête, "Black Sea" étale un panorama de personnages masculins dignes des pires clichés du cinéma d'aventure. Du psychopathe qu'aucune personne sensée ne laisserait entrer dans un espace clos au futur père (qui permet au Capitaine d'assumer son rôle paternel, au passage), rien ne nous est épargné. Si les prestations des interprètes sont sans défaut, elles ne servent finalement pas le film, le scénario s'étant chargé de le torpiller, à coups de personnages caricaturaux et d'invraisemblances factuelles.

Est-ce à force de mauvais choix, ou en toute sincérité que Kevin Mc Donald saborda ainsi sa carrière pourtant prometteuse de cinéaste ? Toujours est-il que ce "Black Sea" est appelé à couler, corps et bien. A moins d'être particulièrement indulgent, on le laissera par le fond. 


mercredi 6 mai 2020

Parenthèse (2016)


Ce doit être un signe des temps : le film "de potes" est un genre vers lequel je me tourne volontiers, ces derniers jours (précisons que ce billet fut rédigé lors du confinement). Parce que l'amitié est une valeur importante, souvent un pilier sur lequel on peut s'appuyer sans crainte, la voir évoquée au cinéma est rassurant. Avec "Parenthèse", Bernard Tanguy réalisait son premier long métrage. Malgré un accueil critique contrasté et une audience maigrichonnes, ce film pouvait-il être porteur d'un peu de chaleur humaine ?

A l'approche de la cinquantaine et alors que nombre de voyants sont au rouge, dans sa vie, Raphaël décide de s'offrir un voilier et de partir quelques jours avec ses deux meilleurs amis, Patrick et Alain.  C'est sans compter son inexpérience en matière de navigation et les rencontres qui les attendent : trois jeunes femmes vont venir secouer ces hommes, plus tout à fait jeunes, pas encore vieux. 
Ce qui ne devait être qu'une parenthèse va prendre un tour inattendu.

Drôle de film que ce "Parenthèse", porté à bout de bras par son réalisateur, qui en fit un court-métrage pour le vendre aux producteurs, mena une campagne de foulancement pour boucler son budget et finit par essuyer un échec public. Assemblage hétéroclite de comédie à la française et de drame sur le temps qui passe, "Parenthèse" est finalement difficile à ranger dans une case. Tel le voilier des protagonistes, il part à la dérive et finit par s'échouer entre deux eaux. On comprend, au visionnage, qu'il n'ait pas plu à nombre de critiques, qui lui réservèrent parfois une volée de bois vert. Cependant, on perçoit de temps à autre, de vraies fulgurances, comme autant de portes que le scénario ouvre sur des pistes intéressantes, mais qu'il referme aussitôt, sans doute par peur de s'y aventurer. 

Comme s'il s'évertuait à saboter toute les bonnes intentions du scénario, le réalisateur juge bon de ponctuer les scènes d'éléments pseudocomiques, tombant souvent à plat. Il faut alors se réfugier dans le numéro que font, chacun leur tour, les trois acteurs principaux, composant chacun une facette du quinquagénaire-type. A ce jeu, Vincent Winterhalter, Gilles Gaston-Dreyfus et Eric Viellard ne s'en sortent pas trop mal, même s'ils sont parfois en roue libre. Soulignons enfin un dernier point positif pour ce film : la bande originale, signée par le groupe Stupeflip, est particulièrement réussie. 

Au final, "Parenthèse", s'il n'est pas la catastrophe annoncée par certains critiques, ne réussit cependant pas à tenir la distance. Bien souvent, il met un pied sur un chemin intéressant et change finalement d'orientation, par facilité ou paresse. Le voilier des héros, de peur d'affronter les flots, n'échappe finalement pas au naufrage, comme s'il figurait l'ambition du film.




vendredi 1 mai 2020

Hibou (2016)

 

Le duo formé par Eric et Ramzy se sépare de temps à autre, et chacun expérimente de son côté. Ainsi, on a vu Eric Judor au petit et au grand écran, souvent surprenant (je songe notamment à "Problemos"), de même que Ramzy Bedia s'offrait quelques jolis rôles (récemment dans "La lutte des classes", par exemple). Ce dernier est passé derrière la caméra pour la première fois avec "Hibou", un curieux film dont l'idée lui est venue en contant une histoire à sa fille, paraît-il. Confidentielle lors de sa sortie, l'audience de "Hibou" aurait-elle mérité d'être plus ample ?

Rocky est invisible, ou presque. Que ce soit à l'arrêt de bus ou à son travail, personne ne semble se rendre compte de sa présence. Un soir, en rentrant chez lui, il découvre un hibou grand-duc, perché dans son salon. Passée la surprise, il comprend qu'il doit changer et c'est revêtu d'un costume de hibou qu'il reprend sa vie. Là non plus, cela n'émeut personne. 
Quand Rocky, en hibou, rencontre une jolie panda, sa vie change enfin...

Curieux objet que cette fable, pourra-t-on penser en visionnant "Hibou". A l'instar de son compère Eric Judor, Ramzy Bédia ne cesse de nous étonner et entreprend cette fois une démarche que tout le monde ne suivra pas forcément. Composé de peu, ce film sur un homme (trop) discret qui apprend à vivre derrière un masque (ou plus exactement dans un costume de déguisement) est sans doute à placer quelque part entre les films de Michel Gondry et ceux de Quentin Dupieux. Ce conte sur la gentillesse et le regard porté sur les autres et par les autres est en dehors du temps, sans doute, mais son optimisme est salutaire. 

Portant de bout en bout son film, Ramzy Bedia réussit, sous sa peau de hibou, à émouvoir et à entraîner le spectateur dans son drôle d'univers un peu barré, un peu naïf, mais finalement très touchant. Face à lui, dans la peau de la femme sous le panda, Elodie Bouchez surprendra ceux qui ne l'attendaient pas dans ce registre. On notera également la présence de quelques seconds rôles savoureux (qu'il s'agisse de Philippe Katerine, de Guy Marchand ou d'Eric Judor, répondant évidemment présent). Acceptant d'entrer dans l'univers de bric et de broc de "Hibou", ils donnent vie à cette fable bienveillante (que les esprits chagrins qualifieront de naïve, sans doute).

Suivre Ramzy dans cette fantaisie douce-amère est un choix à faire (ou pas). Mais la sincérité du réalisateur-scénariste-acteur est touchante et incite forcément à regarder ce film avec indulgence et bienveillance. Coucou, hibou !