Un film peut avoir reçu des louanges, avoir été salué par la critique et couronné lors d'un festival (en l'occurrence, celui, pourtant majeur, de Gérardmer), cela ne lui ouvre pas les portes d'une diffusion honorable. Pire encore, le dit film peut fort bien échouer dans le rayon "direct-to-video" et, de ce fait, ne devenir accessible qu'à une poignée de spectateurs, le client lambda des multiplexes n'ayant même pas eu vent de son existence. Le thriller fantastique "The Door : la porte du passé" a eu le malheur de subir ce sort peu enviable. Depuis, seuls quelques initiés connaissent son existence, parce qu'il est évoqué ça et là. N'eut été un billet plutôt enthousiaste sur un des blogs dont je suis friand, je serais passé à côté.
David, artiste peintre, a tout pour être heureux : une femme magnifique, une petite fille adorable, une grande maison et du succès. Mais, un jour, alors qu'il est censé veiller sur son enfant et trouve plus intéressant d'aller culbuter sa voisine, l'irréparable se produit : sa fille se noie dans la piscine familiale.
Les années s'écoulent : David a tout perdu. Sa femme l'a quitté et refuse de le voir, tandis qu'il ne peut se remettre de la disparition de son enfant. En franchissant un étrange tunnel, il va se retrouver propulsé cinq ans plus tôt, quelques instants avant que n'arrive le tragique accident. Il va alors pouvoir changer le cours des événements et saisir au vol la chance qui lui est offerte. Mais tout n'est pas aussi simple que cela.
Le thème du voyage dans le temps et des conséquences qu'ont les actes de ceux qui pratiquent cette activité a été maintes fois utilisé au cinéma (on songera notamment aux remarquables "L'effet papillon" ou "The jacket" qui pouvaient donner le vertige, dans ce domaine). Dans le cas de "The door : la porte du passé", le passage d'une époque à une autre est plus un prétexte à des interrogations. David se retrouve face à lui-même, puis forcé de prendre la place de celui qu'il fut autrefois, est un homme en proie au doute, qui bondit sur l'opportunité unique qui lui est offerte. Installant très (trop ?) vite son héros dans la situation critique qui sera la sienne durant tout le film, "The door : la porte du passé" capte rapidement l'attention du spectateur, en grande partie grâce à l'interprétation magnétique de Mads Mikkelsen. Sur un scénario plutôt malin, on suit avec plaisir la progression compliquée de David dans le labyrinthe où il s'est retrouvé.
Dans la dernière partie, celle où, en règle générale, on doit passer par une étape de résolution de l'intrigue, le scénario donne souvent l'impression d'une certaine confusion, voire de se prendre les pieds dans le tapis. Du coup, l'intérêt pour le film baisse notablement, l'empêchant d'être tout à fait réussi, à l'occasion de certaines scènes sans doute dispensables.
Honnêtement réalisé par Anno Saul (dont les œuvres outre-Rhin ne sont pas parvenues jusqu'à nos contrées), "The door : la porte du passé" vaut surtout pour sa magnifique interprétation. Mené par un Mads Mikkelsen prodigieux (bien que ne parlant pas un traître mot d'allemand, langue dans laquelle fut tourné ce film), le casting tout entier convainc sans mal (de la ravissante Jessica Schwarz à l'inquiétant Thomas Thiemeen passant par la jeune Valeria Eisenbart). Les quelques petits défauts du long métrage paraissent finalement bien mineur, au regard des nombreuses qualités qu'il aligne. Avant qu'il ne fasse l'objet d'un remake du côté d'Hollywood, jetez un œil à ce film au parcours injustifié, il en vaut la peine.
J'hésitait à le voir, mais bon ton avis m'a convaincu, et puis rien que pour Mads je pense que ça vaut le coup.
RépondreSupprimerIl vaut le visionnage, je pense. J'ai hâte de lire ce que tu en diras. Merci, Dr Gonzo !
SupprimerEt allez, encore un film intéressant qu'on va "remaker" ! Je te parie que l'original tombera dans l'oubli total après ça. Je suis presque sûr qu'un réalisateur ricain serait capable de reprendre Mikkelsen pour la nouvelle version. Pfffff...
RépondreSupprimerPas vu, mais ce que vous en dites, Chonchon et toi, ça fait presque envie. Je vais surveiller un éventuel passage à la téloche.
Bon week-end, Laurent (et merci pour ton passage chez moi).
