Pour les amateurs de cinéma de science-fiction, John Carpenter, l'un des derniers artisans indépendants de ce créneau phagocyté par les grands studios, est un mythe vivant. Auteur de nombreux grands classiques du cinéma de genre (on citera, en vrac, "The Thing", "Christine", "Halloween") le bonhomme n'a jamais cependant reçu dans son pays d'origine la reconnaissance qu'il a en France, par exemple. "New York 1997", sorti en 1981, mettait pour la première fois en scène Snake Plissken, interprété par Kurt Russell, lui aussi rangé dans la catégorie des irréductibles indépendants du septième art, des fortes têtes du cinéma américain.
En 1995, alors qu'ils finalisaient la sortie DVD de leur "New York 1997", Carpenter et Russell décidèrent d'y donner une suite. Réussissant par on ne sait quel miracle à obtenir des pontes de la Paramount un budget plus que confortable (50 millions de dollars) pour tourner ce qui est plus un remake qu'une suite, il faut bien l'avouer. Malheureusement, le film ne connaîtra pas le succès attendu par ses producteurs et Carpenter renoncera à tourner un troisième opus des aventures de Plissken (ce qui n'est sans doute pas plus mal) et devra oublier les budgets pharaoniques pour retourner à ce qu'il maîtrise le mieux.
Depuis son sauvetage réussi du président américain (dans "New York 1997"), Snake Plissken a disparu de la surface de la Terre. Pendant ce temps, les Etats-Unis sont passé sous la dictature d'un président ultra-conservateur. Tous ceux qui n'entrent pas dans le moule très étroit de la normalité sont déportés vers Los Angeles, séparé du continent depuis que le "Big One", le séisme tant redouté, a dévasté la Californie. Seulement, voilà : la fille du président, en opposition totale avec son fasciste de père, a décidé de filer rejoindre le leader des guerilleros de Los Angeles, sorte de Che Guevara post-apocalyptique, emportant avec elle la clé d'une arme menaçant la planète toute entière. Un seul homme au monde peut récupérer cette boîte noire : le plus "bad-ass" de tous les héros, j'ai nommé Snake Plissken.
Cette nouvelle aventure d'un des anti-héros les plus célèbres du cinéma fantastique reprend, grosso modo, le schéma du premier opus, en les mettant à la mode de l'époque, tant bien que mal. Alors, oui, les effets spéciaux sont assez ratés, il faut l'avouer tout de suite, même pour l'époque (rappelons que Spielberg a sorti peu de temps avant "Jurassic Park", qui redéfinit pas mal de standards en matière d'images de synthèse). Il faut dire que la société chargée des effets spéciaux coula avant d'avoir pu finir le travail : ceci explique sans doute cela.
De même, les seconds rôles sont bien pâles en comparaison du premier opus des aventures de Snake. Stacy Keach n'a pas le charisme de Lee Van Cleef, et Cliff Robertson, sans être mauvais, n'est pas Donald Pleasance. De même George Corraface n'arrive pas à la cheville d'Isaac Hayes et même Steve Buscemi est assez agaçant dans le rôle du perpétuel traître.
A la caméra, le vétéran Carpenter assure, une nouvelle fois, et réussit cependant à faire passer son message dans quelques scènes marquantes : s'en prenant à Hollywood et son industrie (de la vanité des studios à la dictature de l'apparence et du politiquement correct), puis à l'Amérique toute entière (le Président du film ferait passer Mitt Romney pour un dangereux libertaire) et enfin à la civilisation entière. La scène finale est sans doute la plus délectable de toutes. Ecrite par Russell lui-même, elle est suffisamment culottée pour justifier le visionnage du film, d'ailleurs.
Au final, l'impression générale qui ressort de "Los Angeles 2013" est que John Carpenter et Kurt Russell ont joué un joli tour à la Paramount, et à Hollywood en général. Se faisant confier les clés du plus grand magasin de jouets de la planète, tous deux s'éclatent à y rejouer "New York 1997" et à donner de grands coups de tatanes dans la jolie vitrine d'Hollywood, ce qui reste assez délectable, reconnaissons-le.
En ciblant un peu mieux leur scénario, et en évitant l'escalade (parce Snake a droit à des poursuites en voiture, en moto, à un coup de surf en plein tsunami et un petit voyage en deltaplane, ce qui fait tout même beaucoup pour un seul homme, vous en conviendrez), Carpenter et Russell auraient pu réussir parfaitement leur coup et secouer Hollywood avec un film digne de rester dans les mémoires. Un cran en-dessous de son illustre prédécesseur, "Los Angeles 2013" ne vaut pas l'original.
Nostalgie, quand tu nous tiens...
En ciblant un peu mieux leur scénario, et en évitant l'escalade (parce Snake a droit à des poursuites en voiture, en moto, à un coup de surf en plein tsunami et un petit voyage en deltaplane, ce qui fait tout même beaucoup pour un seul homme, vous en conviendrez), Carpenter et Russell auraient pu réussir parfaitement leur coup et secouer Hollywood avec un film digne de rester dans les mémoires. Un cran en-dessous de son illustre prédécesseur, "Los Angeles 2013" ne vaut pas l'original.
Nostalgie, quand tu nous tiens...
Vu uniquement la séquence où Snake fait du surf, séquence bien nanardeuse par ailleurs. Pas vraiment tenté par cette suite, surtout que je ne suis pas un fan inconditionel de NY 97. Je préfère davantage certains des films méconnus de Big John comme Jack Burton ou Invasion LA.
RépondreSupprimerJe trouve le premier opus vraiment supérieur...après, je ne suis pas un expert de l'oeuvre de Carpenter : il faudrait que je prenne le temps de regarder ses classiques.
SupprimerMerci de ton passage !
Par exemple, je trouve Invasion LA, Jack Burton, Halloween ou Assaut vraiment supérieurs à NY 97, même s'il reste un grand cru de Big John.
SupprimerCa fait des années que je veux voir "Jack Burton". Il faut absolument que je remédie à cette lacune.
SupprimerIl est sorti il y a deux ans en BR avec le DVD intégré.
SupprimerC'est sûr que des films comme Assaut, The Thing ou Halloween sont de bien meilleures factures; pour moi, ce sont des chef-d'oeuvre tout simplement). Le gros défaut de ce LA 2013 est évidemment le côté raté des effets spéciaux et les seconds rôles bien moins savoureux que dans le premier. Mais l'intérêt est, comme tu le dit, le coup porté à Hollywood et son système par le message politique du film et ça, c'est juste énorme.
RépondreSupprimerAbsolument...ce film se regarde sans déplaisir, mais reste "mineur", en termes de cinéma.
SupprimerMerci de ton passage
J'adore ce film qui vaut vraiment le coup d'oeil...
RépondreSupprimerJe lui préfère cependant son prédécesseur ("New York 1997") et te le recommande donc fortement !
SupprimerMerci d'être passé.