Francis Ford Coppola, l'un des pionniers du Nouvel Hollywood, fut souvent qualifié de "Napoléon du cinéma". Sa filmographie comprend des œuvres majeures, unanimement saluées, autant que des films qui l'amenèrent au bord du gouffre. Parmi ceux-ci, "Tucker", sorti entre "Jardins de pierre" et le troisième volet du "Parrain" était une œuvre lui tenant à cœur, mais qui ne reçut pas le succès espéré.
1948, aux Etats-Unis : Preston Tucker a un rêve : créer une automobile hors du commun, et se faire un nom, malgré la présence écrasante des grands constructeurs (Ford, General Motors et Chrysler). Qu'importe si son projet est déraisonnable, qu'importe qu'il doive affronter le Big Three, il ira jusqu'au bout de son rêve. Pour cela, il doit construire cinquante exemplaires de sa voiture.
Le projet "Tucker" a toujours été cher au cœur de Coppola, sans doute parce que le père de ce dernier fut parmi les investisseurs qui crurent en Preston Tucker. Après avoir envisagé d'en faire un film musical, le réalisateur de "Apocalypse Now", sous l'impulsion de son ami et co-producteur George Lucas, s'orienta vers un traitement qui célébrait l'homme derrière le projet et, surtout, l'enthousiasme du héros, à la manière de Frank Capra, un temps approché pour participer à la production, d'ailleurs. Cependant, ce qui aurait pu être une célébration de l'optimisme à l'américaine et de l'esprit d'entreprise est aussi l'histoire d'une chute : qui se souvient de la Tucker 48 ?
L'histoire de Preston Tucker est finalement très proche de celle de Coppola, idéaliste se heurtant au mur de la réalité, et connaissant plus souvent qu'à son tour des échecs cuisants. Un traitement optimiste, à la Capra, fut un temps envisagé lors de la pré-production de "Tucker", mais c'est le chemin inverse qui fut finalement choisi. Le rêveur avançant sur des promesses qu'il ne peut pas tenir, affrontant des obstacles qui en décourageraient plus d'un, finira par chuter : la cause est entendue dès le début du film. Pour autant, l'énergie de Preston Tucker, parfaitement interprété par un Jeff Bridges tout sourire, est communicative et on a envie de suivre cet homme et de croire en lui, à l'image d'un Mr Smith au Sénat, même si on sait qu'il se brûlera les ailes.
Un film que j'aime beaucoup, que j'avais vu en salle à sa sortie. C'est en effet un miroir du réalisateur, un biopic très bien mené, très injustement boudé. Merci de le remettre en lumière, d'en souligner les qualités et le sourire communicatif et le rêve américain incarné par Jeff Bridges.
RépondreSupprimerTrès chouette article.
Merci pour ce gentil commentaire, sur un film qui aurait mérité mieux que le froid accueil qui fut le sien, Prince !
SupprimerUn film où Coppola se livre sur lui même à travers une figure historique. Eux deux seuls contre tous face à des majors qui les prennent pour pas grand chose. Puis Jeff Bridges et Martin Landau sont parfaits.
RépondreSupprimerQuel dommage que ce film n'ait pas eu droit à un meilleur statut dans la filmographie de Coppola, effectivement...
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