mercredi 21 octobre 2015

Broadway Therapy (2014)




Dites, messieurs les distributeurs, vous ne nous prendriez pas pour des imbéciles, parfois ? Parce que renommer "She's funny that way" en "Broadway Therapy", ça ne présente aucun intérêt. Non content de passer d'un titre anglophone à un autre titre anglophone, ça donne aussi le sentiment que le spectateur est pris pour un idiot. Remarquez, dans le cas précis de ce film, il n'y eut pas tant d'idiots que cela, parce qu'ils furent peu à se déplacer en salles pour aller le voir. 
On a parlé d'accident industriel pour moins que ça.


Izzy, ancienne call-girl devenue actrice, raconte à sa psy comment elle en est arrivée là. Tout a commencé avec sa rencontre avec le metteur en scène Arnold Albertson, marié à la tempétueuse Delta, qui s'offrit ses services un soir de solitude. Charmé par la jeune femme, Arnold lui offrit la coquette somme de 30 000 $ pour qu'elle puisse tenter sa chance sur les planches. Lors de son audition, Izzy séduisit Joshua, un dramaturge, pourtant en couple avec une psy, sous l’œil goguenard du comédien Seth Gilbert. Compliqué, non ? Vous n'avez encore rien vu...


A lire le petit pitch ci-dessus, vous devez vous dire que le scénario de "Broadway Therapy" est particulièrement tarabiscoté. C'est le cas : entre adultères, rencontres impromptues et portes qui claquent, on n'est jamais très loin du vaudeville. Mais ce style a, en général, ceci de particulier qu'il ne perd pas son spectateur en route, à force de multiplier les personnages, les intrigues et, surtout, les époques. Réalisé par le vétéran Peter Bogdanovitch, de retour après treize années sans être passé derrière la caméra, "Broadway Therapy" se veut un joyeux bazar, cherchant sans doute le point d'équilibre entre Woody Allen et Wes Anderson (ce dernier est d'ailleurs co-producteur sur ce film). En un mot comme en cent, c'est raté. Si ce point existe quelque part dans le cinéma, Bogdanovitch le rate complètement.

C'est vrai qu'à la base, le scénario, qui se veut délirant, n'est que bordélique et que les acteurs sont
loin, très loin, de donner le meilleur d'eux-mêmes. Qu'il s'agisse d'Owen Wilson, qui donne l'impression d'être totalement ahuri, d'Imogen Poots, extrêmement mauvaise, aussi mignonne soit-elle, de Jennifer Aniston (qui touche là son plus mauvais rôle depuis longtemps), ou de pratiquement tous les autres, on a l'impression que les interprètes sont en roue libre et que, faute de direction, ils cabotinent à outrance. Seul Rhys Ifans donne quelque intérêt à son personnage, mais j'avoue n'être pas totalement objectif vis-à-vis de cet acteur (dont les passages, même brefs, dans un film, sont souvent salvateurs). Malgré la brochette qu'il a devant sa caméra, Peter Bogdanovitch échoue à obtenir un résultat ne serait-ce que potable. La version française ajoute encore, s'il était possible, au désastreux bilan. Et ce n'est pas le court passage de Quentin Tarantino himself qui m'incitera à l'indulgence...

A moins d'être amateurs de films sans colonne vertébrale, de vénérer particulièrement tel ou tel acteur présent au générique de "Broadway Therapy", vous pouvez sans hésiter passer votre chemin. 


6 commentaires:

  1. Eh bien, cette lecture faite, il m'échoit le devoir de venir au secours de ce film pour le moins malmené par ta critique. Loin de le considérer comme un excellent film, je trouve tout de même que cette "théâtrale thérapie" jette un regard d'une jouissive férocité sur le milieu des acteurs, de manière autrement plus référencée que l'insupportable "birdman". Si la compo d'Aniston m'a semblé un tantinet forcée, pour moi Imogen Poots est la vraie révélation du film, vraiment touchante. Evidemment, Woody Allen est un bon cran au-dessus (surtout que je sors à peine de son dernier coup de maître, la différence stylique est flagrante), mais le film de Bogda se laisse déguster comme une petite madeleine de cinéphile.

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    1. Tu fais bien de venir au secours de ce film, Prince. Si je ne l'ai guère apprécié, cela me rassure de voir qu'il est défendu par de talentueuses plumes.
      Il va falloir que je consulte, par contre: j'ai la dent dure, ces derniers temps...

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  2. Je l'ai soigneusement évité à cause du casting (j'aime bien Owen Wilson mais Jenifer Aniston me fait fuir loin. Très loin) et puis je n'avais pas été emballée par le résumé. Visiblement bien m'en a pris. (cela dit, ces derniers temps, je ne regarde que des bons gros navets alors un de plus ou un de moins...)

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    1. A mon avis (mais ce n'est que mon avis, et il n'est pas forcément représentatif, comme tu as pu le lire ci-dessous), tu as bien fait de contourner ce film.
      Merci de ta fidélité, Melissa.

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  3. Je suis une inconditionnelle de Woody, donc je le verrai de toutes façons ! Mais je suis déçue de constater que les critiques pour le moment ne sont pas au top...

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    1. Attention, Chonchon, ce film-là a la couleur du Woody Allen, mais ça s'arrête là. A mes yeux, ça ne vaut en rien un des opus du maître, fût-il au nombre de ses moins bons.
      Merci de ta fidélité à ces colonnes !

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