samedi 10 janvier 2015

Zero Theorem (2013)


Un film de Terry Gilliam est toujours un événement, et souvent un bide, hélas. L'ancien Monty Python est évidemment associé à son projet maudit "Don Quichotte", mais aussi aux échecs (pas forcément mérités) de "Tideland" ou des "Aventures du Baron de Münchausen", par exemple, au point qu'on en oublie souvent certains de ses films, dont le cultissime "Brazil". Son dernier en date, "Zero Theorem", revendiqué comme dernier volet de sa trilogie orwellienne, après le déjà cité "Brazil" et "L'armée des douze singes", est récemment sorti en DVD, après une carrière dans les salles particulièrement désastreuse.

Londres, dans un futur plus ou moins proche. Qohen Leth ne sort de chez lui que pour aller travailler, au service de l'énigmatique Management et à la résolution du non moins étrange Théorème Zéro, sensé déterminer le sens de la vie. Déjà pas mal perturbé dans son psychisme, Qohen est sans cesse dérangé par le monde extérieur, extrêmement agité et bruyant, par son supérieur hiérarchique, par sa voisine excentrique et le fils de Management.

Au visionnage de "Zero Theorem", on peut rester perplexe. Le bouillonnant Terry Gilliam, qui dérouta plus d'une fois son public, semble ici s'être totalement affranchi des contraintes pour livrer un objet filmique assez déroutant. Construit autour du personnage de Qohen Leth, ou plus exactement autour de la prestation de Christoph Waltz, "Zero Theorem" convoque l'imagerie orwellienne et foutraque de "Brazil" pour décrire un monde truffé de caméras et d'écrans, de spots publicitaires et d'entreprises aux desseins obscurs. Dans l'ancien monastère servant de logement à Qohen Leth, vont et viennent toutes sortes de protagonistes, chacun jouant son sketch avant de repartir, laissant le pauvre homme épuisé et pantois, à l'instar du spectateur.

Maelström d'images souvent répétitives, de gags tombant souvent à plat, "Zero Theorem" manque cruellement d'une colonne vertébrale, d'une structure solide, d'un scénario digne de ce nom. Terry Gilliam s'est visiblement contenté de filmer les gesticulations de Christoph Waltz (aux limites de son art), l'excentricité enfin assumée de la ravissante Mélanie Thierry, les apparitions du sous-employé David Thewlis, sans cependant raconter une histoire digne de ce nom à son spectateur.

Conclusion d'une trilogie orwellienne que l'on n'avait pas forcément intégré (si la parenté avec "Brazil" saute aux yeux, celle avec "L'armée des douze singes" est moins évidente), ce "Zero Theorem" donne, tout au long de son déroulement, l'impression d'être un patchwork hétéroclite, proche de ce qui doit se passer sous le crâne de son géniteur. Brouillon au point d'être presque illisible, ce film, majoritairement décrié, doit donc être vu comme un kaléidoscope exprimant les angoisses de son créateur, mais pas comme un film accessible à tout un chacun, qui raconterait une histoire digne de ce nom. On pourra, au choix, se réjouir qu'un réalisateur comme Terry Gilliam puisse accoucher d'une oeuvre si peu commune, ou se lamenter qu'il livre un tel foutoir. 







6 commentaires:

  1. Salut Laurent. Pour ma part, j'ai plutôt bien aimé ce "Zero theorem". Il n'a pas la force d'un "Brazil" et c'est vrai qu'il est un peu foutraque, mais j'ai fini par l'aimer sur la durée, quand j'ai compris que ce n'était pas franchement un film pour sourire.

    Terry Gilliam n'est sans doute pas un génie, mais le fait qu'il ose faire des films aussi personnels et singulieurs m'est finalement plutôt sympathique. J'espère qu''il y en aura d'autres... et, comme toi semble-t-il, qu'on redonnera des rôles importants à David Thewlis.

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    1. Bonjour Martin. Je suis content que tu aies apprécié "Zero Theorem", parce que Terry Gilliam m'a autrefois donné de grands plaisirs de cinéma et que je serais bien peiné qu'il ne rencontre plus de public.
      Qui sait si, en le revoyant, je n'accrocherai pas plus à cet opus ?
      Merci de ton passage...

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  2. Je n'ai pas poussé jusqu'en salle pour voir "zero theorem" e ton article ne m'incite guère à me rattraper en DVD. Déjà fortement déçu par Parnassus, je trouve que le cinéma de Gilliam s'atrophie autour de ses éternels motifs, engendrant des avatars difformes qui peinent à renouer avec la foldinguerie baroque de ses premiers films. Pourtant, le revoir dernièrement au côté des autres cinglés du flying circus m'avait bien fait rire.

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    1. Merci du passage, Prince...il est vrai que Gilliam semble s'essouffler avec l'âge, même s'il reste un personnage assez fascinant.

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  3. Pour moi, le chef d'œuvre (bien qu'assez classique dans la facture) c'est L'armée des douze singes. Mais je découvrirai celui-là avec plaisir.

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    1. J'aime beaucoup également "L'armée des douze singes", qui n'a (à mon humble avis) qu'une lointaine parenté avec ce "Zero Theorem"...

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