samedi 17 février 2018

Paris pieds nus (2017)


Souvent diffusés de façon confidentielle, les films d'Abel et Gordon ont pourtant une identité propre, un ton qui n'appartient qu'à eux. Puisant leurs inspirations dans les comiques d'antan (et par là, j'inclus autant Charlie Chaplin que Jacques Tati), c'est dans un univers burlesque, toujours tendre et assez décalé qu'ils invitent les spectateurs de leurs films. J'avais apprécié, il y a quelques années, "La fée", alors réalisé avec Bruno Romy, leur complice depuis plusieurs années. Il était logique que je me penche sur "Paris pieds nus", leur dernier opus (cette fois en duo).

Vivant dans le froid du Canada, Fiona décide un jour de rejoindre Paris, où  habite : sa tante Martha l'appelle au secours car elle craint d'être placée de force en maison de retraite. Arrivée sur place, encombrée de son gros sac à dos, Fiona n'est pas au bout de ses peines : Martha n'est pas du genre à rester en place. 
Heureusement (ou pas), elle tombe sur Dom, un sans-domicile-fixe un rien cynique mais charmeur, qui a planté sa tente au pied de la Statue de la Liberté (celle de l'île aux Cygnes, à Paris). Entre quiproquos et poursuites, Fiona va tenter de retrouver sa tante. 

On a l'impression en visionnant "Paris pieds nus" que, l'espace d'un film, la caravane du cirque d'Abel et Gordon s'est arrêtée dans la capitale française, après sa précédente halte au Havre. Le duo reste fidèle à ses modèles et convoque plus précisément le Chaplin des "Lumières de la ville".

Si l'intrigue est simple et utilise essentiellement un comique de situation, souvent poétique et burlesque, c'est avant tout la naïveté qui est à l'honneur. Vous savez quoi ? Une fois de temps en temps, aborder le monde avec candeur est salutaire. Le pas de côté que font les protagonistes de ce petit conte parisien est une parenthèse délicate et finalement utile à ceux que le trop-plein d'effets, quels qu'ils soient. 

Dans cet opus parisien, les instants de grâce sont nombreux et sont souvent le fait des acteurs, venus là pour ravir le public, fût-il confidentiel. On sera ému parce que c'est le dernier rôle d'Emmanuelle Riva, particulièrement malicieuse et canaille. L'apparition, brève mais déterminante, du grand Pierre Richard ravira les admirateurs de ce grand monsieur de la comédie (dont je suis). Et, au centre du spectacle, Fiona Gordon et Dominique Abel assurent le show, du début à la fin, maîtrisant à la fois l'émotion et le comique. 


Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film avec un acteur que j'adore (Pierre Richard)"

2 commentaires:

  1. 100% d'accord avec toi sur ce coup-là, Laurent. Et mine de rien, ce genre de petits films dit quelque chose de notre époque. J'ai aimé tous les Abel / Gordon (+ Romy) que j'ai découverts. Il me reste à voir leur premier, "L'iceberg".

    Bon week-end ! :)

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    1. Merci, Martin : c'est effectivement un film qui fait du bien. Très bon week-end, ami cinéphile !

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