Quand on joue avec le temps, ça peut donner des effets désastreux. Ce n'est pas Marty McFly qui me contredira. Blague à part, nombreux sont les films qui ont utilisé le thème du voyage temporel, avec plus ou moins de bonheur, comme je le disais dans mon billet consacré au décevant "Prisonniers du temps".
Sorti en 2000, "Fréquence interdite" met en scène deux hommes. Le premier, Frank, est un pompier héroïque, père et mari modèle, vivant dans le Queens en 1969. Le second, John, vit en 1999 et est un policier de la brigade criminelle, qui ne s'est jamais remis de la mort de son père, pompier, dans un incendie, trente ans auparavant. Un soir d'aurore boréale, John met la main sur le vieil émetteur radio de son père et entre en communication avec un certain Frank. Ils ne tarderont pas à découvrir qu'ils dialoguent à trente ans de distance et peuvent modifier le cours des événements, ce qui n'est pas sans conséquence...
Le thème du voyage dans le temps, fût-il virtuel comme c'est le cas ici, est éminemment casse-gueule. "Fréquence interdite" se sort plutôt bien de l'exercice de style, si on le regarde avec indulgence (comme ce devrait toujours être le cas pour ce genre de film, où l'on trouve forcément moult paradoxes).
Certes, sa réalisation est d'un absolu classicisme : ne vous attendez pas à des plans audacieux, ou des partis-pris révolutionnaires. Gregory Hoblit, le réalisateur (dont on a vu récemment "La faille" et "Intraçable" sur les écrans) est issu de la télévision et sa façon de conter une histoire s'en ressent. Certaines scènes sont un peu brouillonnes, notamment celles où Frank Sullivan doit affronter un impressionnant incendie.
Cette mise en scène tiède n'honore pas autant qu'il le faudrait le scénario de Toby Emmerich, désormais connu en tant que producteur, et frère de Noah Emmerich, qui joue ici le meilleur ami de John (après avoir joué celui de Truman Burbank, dans "The Truman show"). Le script de "Fréquence interdite" est la bonne surprise de ce film, pourtant mal accueilli lors de sa sortie en salles. En effet, à mi-course, alors qu'on aurait pu craindre un essoufflement de l'intrigue, vient se greffer sur l'étrange échange entre le fils et son père une enquête policière qui, elle aussi, traverse les décennies.
Alors qu'elle aurait pu caler, la machine est relancée et le spectateur est happé jusqu'à la fin. Si on ajoute à cela des interprètes remarquables (Dennis Quaid et Jim Caviezel ont rarement été aussi bons), on obtient finalement un divertissement honnête et plutôt futé.
En dehors de la réserve que j'émettais plus haut quant à la mise en scène de Gregory Hoblit, une des raisons de l'échec de ce film dans l'Hexagone tient aussi à son profond ancrage dans la culture américaine. Il y est fait maintes fois référence au base-ball, par exemple, et l'on sait le peu de résonance que ce sport a dans nos contrées.
Cela dit, son peu de succès public outre-Atlantique montre bien la difficulté à faire avaler un scénario plus complexe que la normale aux spectateurs lambda. En l'occurrence, et même s'il fut couronné par quelques récompenses (dont un Saturn Award du meilleur film fantastique), "Fréquence interdite" aurait mérité de rencontrer un plus large public. Sans être un chef d'oeuvre inoubliable, c'est un honorable divertissement. Ca n'est déjà pas si mal...
Absolument d'accord avec ton analyse.
RépondreSupprimerMerci ! L'insuccès public de certains films me laisse parfois pantois...tout comme le succès de certains autres, d'ailleurs ;-)
SupprimerTiens, vu qu'il est sorti récemment en Bluray, j'irais jeter un œil à ce film. J'aime bien ce que fait Hoblit en général, et j'ai beaucoup d'affection pour Dennis Quaid et Jim Caviezel.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé qu'il avait bien vieilli ce film....et Dennis Quaid et Jime Caviezel y sont très bons !
SupprimerOui, en effet, un très bon film, que pour ma part, j'apprecie beaucoup
RépondreSupprimerUn très correct divertissement, dommage qu'il n'ait pas trop bien marché. Merci de ton passage !
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