Attention, j'exprimais dans mon billet la crainte que ce sympathique petit film ne fasse l'objet d'un remake. Pour l'instant, rien d'avéré de ce côté-là...rien encore.
SupprimerMerci du passage, Martin.
Bonjour Laurent, je viens de trouver ce film en DVD après avoir lu un billet très sympa chez Aelezig/Chonchon http://chonchoncinema.canalblog.com/archives/2014/05/13/29861785.html. Je n'ai plus qu'à le regarder. Il devrait me plaire puisqu'il y a Madds MIkkelsen. Bon samedi.
RépondreSupprimerBonjour Dasola. C'est également suite au billet de Chonchon que j'ai visionné ce film, et donc produit à mon tour un article à son sujet...Remercions-la une nouvelle fois !
SupprimerBon samedi à toi
Vu il y a peu et bientôt chroniqué sur mon blog, je viens naturellement saluer cet éloge d'un film passé à la trappe du DTV. Intéressante variation sur le paradoxe qui s'éloigne des schémas habituels tout en faisant référence à quelques classiques du genre ("don't look now" ou "body snatchers"). Certes la fin est assez mal bricolée mais elle a le mérite de remettre du rythme dans le récit. Un DTV très recommandable en effet.
RépondreSupprimerMalgré ses défauts, je crois que c'est un très bon film qui ne s'en sort pas si mal, en matière de voyage temporel. Je lirai la chronique du princécranoir avec intérêt !
Supprimerça y est, c'est lisible sur mon blog.
SupprimerJe vais jeter un œil à ton billet. Merci !
SupprimerJe ne l'ai pas vu mais il symbolise à lui seul ce qui se passe à Gérardmer depuis quelques années. Il y a quelques années, il était impensable que le grand-prix (ou même d'autres trouvailles) de ce festival ou même d'Avoriaz sort directement en vidéo. Depuis quelques années c'est malheureusement le cas. C'est aussi pour cela que j'étais content d'avoir vu Mama et You're next car c'est tellement rare de chopper des films passant à Gerardmer au cinéma ces dernières années qu'il faut en profiter.
RépondreSupprimerEffectivement, ce film est symptomatique d'une distribution aberrante. Nombre de long métrages sortis en salle valent bien moins que celui-ci, c'est à n'y rien comprendre.
SupprimerMerci de ta fidélité à ce blog...
Par exemple, Triangle de Christopher Smith était déjà considéré comme un DTV à Gerardmer puisqu'il était dans la section vidéo. Bien sinistre.
SupprimerNavrant, en effet. Il y a quelque chose de pourri au royaume du cinéma.
SupprimerDe la distribution française surtout. Quand tu vois qu'une daube comme Le dernier des templiers fait un million d'entrées et que Black Death sort en DTV, il y a de quoi se la prendre et se la mordre.
SupprimerBelle comparaison que celle que tu choisis, tant elle est révélatrice du délabrement de l'offre...délabrement en partie dû au public lui-même.
SupprimerJe crois que je n'ai pas fini de défendre la cause de certains films méprisés.
Oh oui et il y en a à la pelle. Quand je vois le dénie au sujet de John Carter alors que c'est un divertissement honnête et pas plus nul que certains blockbusters sortis cette année (pourquoi je pense au dernier Spider-man?), cela me dépasse. Tu ne l'as toujours pas abordé non?
SupprimerMerci pour le lien et absolument ravie de lire que mon petit billet a donné envie à quelques uns de découvrir ce film ! Pour une fois, je dis merci à Canal+, mais je doute que les chaînes publiques, hélas, ne se décident à le diffuser.
RépondreSupprimerJe te suis très reconnaissant : grâce à ton billet, j'ai découvert un bon petit film. Merci !
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce film avec toujours ce très bon Madds Mikkelsen. Un film qui me rappelle les meilleurs films sur les voyages dans le temps comme "Timecrimes".
RépondreSupprimerJe ne connais pas "Timecrimes", mais merci de m'avoir aiguillé vers ce film !
SupprimerJe confirme pour "Timecrimes", "Los chronocrimes" en vo est un petit bijou espagnol qui, avec 4 personnages, un scénario béton et sans effets spéciaux, s'avère parfaitement réussie à mon sens. A voir.
RépondreSupprimerC'est noté ! Il ne me reste plus qu'à mettre la main sur ce film ;-)
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