mercredi 5 août 2020

Narco (2004)


La narcolepsie, maladie des plus handicapantes, est mal connue et est souvent l'objet d'idées préconçues. Je ne suis pas sûr qu'en en faisant le sujet principal de "Narco", Gilles Lellouche et Tristan Arouet, pour leur premier film, ait fait un choix judicieux. Avec son affiche promettant des personnages typés, il était cependant difficile de préjuger du contenu et de la qualité de ce film. Le meilleur moyen d'en avoir le cœur net reste de le visionner.

Gustave Klopp est narcoleptique : il s'endort brusquement, n'importe où et n'importe quand. Inutile de dire que cette affection l'handicape, surtout lorsqu'il s'agit de garder un métier. Mais, dans ses rêves, Gus vit dans un monde fantastique, où il est un héros. Au réveil, il met ses rêves en images et espère devenir dessinateur de BD. Son épouse Pamela et son meilleur ami, Lenny, qui ne jure que par le karaté et Jean-Claude Van Damme, finissent par le convaincre : Gus entame une thérapie. Mais son talent attire les convoitises. 

A lire le résumé de "Narco", on peut se demander s'il ne s'agit pas, encore une fois, d'un film qui, partant d'une idée a priori exploitable, ne sait comment l'exploiter et part dans tous les sens. Au visionnage, la réponse à cette interrogation est claire : c'est effectivement le cas. "Narco", avec sa réalisation souvent tapageuse, son esthétique très marquée, ses punchlines qui se veulent claquantes et ses personnages caricaturaux, oublie d'avoir un scénario digne de ce nom. Il ne suffit pas d'une idée de base et de quelques dialogues piquants pour faire un film, de la même façon qu'une sauce ne suffit pas à faire un plat. Rapidement, les répliques sonnent trop creux, calibrées qu'elles sont pour faire mouche. Plus vite encore, on se lasse des personnages excessifs qui y défilent, sans qu'on n'ait jamais d'empathie pour eux. Et ce n'est pas la mise en scène, revendiquant souvent un rythme et un découpage rappelant la bande dessinée, qui peut sauver l'édifice. 

Dans un premier temps, pourtant, on se surprend à espérer un peu de fraîcheur et d'originalité. Le héros, ses rêves et son sérieux handicap y sont présentés avec suffisamment de culot pour qu'une bonne surprise soit envisageable. Hélas, de cette promesse initiale, rien ne sort d'original. Dans sa deuxième partie, "Narco" accuse un sévère creux, et s'essouffle sans jamais pouvoir relancer l'histoire que le film était censé nous conter. La machine patine, et ne redémarre jamais, hélas. 

Côté casting, le bilan est là aussi plus que mitigé. Allergiques à Guillaume Canet (il y en a),  passez votre chemin. De même, on regrettera que le rôle de Pamela ait été attribué à Zabou Breitman, qui n'y est jamais crédible. Benoît Poelvoorde est, par contre, plus convaincant et on a plaisir à revoir, le temps de quelques scènes, Jean-Pierre Cassel, hélas pas gâté par le rôle qui lui est attribué.

Avoir du culot et de l'ambition, c'est forcément louable, en matière de cinéma (comme en d'autres, d'ailleurs). Mais, pour que le résultat fonctionne, il faut en faire quelque chose : en l'occurrence, "Narco" aurait sans doute été une réussite s'il avait été doté d'un scénario solide, au lieu de n'être qu'une succession de scènes souvent bâties sur l’esbroufe. 






4 commentaires:

  1. J'ai beaucoup de sympathie pour ce film. Pourtant je ne suis pas vraiment porté sur les comédies françaises ! Y'a quand même une volonté de sortir un peu de lot, y compris niveau mise en scène. Quand on voit l'absence d'ambition visuelle dans la plupart des comédies hexagonales...

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    1. J'ai été moins enthousiaste que toi, comme tu as pu le lire. L'ambition est là, mais n'aboutit pas à grand chose, à mes yeux. Cela dit, je suis toujours ravi qu'un film ait ses amateurs !

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  2. Je trouve le scénario plutôt solide, d'autant que je trouve la fin d'un pessimisme incroyable et couillu. Je me souviens que le film a beaucoup été vendu comme une comédie alors que le film ne l'est pas du tout, ce qui a pu décontenancer à sa sortie.

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    1. Il est clair qu'il ne s'agit pas d'une comédie, bien qu'il en ait la forme. La contradiction entre ce qu'il est et ce à quoi il ressemble joue contre ce film, je trouve...

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