mardi 13 octobre 2020

La séparation (1994)

Christian Vincent, avec son premier film, "La discrète" avait marqué les esprits : inspiré, charmant et élégant, ce long métrage avait mis une grande partie des critiques et du public d'accord. Mais, depuis, ce cinéaste n'a que rarement convaincu et ne rencontra plus l'unanimité. Avec "La séparation", qui voyait Isabelle Huppert donner la réplique à Daniel Auteuil, c'est le versant dramatique de sa filmographie que nous pouvions découvrir. Peu nombreux sont ceux qui se rappellent de ce film : mérite-t-il pour autant cet oubli ?

Anne et Pierre, parents d'un petit Loulou, vivent à Paris. Un soir, au cinéma, Anne refuse de prendre la main de Pierre. Ce geste anodin révèle que quelque chose est cassé dans leur couple. A partir de ce moment, ils vont aller vers la séparation inéluctable. Quand elle annonce à Pierre qu'elle aime un autre homme que lui, il est déjà trop tard et il ne peut qu'assister au naufrage, malgré la colère, malgré la douleur.

Avec un titre pareil et après le résumé que je viens de vous livrer, vous devriez vous douter que "La séparation" est un film dramatique. Les personnages de ce film souffrent et leurs douleurs et leurs tourments nous sont offerts en spectacles. On peut apprécier la démarche, comme il est également possible d'y renâcler. Comparé à certains opus plus récents de Christian Vincent, "La séparation" est bien sombre et dénué de toute légèreté. Cette composante semble uniquement reposer sur le personnage incarné par Jérôme Deschamps, mais ne fait guère le poids face au drame que vivent les deux protagonistes principaux, inéluctable et finalement peu expliqué.  

Le scénario, co-écrit avec le romancier Dan Franck, donne vite l'impression de tourner en rond : le couple formé par les personnages d'Isabelle Huppert et Daniel Auteuil vit un lent naufrage, La désagrégation du couple à l'écran avait sans doute commencé avant le début du film et on assiste, dans "La séparation", à la phase finale du naufrage. Entre résignation et colère, et passant de l'un à l'autre sans raison, l'homme, incarné par un Daniel Auteuil inspiré, peut attirer l'empathie du spectateur, mais aussi agacer. Face à lui, Isabelle Huppert, en femme décidée à quitter le navire, livre également une belle performance. Mais cela ne suffit pas : ce drame ordinaire peine à remplir le film et patine plus souvent qu'à son tour. 

Ce n'est ni la première, ni la dernière fois qu'il faut se réfugier dans la prestation des interprètes d'un film pour lui trouver un peu de charme et d'intérêt. Avec "La séparation", Christian Vincent force -hélas- son spectateur à opter pour ce lot de consolation. 



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