L'émergence d'Internet a bouleversé notre quotidien en quelques années. Elle a permis le pire, mais aussi le meilleur. Quoi qu'il en soit, notre époque est placé sous le signe de l'hyper-connexion, tout le monde sachant instantanément ou presque tout sur tout le monde. Face à cette révolution, les comportements peuvent varier du tout au tout, de la méfiance à l'adhésion totale. Jason Reitman, fils d'Ivan Reitman, le réalisateur de "S.O.S. Fantômes" ou "Jumeaux", s'est fait remarquer avec le très sympathique "Juno" (qui révéla Ellen Page, au passage). Son film suivant, "In the air", mettait en avant un George Clooney inattendu en prestataire se chargeant du sale boulot chez ses employeurs. L'an dernier, est sorti son dernier film, "Men, Women and Children", qui traçait le portrait d'une société hyper-connectée. Bien que traitant d'un sujet ô combien dans son époque, il n'a pas eu le succès attendu, en France, en tout cas.
Une petite ville américaine comme tant d'autres : au lycée, les élèves sont accaparés par leur smartphones et basent toute leur vie sociale sur les textos échangés, sur les images reçues via les écrans. Leurs parents, quant à eux, ont différentes approches : certains épousent cette drôle d'époque, d'autres jouent les censeurs. Mais, qu'en est-il des vraies relations humaines ? Qu'il s'agisse de couples à la dérive ou d'amours adolescentes, la réalité et les réseaux sociaux s'entrecroisent, parfois avec douleur, parfois plus heureusement. Le monde a changé, et avec lui les rapports humains.
Encore une fois, Jason Reitman a choisi un sujet très ancré dans notre époque. Il aurait pu s'y casser les dents, comme bien d'autres réalisateurs, s'il l'avait attaqué de front. La bonne idée qu'il a eu consiste en une vue en coupe de notre époque, par le biais de plusieurs cellules familiales, représentatives du temps, chacune l'abordant à sa manière. On trouve dans ce film un couple qui a cessé de se parler et de faire l'amour, une lycéenne obsédée par le contrôle de son corps, un fils que son père ne comprend plus, une mère abusant du contrôle auprès de sa fille, et j'en passe. Au centre de ce réseau humain, les réseaux dits sociaux jouent un rôle déterminant, mais Jason Reitman réussit, tout en les utilisant comme système circulatoire, à donner corps aux multiples histoires sans les rendre anecdotiques. Usant du savoir-faire qu'on avait déjà décelé dans "Juno", le réalisateur confirme toute l'estime qu'il avait suscité. Malgré quelques petites longueurs qui nuisent au rythme de l'ensemble, le film décline la relation humaine sous bien des angles, jusque dans l'intime, quitte à emprunter les moyens un peu "crus" qu'on croyait réservés à la comédie lourdingue en vogue ces derniers temps.
Un tel film ne serait rien sans des personnages dignes de ce nom. Les amoureux des acteurs seront ici comblés. On saluera la magistrale interprétation de tout le casting de "Men, Women and Children". Qu'il s'agisse des plus jeunes ou des poids lourds de l'affiche, tous les acteurs donnent le meilleur d'eux-mêmes. Adam Sandler et Jennifer Garner ont rarement été aussi persuasifs, tandis que la jeune génération (Ansel Elgort et Kaitlyn Devert en tête) fait montre d'un talent prometteur. Donnant vie aux personnages de ces histoires qui s'entrecroisent, qu'ils soient des poids lourds du box-office, des habitués du cinéma indépendant ou de jeunes pousses en devenir, tous sont absolument impeccables de justesse.
Un tel film ne serait rien sans des personnages dignes de ce nom. Les amoureux des acteurs seront ici comblés. On saluera la magistrale interprétation de tout le casting de "Men, Women and Children". Qu'il s'agisse des plus jeunes ou des poids lourds de l'affiche, tous les acteurs donnent le meilleur d'eux-mêmes. Adam Sandler et Jennifer Garner ont rarement été aussi persuasifs, tandis que la jeune génération (Ansel Elgort et Kaitlyn Devert en tête) fait montre d'un talent prometteur. Donnant vie aux personnages de ces histoires qui s'entrecroisent, qu'ils soient des poids lourds du box-office, des habitués du cinéma indépendant ou de jeunes pousses en devenir, tous sont absolument impeccables de justesse.
Certes, "Men, Women and Children" comporte quelques longueurs et quelques lourdeurs dans son propos, mais il a l'immense mérite de regarder notre époque en face, avec tous les travers qu'elle cultive. Plus efficace à mes yeux que les opus déclinés sous l'égide de Judd Apatow et consorts, Jason Reitman affirme une fois de plus son talent de conteur d'histoires ordinaires, ancrées dans leur temps et livre un film qui mérite d'être vu.
Je l'avais repéré, celui-là, mais je ne sais pas si je vais avoir le temps d'aller le voir, ni même simplement... s'il est encore à l'affiche. Tout ça s'annonce en soirée télé...
RépondreSupprimerCette thématique semble avoir le vent en poupe, actuellement, si on fait le rapprochement de ce film avec le "Her" de Spike Jonze. C'est amusant qu'on dise aux gens de faire attention aux écrans en s'adressant à eux par l'intermédiaire d'un écran. Mais c'est vrai que, si c'est fait avec intelligence, ça peut donner un film divertissant ET pertinent. Merci de ta chronique, Laurent, j'avais presque renoncé à voir ce film, mais ça va sûrement m'encourager à le regarder... un jour...
Et bonne semaine ! :)
Comme tu as pu le lire, j'ai eu un bon ressenti avec ce film, parce son ton et son thème m'ont parlé..il en sera peut-être de même pour toi, Martin.
SupprimerMerci de ton passage, ami cinéphile !
Je l'ai vu tout récemment (je suis en plein cycle Adam Sandler) et je suis tombé sur le popotin. Je m'attendais à un film sur des gens obsédés sur les nouvelles technologies et je suis tombé sur un film totalement différent. Plus que les réseaux sociaux et autres sites, c'est avant tout le portrait des personnages notamment adultes qui m'impressionnent. Ils sont tous malheureux à leur manière et leurs comportements et leurs actions parasitent la vie de leurs enfants. Et quand ils s'en rendent compte, il est parfois trop tard. C'est un film très perturbant, très cru et qui n'a pas grand chose à voir avec les précédents films de Reitman. On est loin du gentil cynisme de Juno ou Thank you for smoking. On va même dans une direction cruellement morbide et trash.
RépondreSupprimer