dimanche 4 novembre 2018

La nuit a dévoré le monde (2018)



Les films de genre français sont rares et, dans l'horreur, n'en parlons pas. Pourtant, le propos du film de zombies est sans frontière. Alors, quand se présente l'occasion d'assister, du moins à l'écran, à ce qui se passe lorsqu'une épidémie transforme les humains en monstres, difficile de passer à côté de l'occasion. Si l'on est client du genre, évidemment, il est peut-être temps de donner une deuxième chance à "La nuit a dévoré le monde", de Dominique Rocher, adapté du roman éponyme de Pit Argamen, alias Martin Page. 

Alors qu'il se rend chez son ex-petite amie pour y récupérer quelques affaires, Sam, trentenaire parisien, ne sait pas encore qu'il va se retrouver seul, alors que toute la population a été transformée en zombie avides de chair fraîche. Le voilà donc seul, contraint à la survie. Sam va passer par différents stades, entre survie et folie. Et s'il était vraiment le dernier homme en vie ? Et si la nuit avait vraiment dévoré le monde ? 


La fête dans laquelle Sam fait irruption et à laquelle il ne peut ni ne veut assister est-elle un monde qui tombe et ne veut le voir ? Toujours est-il qu'au réveil, le jeune homme est comme le héros de "Vingt-huit jours plus tard", seul au milieu d'une capitale prises d'assaut par des morts-vivants. Le parallèle peut s'arrêter là : Sam décide de se cloîtrer et organise sa survie dans un terrain très délimité. Il y a là un parti-pris et sans doute aussi une différence de moyens. 

Malgré un budget sans doute ridicule en regard de bon nombre de productions actuelles, "La nuit a dévoré le monde" (dont, j'avoue, j'adore le titre et l'affiche) produit son petit effet sur le spectateur. Certes, on ne bondit pas de terreur, on est rarement pris aux tripes par une attaque surprise de zombies, mais l'angoisse est là, latente, surtout parce qu'aucune explication n'est fournie : pourquoi toute la population se change-t-elle en une grouillante masse affamée de tout ce qui vit ? Pourquoi Sam est-il épargné ? Faute de réponses à ces questions, le spectateur doit s'accrocher à un seul fil : le personnage central, remarquablement interprété par Anders Danielsen Lie (qui a endossé tout récemment le rôle principal de "Un 22 juillet"), un acteur que l'on devrait bientôt revoir au tout premier plan, si mon flair ne me trompe pas. Souvent filmé au plus près, son personnage attache autant qu'il horripile parfois : tout simplement humain, il est comme un guide qu'on suit, parce que c'est le seul à pouvoir nous sortir de là (ou pas, d'ailleurs). 

Partant d'un postulat des plus classiques dans son registre et doté de moyens limités, "La nuit a dévoré le monde" est à ranger dans la catégorie des films de genre réussis, et pour qui on aurait voulu plus de visibilité et de succès lors de sa sortie. Il n'est pas trop tard pour lui donner une nouvelle chance, si vous êtes amateurs de ce type de cinéma (et du discours qu'il véhicule, assez peu optimiste sur l'humanité).




8 commentaires:

  1. Pas vu & pas emballé non plus.
    'Un 22 juillet' avec l'impressionnant Danielsen je recommande ;-)
    Bon dimanche l'ami.

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    1. Je prends note de ta prescription sur "Un 22 juillet", Ronnie. Merci !
      Bon dimanche, ami cinéphile :)

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  2. Je l'ai laissé passer au cinéma, mais je tâcherai de le rattraper un jour ou l'autre. Il faut, je crois, encourager l'audace de ce genre de films français difficilement financés.

    Merci à toi d'en avoir dit quelques mots.

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    1. Oui, le cinéma de genre est souvent coincé au fond du placard français : l'en faire sortir de temps à autre me paraît salutaire.
      Merci de ton passage, Martin !

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  3. Pas encore vu 22 Juillet, mais je me laisserais bien tenté par celui-là en attendant. Affiche très réussie, je confirme.

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    1. Je vais tenter de voir "Un 22 juillet" et ferai un retour dans ces colonnes.
      Merci d'être passé dans le coin !

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  4. (bon je vais finir par me laisser tenter par Un 22 juillet !)
    Plutôt satisfaite par ce long-métrage assez oubliable mais plutôt bien interprété et qui interroge avec une certaine habilité sur la solitude de l'homme. Et effectivement, j'adore aussi le titre et l'affiche du film !

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    1. Pour une fois qu'un film (de genre, qui plus est) est réussi tant sur le fond que sur la forme, il faut le signaler. Ravi que tu l'aies apprécié aussi, Tina. Merci de ta fidélité !

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