Le cas d'Albert Spaggiari, qui réussit en 1976 un cambriolage phénoménal, avait déjà inspiré le septième art, avant que Jean-Paul Rouve décide de porter à l'écran "Sans arme ni haine ni violence". On se souviendra (ou pas) des "Égouts du paradis" (de José Giovanni), où le braqueur était interprété par Francis Huster, par exemple. La version de l'ex-Robin des bois est clairement romancée et s'attache plus au personnage de Spaggiari qu'au braquage à proprement parler. Il faut croire cependant que le grand public n'avait pas pour cet homme l'intérêt que Rouve lui vouait, puisqu'au bout de trois semaines d'exploitation, le film quitta l'affiche, sur la pointe des pieds...
En 1976, Albert Spaggiari, voyou sans envergure, réussit à monter le casse du siècle. A la faveur d'un week-end, il pénétra, en passant par les égouts, dans la salle des coffres de la Société Générale de Nice. Arrêté peu après, il s'évada et s'enfuit en Amérique du Sud.
Là, un mystérieux journaliste réussit à le localiser et à l'interviewer, pour le compte de Paris-Match. Entre les deux hommes, une étrange relation, faite de méfiance et de fascination, va s'instaurer.
Jean-Paul Rouve aime son personnage central, c'est indéniable et cela transpire de presque chaque image où Spaggiari apparaît. Fasciné par l'homme au point d'avoir décidé de réaliser le film (alors qu'il ne pensait que l'écrire), le réalisateur prend clairement parti pour lui, en faisant un héros des temps modernes. A l'instar du personnage joué par Gilles Lellouche, le spectateur peut rapidement admirer le braqueur, aidé en cela par le réalisateur.
Cependant, qu'on cède ou pas à cette fascination, en s'attardant sur l'oeuvre cinématographique, il faut bien reconnaître que "Sans arme ni haine ni violence" n'est pas un film totalement réussi. Fort maîtrisé dans les scènes reconstituant le braquage (en flash-back, évidemment), le récit souffre de longueurs, voire de passages à vide, lorsqu'il s'agit de mettre en scène l'exil de Spaggiari.
Plus à l'aise dans la narration du passé que dans celle du présent, Jean-Paul Rouve, pour un premier essai de réalisateur, livre un film bancal, évoquant à la fois Scorsese (dans ses moments les plus réussis) et Lelouch (pour ceux qui le sont moins). Semblant hésiter sur le ton à donner à l'ensemble, entre comédie et polar réaliste, celui qui montre toute la diversité de son talent dans les différents rôles qu'il interpréta peine à donner un ton à son long métrage.
L'édifice est cependant sauvé par sa prestation dans le rôle principal, ainsi que par les seconds rôles gravitant autour de lui, en particulier Alice Taglioni, qui trouve là l'un de ses meilleurs rôles. Ce bon point à distribuer à l'interprétation peut motiver le visionnage de "Sans arme ni haine ni violence", mais ne suffira pas à en faire un grand film, hélas.
Sans arme ni haine ni violence...
RépondreSupprimerApproximatif & sans beaucoup d'intérêt au final. :-)
Ce film donne l'impression de ne pas savoir où il va, ni comment y aller, effectivement. Du coup, il perd de son intérêt.
SupprimerMerci de ta fidélité à ces colonnes.
Tout à fait d'accord avec ton analyse ! Je n'ai pas vraiment été emballée même s'il y a quelques bons points.
RépondreSupprimerJ'avoue m'y être ennuyé, malgré quelques beaux moments (rares).
SupprimerPlutôt sympathique, la reconstitution étant assez amusante mais pour la partie plus fictionnelle mouaif. Jean Paul Rouve en revanche est assez bien dans sa première réalisation. Beaucoup y ont vu une amuse-bouche avant le Mesrine de Richet et sur ce point je ne vais pas les dédire.
RépondreSupprimerIl est vrai que le rapprochement peut être fait avec le diptyque "Mesrine", à cause de l'époque et du ton qu'adopte parfois Rouve. Par contre, le ton devient parfois plus léger et moins tendu, perdant, dans la partie qui traite de l'exil de Spaggiari, la tension qu'il avait réussi à installer. Dommage.
SupprimerJe trouve qu'au contraire on est plus dans la comédie même si vers la fin c'est un peu plus sombre. Mais c'est surtout la fin du film qui déçoit à force de trop rester dans la fiction. Mesrine joue beaucoup sur la chronologie et le grand polar.
SupprimerD'accord avec toi, un film pas totalement abouti qui m'a laissé sur ma fin, malgré la prestation des acteurs. Je pense que Rouve n'arrive pas à prendre position sur Spaggiari, à la fois fasciné et ne voulant pas faire une hagiographie.
RépondreSupprimerJe rejoins tout à fait tes propos. L'équilibre auquel Rouve s'astreint finit par être bancal, comme le film. Dommage.
SupprimerLe découverte de ce biopic remonte à quelques années maintenant, mes souvenirs ne sont donc plus très frais. Il reste tout de même en mémoire un film effectivement sympathique, bien interprété mais avec quelques longueurs.
RépondreSupprimerPour ma part, le capital sympathie de ce film (essentiellement dû à son interprétation) fut fortement érodé par les longueurs et son déséquilibre.
SupprimerMerci de ton passage.
J'ai vu "Les égouts du paradis", pour ma part, c'est-à-dire la version Huster. J'en garde un souvenir franchement moyen. Francis Huster en fait des caisses (qui a dit comme d'habitude ?).
RépondreSupprimerJean-Paul Rouve m'est sympathique, alors pourquoi pas lui laisser une petite chance ici, à l'occasion ? Merci pour ta chronique, même si elle n'est pas des plus enthousiastes.
Bonne soirée, Laurent.
Bonsoir Martin,
Supprimerj'aurais aimé être plus chaleureux envers ce film, mais le fait est qu'il m'a déçu, même si la fascination qu'exerce Spaggiari sur son interprète est communicative.
Au plaisir de te revoir sur ces colonnes ;-)
Pas revu depuis sa sortie en salles. Je le trouvais pourtant sympathique mais je l'ai quand même oublié...
RépondreSupprimerIl n'a rien de très mémorable, à mon humble avis (mis à part la belle interprétation de Rouve dans le rôle principal).
SupprimerSpaggiari est mort dans la misère.
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