mercredi 1 avril 2020

Arrêtez-moi là (2014)


La descente aux enfers d'un homme comme les autres peut être terrifiante. On frémit parfois à la pensée d'erreurs judiciaires dramatiques, qui brisèrent des vies, basées sur un rien. Souvent couchées sur le papier, ces histoires ont parfois donné lieu à des films. Ainsi, "Arrêtez-moi là", réalisé par Gilles Bannier, était tiré d'un roman, lui-même inspiré de faits réels. Pour son premier long métrage, ce réalisateur, œuvrant essentiellement pour le petit écran, ne rencontra pas un grand succès. Le moment est venu de se pencher sur ce film.

Samson, chauffeur de taxi à Nice, n'aurait pas du accepter cette course. Pourtant, entre sa cliente et lui, le courant est bien passé. Quand la fille de cette femme disparaît, et contre toute attente, les preuves s'accumulent contre Samson. 
En un rien de temps, le paisible chauffeur de taxi mélomane va devenir le coupable idéal. Pourra-t-il encore prouver qu'il est innocent, alors que la machine judiciaire se met en marche et s'apprête à le broyer ?

Les faits réels inspirant le roman originel s'étaient déroulés aux Etats-Unis et, pour en tirer "Arrêtez-moi là", Gilles Bannier, scénariste en plus d'être réalisateur, a sans doute procédé à quantité d'aménagements. Cela dit, la première partie du film, celle où l'étau se resserre sur le pauvre Samson, est plutôt réussi. Le quotidien d'un homme ordinaire y est décrit avec une précision quasiment documentaire, laissant le spectateur s'attacher au héros, avant de projeter ce dernier dans les affres de l'erreur judiciaire. Avoir confié le premier rôle au très talentueux Reda Kateb est d'ailleurs une des meilleures idées du film, tant cet acteur donne vie à son personnage. 

C'est dans la deuxième moitié de "Arrêtez-moi là" que commencent les problèmes, avec notamment l'arrivée de personnages qui nuisent à l'intrigue. Celui de l'avocat commis d'office pour défendre le cas de Samson, et qui apporte une dose incongrue d'humour dans ce qui est avant tout un drame, est à ce titre exemplaire. Ensuite, on peut déplorer que le scénario se focalise sur les démêlés judiciaires de Samson et sur les démarches lui permettant d'envisager sa vie après ce drame, tout en délaissant complètement le rapt dont il est accusé. Même si le propos principal concerne le personnage incarné par Reda Kateb, il en ressort un déséquilibre qui nuit à l'ensemble du film. 
Si le film tient finalement debout, c'est surtout grâce à Reda Kateb (oui, je me répète) qui, par son immense talent, sauve les scènes les moins convaincantes de "Arrêtez-moi là" et incite le spectateur à l'indulgence. Derrière lui, les prestations des autres interprètes paraissent bien pâles, qu'il s'agisse de Léa Drucker ou d'Erika Sainte (une actrice qu'on aimerait voir plus souvent, cela dit).

Malgré un dénouement un poil décevant et un scénario maladroit, "Arrêtez-moi là" tient une bonne partie de ses promesses. Mais c'est surtout son interprétation qui sauve ce film de l'oubli. Ce n'est ni la première, ni la dernière fois.


2 commentaires:

  1. Bonjour Laurent, le roman de Iain Levison était bien. J'ai regretté de ne pas voir le film. Mais il n'est pas resté longtemps à l'affiche. Mais je sens que je n'ai manqué grand-chose. Bonne journée.

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    1. Bonjour Dasola, c'est essentiellement la prestation de Reda Kateb qui vaut le déplacement dans ce film. Je n'ai pas lu le roman dont il est tiré et sens que j'aurais du préférer la lecture au film.
      Merci de ton passage, Dasola !

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