jeudi 26 juin 2014

A coup sûr (2013)




Le culte de la performance est un signe de notre époque. A en croire les rayons spécialisés des librairies ou les (trop) nombreuses émissions télévisées sur ce thème, il faut à tout prix devenir le meilleur cuisinier, le manager le plus efficace, la meilleure mère de famille, etc. Loin de moi l'idée de vouloir déclencher un débat sur les effets délétères de pareil dogme (quoiqu'il y aurait beaucoup à dire)... Cette course à une soi-disant perfection inspira Delphine de Vigan, jusque là connue pour ses romans ("No et moi", ) et qui tâta déjà du scénario (avec l'adaptation de "No et moi", justement). Il faut croire que le thème n'attira guère les spectateurs, puisque "A coup sûr"dépassa à peine les 100 000 entrées dans l'hexagone.

Depuis toute petite, parce que son père lui a inculqué le culte de la réussite et de la perfection, Emma a visé la performance. Cette jolie jeune femme a tout réussi (sa carrière de journaliste, bien que débutante, est prometteuse), ou presque.
Suite à deux déceptions coup sur coup, elle se persuade qu'elle est nulle au lit. Qu'à cela ne tienne, Emma va tout faire pour devenir le meilleur coup de Paris et entreprend d'apprendre ce qu'elle ignore des choses de la chair.
Sous le regard goguenard d'un collègue journaliste, la jeune femme commence sa métamorphose : la prude et zélée Emma deviendrait-elle une bombe sexuelle ?

"A coup sûr", avec son affiche, sa tagline (assez peu élegante, d'ailleurs) et sa bande-annonce, est clairement vendu comme une comédie, romantique, qui plus est. Histoire de bien nous faire comprendre qu'on est dans ce registre pourtant rebattu, Delphine de Vigan enfonce le clou sans élégance, quitte à réutiliser à plusieurs reprises les mêmes procédés. Au bout d'un moment, ça lasse, et c'est diablement inefficace. L'ajout d'intrigues secondaires parfois incongrues (je songe notamment à la partie de l'histoire concernant la belle-soeur de l'héroïne) n'apporte rien, si ce n'est une impression de remplissage. Pendant ce temps, les zygomatiques du spectateur restent inactifs, il faut bien l'avouer. 


Même les acteurs, dont on saluera le dévouement, semblent s'escrimer en vain pour donner corps à cette histoire qui ne tient debout que par miracle. Eric Elmosnino, dans le rôle d'un journaliste intègre et désabusé, semble se demander sur quel pied danser, tandis que dans des seconds rôles, on s'interrogera sur la présence de Didier Bezace et Valérie Bonneton, en plein cabotinage.
Evidemment, la jolie Laurence Arné est celle qui se sort le mieux de ce film sans épaisseur. Malheureusement, alors qu'elle réussissait sans problème à tirer son épingle du jeu dans des comédies comme "Dépression et des potes" ou la série "Working girls", Laurence Arné est mal tombée pour son premier rôle tout en haut de l'affiche. Gageons qu'elle saura rebondir : elle vaut mieux que cela.

Traitant d'un sujet pourtant loin d'être anodin, "A coup sûr" rate totalement sa cible en choisissant de l'aborder sous l'angle de la comédie. Finalement, le film est rarement drôle et, surtout, laisse une étrange impression après visionnage : le thème aurait sans doute gagné à être abordé sur un ton plus revendiqué, plus assumé et sans doute plus amer. Il le méritait bien.


8 commentaires:

  1. Encore une preuve que les réalisateurs français sont les rois du pitch mais n'ont rien inventé derrière. Quel gâchis.

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    1. Il est clair que ce film pédale à vide, malgré ses promesses. Dommage.

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  2. Exactement ce que je disais sur ton article sur le film de Max Boublil: pitch qui ne donne pas envie voire interchangeable (remplace le grand con qui veut emballer par la grande courge qui veut emballer), casting interchangeable mais fera le prime time de TF1.

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    1. Le ton de "A coup sûr" est moins comique que celui de "Prêt à tout", mais ne va pas assez loin, que ce soit dans l'amertume ou dans la comédie, vers laquelle ce film lorgne fortement. Effectivement, je suis prêt à parier qu'il finira un dimanche soir sur TF1. C'est à se demander si ce n'est pas l'unique objectif des producteurs.

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    2. Il reste tout de même dans la grosse comédie romantique française qui va chercher chez les ricains tout en le faisant à la française. Ce qui donne les trois quarts du temps des comédies interchangeables et dont on se contrefout. C'est une façon de rentabiliser la chose. La pire des daubes peut se sauver par l'audience. Alors qu'ils sont considérés comme des bouses, Les bronzès 3 et Astérix aux jeux olympiques font encore 5 millions de téléspectateurs minimum.

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    3. Effectivement, ce film se "contente" de suivre un chemin tout tracé, que ce soit par sa conclusion ou par son approche "marketing". Cette dernière est navrante, mais devient un standard. Je prépare un billet sur "Jamais le premier soir" et ce film a achevé de me conforter dans la piètre opinion que j'ai des comédies françaises. Il est des jours où l'on comprend ceux qui les dédaignent : elles l'ont bien cherché.

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    4. Il n'y a qu'à voir l'accroche. Franchement ça te donne envie "je réussis partout sauf au lit"? Moi ça me rappelle surtout les comédies des années 80 comme celles de Max Pécas! lol

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  3. Euh... là, pour le coup, rien que le pitch m'a fait fuir.
    "Je réussis partout, sauf au lit"... pfff... plus paresseux, tu meurs.

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