lundi 19 novembre 2018

Silence (2017)



Remake d'un film japonais de 1971, lui-même adaptation du roman de Shūsaku Endō, "Silence", dernier film de Martin Scorsese en date, a fait couler l'encre lors de sa sortie, mais n'a pas attiré énormément de spectateurs en salles. A mille lieues des petits truands new-yorkais ou des mafiosi qui offrirent à Scorsese ses lettres d'or, l'histoire de "Silence" peut décontenancer, voire décourager le spectateur potentiel. Ce film peut aussi intriguer : offrons-lui une nouvelle chance.


Au XVIIème siècle, au Japon, le christianisme est interdit et ceux qui s'adonnent à cette religion sont persécutés. Deux missionnaires jésuites portugais, Rodrigues et Garupe, s'embarquent malgré tout vers cette terre hostile, afin de savoir ce qui est advenu du Père Ferreira, disparu quelques années plus tôt et dont on dit qu'il a fini par abjurer sa foi...
La croisade qu'ils commencent leur fera découvrir un autre monde.

Lorsque s'achève "Silence", on peut avoir une curieuse impression, pas très éloignée de ce qu'avait pu susciter en son temps "La passion du Christ". Les tourments infligés aux chrétiens, dont la simple vision est souvent à la limite du supportable, sont exposées à de nombreuses reprises. Brûlés vifs, décapités, noyés (et j'en passe), ceux que rencontrent les deux héros du film vivent l'enfer sur terre et on se demande s'il était bien nécessaire de multiplier ces scènes. 

Martin Scorsese a-t-il voulu livrer un film sur la religion ou sur sa religion ? Manifestement subjectif, "Silence" peut être vu comme la profession de foi d'un grand cinéaste (qui offrit d'ailleurs la première projection au Vatican). Ce qui aurait sans doute dû rester une démarche personnelle est donc étalé sur grand écran. On pourra regretter que Scorsese utilise son art ainsi, ou s'en féliciter.

S'il est, par contre, un point sur lequel "Silence" peut mettre tout le monde d'accord, ce sont ses magnifiques décors et sa photographie sublime, qui immergent immédiatement les personnages dans le Japon du XVIIème siècle. L'interprétation est également au nombre des points forts du film : Andrew Garfield, en figure christique (parfois excessivement, cela dit) et Adam Driver (qui montre, si c'était nécessaire, qu'il peut tout jouer), pour ne citer qu'eux, sont investis presque religieusement (décidément !) dans leurs personnages.

Ce n'est pas la première fois qu'un film me laisse plein de désarroi. Au sortir du visionnage de "Silence", entre sa beauté plastique, sa sincérité et son prosélytisme, je ne sais que penser de ce voyage au bout de l'enfer.


7 commentaires:

  1. Décors et photographie sublime on est raccord, pour le reste beaucoup de bruit, faible écho.
    ++

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    1. Nous sommes globalement sur la même longueur d'onde, Ronnie. J'ai été peu enthousiasmé par ce Scorcese, j'avoue.
      Merci d'être passé, l'ami !

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  2. Hello Laurent. On en avait déjà parlé, non ? Personnellement, j'ai beaucoup aimé ce film. Sa violence ne m'a pas dérangé, au contraire: elle m'a semblé réaliste et je ne l'ai pas trouvée tellement plus intense que celle que Scorsese nous réserve habituellement. Le film est, de plus, une bonne adaptation du livre, plus resserré sans doute, et probablement un peu "sec" pour nos us et coutumes occidentales.

    Heureux que tu soulignes le talent de mise en scène !

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    1. Je me rappelle de ton article enthousiaste à son sujet, effectivement. Il aurait sans doute fallu que j'aie lu le livre originel pour mieux goûter ce film.
      Merci de ton passage, Martin !

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  3. Un bon et beau film mais il manque un souffle époque plus passionnant.

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    1. Malgré ses évidentes qualités plastiques, je n'ai pas réussi à y trouver ce souffle, comme tu as pu le lire.
      Merci du passage !

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  4. Je suis prête à laisser une nouvelle chance à ce film qui m'a souvent décontenancée alors que je vois où Scorsese veut en venir. Certaines séquences sont également très fortes. Mais c'est vrai qu'il faut vraiment se plonger dans le film et c'est pas si évident face à tant d'exigences.

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