mardi 17 novembre 2020

La bonne épouse (2020)

Malgré de bonnes, voire excellentes critiques, "La bonne épouse" fut percuté de plein fouet par la crise sanitaire et peina à rembourser son budget. Mais ne doit-on incriminer que ce satané virus ? Le film de Martin Provost (déjà remarqué pour "Sage femme" et "Séraphine", entre autres) disposait d'un beau casting et empoignait à bras-le-corps un pan d'histoire qui pouvait faire réfléchir. En ces temps où la femme entrevoit enfin le moment où ses droits seront reconnus, "La bonne épouse" aurait sans doute pu résonner plus fort. Jetons un coup d'oeil dans le rétroviseur, si vous le voulez bien.

Fin des années 1960, en France. L'école que tient Paulette Van der Beck a une mission : apprendre aux jeunes filles qui lui sont confiées  à devenir de bonnes épouses. Les cours qui y sont dispensés leur apprendront à faire la cuisine, le ménage, la couture et à se plier au devoir conjugal. Mais la France frissonne, ces années-là et les pavés ne vont pas tarder à se soulever, eux aussi. 
L'école Van der Beck survivra-t-elle aux temps qui changent ?

On pourra, avec un rien de mauvais esprit, soupçonner Martin Provost d'avoir voulu surfer sur la vague (légitime et bien tardive) féministe actuelle.  En effet, au visionnage de "La bonne épouse", on se rend vite compte que le film est basé sur une bonne idée (l'existence avérée et encore toute récente de ces écoles), mais qu'il ne l'exploite qu'en tant que décor. Ayant tiré toutes ses cartouches dans les scènes d'exposition, le réalisateur (également scénariste) doit injecter dans son film des intrigues secondaires, pas forcément réussies et souvent contre-productives. Virant parfois au vaudeville, "La bonne épouse" oublie son intention initiale et compromet son message.

Ne sachant pas trop comment utiliser son sujet de base, qui tient finalement plus du décor que de l'intrigue, Martin Provost y ajoute quelques événements et intrigues (notamment une romance amoureuse qui paraît bien artificielle), et conclut son film d'une façon désarmante, pour ne pas employer un épithète plus défavorable

Les comédiennes en tête d'affiche ne sont pas celles qui honorent le plus le film. Leurs rôles les poussant à la caricature, elles peinent à donner de la consistance à leurs personnages et à les rendre totalement crédibles. Ce sont finalement les jeunes comédiennes qui incarnent les pensionnaires de l'école Van der Beck qui s'avèrent les plus convaincantes. Gageons que nous reverrons bientôt certaines d'entre elles au grand écran (quand ceux-ci s'offriront de nouveau à nous).

Partant avec les meilleures intentions "La bonne épouse" fait figure de pétard mouillé. En confondant propos et décor, Martin Provost nous offre une comédie dramatique là où l'on pouvait attendre un film portant un message. Malgré une reconstitution solide et une jolie distribution, le rendez-vous est manqué. 



6 commentaires:

  1. Je te trouve très dur. Le sujets des revendications émergentes sont présentes même si elles ne sont que survolées. Toutes les actrices sont excellentes même si un peu caricaturée. Le plus gênant reste l'histoire d'amour qui prend beaucoup trop de place.

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    1. Force est de constater que je suis passé à côté de ce film. Ca ne sera pas la première fois, mais je suis sincèrement content que d'autres y retrouvent leur compte !

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  2. Je ne l'ai pas vu mais c'est un retour assez similaire qui m'a été fait par des amis qui s'y sont essayés. L'aspect caricatural peut toutefois être volontaire et assumé dans le cadre d'une comédie. je pense à Binoche dans "Ma Loute" de Bruno Dumont qui s'amusait à en faire des tonnes aussi.

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    1. Effectivement, j'ai trouvé qu'elle ne faisait beaucoup, et sans doute trop à mes yeux. Merci du passage, Prince !

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  3. Bonjour Laurent, j'ai vu le film à la sortie du premier confinement et ma déception fut la hauteur de mon attente. j'ai trouvé l'ensemble poussif et pas drôle. Bon dimanche.

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    1. Bonjour Dasola...merci, je me sens moins seul, sur ce coup là :-)

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