Un seul et même pitch peut donner lieu à maints traitements différents, selon les sensibilités et les cultures. Celui de "Prêt à tout", traité à la façon britannique, aurait sans doute donné une comédie sociale comme on sait les produire de l'autre côté de la Manche. Il aurait pu aussi déboucher sur une comédie romantique à l'américaine (dont certaines figurent parmi les canons du genre), assumant dans ce cas son affiche façon "Pretty Woman". Choisissant une troisième voie, Nicolas Cuche (à qui l'on devait déjà "La chance de ma vie") a, semble-t-il, fait un choix qui n'a pas séduit les spectateurs.
Tombé sous le charme de la belle Alice, Max a échoué, lorsqu'il était à l'Université, dans sa tentative de séduction. Les années se sont écoulées, Max est devenu millionnaire grâce à Internet, mais n'a pu oublier Alice. Alors qu'il aurait pu couler une existence paisible, l'actualité va lui rappeler son amour de jeunesse. Prêt à tout pour la séduire, Max va racheter l'usine où Alice travaille, pour éviter sa fermeture. Et comme il est vraiment prêt à tout, il va aller jusqu'à y travailler comme simple manutentionnaire, sans lui dire ce qu'il est vraiment.
Ce qu'il y a de bien, avec les comédies romantiques (et je crois l'avoir dit maintes fois dans ces colonnes), c'est que l'on sait pertinemment, dès le début, ce que sera la fin. Seul le chemin pris pour arriver à l'inévitable conclusion peut varier. Dans le cas de "Prêt à tout", ce chemin semble tout tracé, à tel point que le scénario doit multiplier les embûches sur la route du héros, quitte à ce que ces péripéties paraissent too much. C'était déjà le cas sur "La chance de ma vie", scénarisé lui aussi par Laurent Turner. Ce sont sans doute ces rebondissements excessifs qui sont le plus grand défaut de ce film.
Entre la nonchalance souvent agaçante de Max Boublil (qui semble bloqué dans le même personnage quelque soit le film) et le charme de la belle Aïssa Maïga, à qui l'on pardonnera beaucoup, l'interprétation est loin d'être exceptionnelle, hélas, et représente l'autre défaut du film. Cependant, une fois n'est pas coutume, ce sont les rôles secondaires qui sont la bonne surprise du film : Chantal Lauby, Lionnel Astier et Patrick Timsit (pour une fois tout en retenue) donnent à leurs personnages la profondeur qui relève le niveau de certaines scènes. Une mention toute particulière sera attribuée au jeune Idriss Roberson, particulièrement touchant et juste.
Essentiellement parce qu'il est dénué de cynisme et de vulgarité, "Prêt à tout" porte une fraîcheur salutaire, qui fait passer pas mal de ses défauts. Malgré son histoire qui ressemble parfois à une succession de sketches assemblés tant bien que mal, et l'interprétation agaçante de son acteur principal, ce film a un charme auquel seront sans doute réceptifs les aficionados du genre.
Voilà le type de comédie qui n'intéresse personne, au pitch vu et revu, aux acteurs interchangeables (tu peux mettre n'importe qui c'est la même chose) et qui sera sans doute en prime sur TF1.
RépondreSupprimerExactement : un produit très formaté, ni bon ni mauvais, qui finira sur la célèbre tranche horaire du dimanche soir.
SupprimerVu récemment et comme toi, je trouve que le film est plutôt bien fait dans le sens où il se laisse regarder mais il est plein de poncifs pour plaire au plus grand nombre.
RépondreSupprimerVoilà : nous sommes dans le cadre d'un film très formaté (je me répète) qui fonctionne, mais ne laisse pas un grand souvenir.
SupprimerIl me semble avoir vu cette formule une bonne centaine de fois. La fuite des cerveaux ne semble pas toucher uniquement la sphère scientifique.
RépondreSupprimerBien dit, l'ami.
SupprimerRien de classique dans ce "Prêt à tout", plutôt sympathique, mais décidément sans originalité aucune.
S'agissant d'une romcom, je craquerai sans doute un jour, mais aucune comédie romantique française ne m'a jusqu'ici séduite... J'attends toujours le miracle.
RépondreSupprimerIl est vrai que c'est un genre sinistré par chez nous. En copiant les canons du genre, on ne peut pas transcender ce thème. Il doit exister quelques exceptions, cela dit (j'avais beaucoup aimé "Le nom des gens", qui n'est cependant pas qu'une comédie romantique, cela dit).
SupprimerMerci de ta fidélité, Chonchon !