Evoquer le deuil, au travers d'un film, doit être fait de la façon la plus fine qui soit. S'il est un territoire miné, parce que très sensible, c'est bien celui-là. La faute de goût qu'on peut pardonner sur certains thèmes est ici rédhibitoire. Toujours pas sorti dans les salles hexagonales (mais disponible en vidéo), "Tumbledown" abordait ce sujet, en y injectant de la romance. A première vue, il avait l'air d'un de ces films indépendants américains, de ceux qui sont souvent de bonnes surprises. Allait-il tenir ses promesses ?
Veuve d'un chanteur folk à la courte mais marquante carrière, Hannah vit loin de tout, dans une maison perdue au fin fond du Maine. Quand elle voit débarquer Andrew McCabe, un professeur de littérature qui s'est mis en tête d'écrire une biographie de son défunt mari, elle est loin d'être acquise au projet. Elle n'a pas fait son deuil, selon la formule consacrée, et veille férocement sur la mémoire de son mari. Andrew va tenter d'apprivoiser Hannah, quitte à remuer le passé et ses douleurs enfouies...
La richesse de "Tumbledown" réside principalement dans ses personnages, et plus exactement ses deux personnages principaux. Ce n'est pas dans sa réalisation (classique et discrète), ni dans son scénario (très prévisible) qu'on y sera surpris(e). Plantant son intrigue, où la romance percute le travail de deuil, dans une petite bourgade du Maine, Sean Mewshaw, dont c'est le premier long métrage, n'échoue ni ne réussit.
Il y a plein de choses qu'on peut apprécier dans "Tumbledown", comme la présence de la musique (forcément, au vu du pitch) et l'atmosphère générale du film, en grande partie due à son décor. Il y a en a (hélas) pas mal qui auraient été dispensables, dont les touches comiques, pas forcément à leur place dans l'histoire. Et il y en a beaucoup qu'on aurait voulu aimer plus : s'il avait creusé plus profondément dans ses personnages et leurs sentiments profonds, je suis persuadé que Sean Mewshaw aurait provoqué l'émotion qui est souvent aux abonnés absents (ou alors, j'ai un cœur de pierre).
La faute en revient peut-être aux interprètes, allez savoir. Jason Sudeikis, pas franchement crédible en professeur venu de New York, joue trop souvent sur la partition comique et provocante du personnage. De son côté, la charmante Rebecca Hall, plus convaincante que son partenaire masculin, peine cependant à faire croire au deuil qui accable Hannah.
On a du mal à classer ce film dans le registre de la comédie romantique, tant le deuil y est exploité. Mais ce n'est pas non plus un drame, parce que les personnages ne semblent pas y souffrir. Ce film aurait sans doute pu être meilleur, c'est clair, mais il aurait aussi pu être bien pire.
Il n'est pas inoubliable, mais n'en est pas pour autant honteux.
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