samedi 4 mars 2017

La bataille de Passchendaele (2008)


On pourrait se demander si la Première Guerre Mondiale est moins cinégénique que la Seconde, tant le nombre de longs métrages qui lui sont consacrés peut paraître maigre, même si on dénombre quelques chefs d'oeuvre parmi ceux-ci. Les millions d'hommes massacrés dans la boue des tranchées méritent cependant qu'on leur rende hommage et c'est pourquoi je me suis penché sur le sort de "La bataille de Passchendaele", qui évoque le sort des soldats canadiens engagés sur le front et qui payèrent un lourd tribut. Réalisé, scénarisé et joué par Paul Gross, star de la télévision canadienne, ce film n'est cependant pas sorti dans les salles hexagonales.

1917 : le sergent Michael Dunne survit tant bien que mal à la bataille de Vimy, où il a rencontré Sarah, une jolie infirmière canadienne venue de Calgary. Renvoyé chez lui pour cause de neurasthénie, il y retrouver Sarah, dont le jeune frère, pourtant exempté, s'enrôle et part pour le front, parce que son futur beau-père ne veut pas d'un lâche comme gendre. Michael décide de repartir au front, afin de garder un oeil sur le frère de celle qu'il aime.

A en croire Paul Gross (qui aime visiblement se filmer lui-même, tant il est présent à l'écran), la nécessité de raconter cette histoire lui provint de ce que son grand-père lui avait raconté sur la terrible bataille de Passchendale. Au visionnage des scènes restituant ces instants tragiques, on ne peut qu'être d'accord et évoquer un certain devoir de mémoire. L'inconvénient est que la bataille en question n'occupe qu'un tiers (qui plus est, le dernier) de ce long métrage, le reste du temps étant consacré aux atermoiements des personnages et à la romance compliquée s'installant entre Dunne et Sarah. C'est un fâcheux déséquilibre, qui nuit à la portée du film.

Ce découpage est regrettable, car malgré un manque de moyens techniques évident, il émane de ce film une évidente sincérité, hélas contre-balancée par la maladresse du réalisateur. De temps à autre, quelques éclats d'efficacité, souvent graphiques, viennent illuminer l'oeuvre, mais sont vite noyés dans un excès, soit de démonstration, soit de mélodrame. La bonne volonté des interprètes ne suffit hélas pas à compenser l'ennui généré par le sirupeux mélodrame où leurs personnages sont englués. 

Dommage que la première partie (ou, plus exactement, les deux premiers tiers) engluent le film dans le mélodrame et pointent les conséquences sociales et sentimentales de la guerre, pour exposer celle-ci brutalement dans le dernier tiers. Les bonnes intentions annoncées ne sont pas toutes concrétisées : on aurait aimé que le devoir (de mémoire) rendu par Paul Gross n'ait pas été gâché par son traitement hors-sujet, l'empêchant d'obtenir une note honorable.





4 commentaires:

  1. Je me permets d'abord de modérer le propos énoncé en exergue concernant le nombre de films consacrés au premier conflit mondial. Sur mon précédent site, je m'étais amusé justement à recenser les métrages traitant du sujet de près ou de loin, toute époque et toutes nationalités confondues, et la quantité, si elle n'égale évidemment pas celle des films dédiés à la Deuxième Guerre Mondiale, est loin d'être négligeable. liste consultable (pour combien de temps encore ?) au bout de ce lien : http://princecranoir.mabulle.com/index.php/2008/10/25/162457-prnsentation
    Il est vrai par contre que la plupart passent comme celui-ci dans un relatif anonymat, même en cette période de commémoration du centenaire.
    Il faut dire que, comme tu l'as très bien décrit plus haut, "la bataille de Passhendaele", haut fait d'arme de l'armée canadienne sur le front belge, n'est pas franchement une réussite cinématographique. Excès de sentimentalisme embourbé dans une symbolique lourdaude à souhait, il partage entre autres points communs, la même "subtilité" que le récent film de Mel Gibson. Avis aux amateurs.

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    1. Merci, Prince, pour cette liste (il me manque un paquet de visionnages !). Quant à ce film, je l'ai trouvé bien moins efficace que le dernier Gibson (mais aussi "subtil", on est d'accord).

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  2. Je n'ai pas aimé non plus, lent, mou du genou.

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    1. C'est dommage, les soldats tombés à Passchendaele méritaient mieux.

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