vendredi 19 octobre 2012

Clones (2009)



Le thème du clonage peut donner le pire et le meilleur, en matière de film. J'ai déjà évoqué, en ces colonnes, le sort funeste de "Never let me go", hélas moins couronné de succès que "The Island". On pourrait également parler de "A l'aube du sixième jour", vieux nanar mettant plus en valeur les biceps de Schwarzie que la thématique du clonage. En 2009 Jonathan Mostow (qui avait peu avant réalisé le médiocre troisième opus de la franchise "Terminator") nous proposait "Clones", avec dans le premier rôle Bruce Willis, dont la carrière hoquetait sérieusement depuis quelques années. Dans cette adaptation d'un comic-book (non traduit en France à ma connaissance), une nouvelle fois, nous nous aventurons sur le territoire de l'anticipation.

L'idée de base de "Clones" était séduisante, sur le papier : dans un futur pas si lointain, grâce aux innovations technologiques, les hommes peuvent vivre par le biais d'androïdes qu'ils pilotent à partir de chez eux. Il n'est donc plus besoin de bouger de son "home sweet home", chacun a l'apparence dont il rêve...
Mais, un jour, un clone est assassiné, entraînant la mort de son propriétaire, le fils de l'inventeur de cette technologie révolutionnaire. Tom Greer, agent du FBI chargé de l'enquête, va tenter de tirer au clair cette affaire.

A la lecture du pitch de base, on pouvait espérer un film de science-fiction jouant plus sur le questionnement que sur l'action. Hélas, malgré une intrigue plutôt complexe, le film fut vendu comme un action-movie, mettant en avant les talents de Bruce Willis pour les rôles physiques (ce qui est bien dommage, il a fait preuve d'un réel talent dans "Incassable", par exemple). Résultat : ne sachant sans doute à quoi s'en tenir, le public bouda "Clones" à sa sortie.

Sans vous hurler à la publicité mensongère, il faut bien reconnaître qu'il ne s'agit dans ce film pas de clones à proprement parler, mais plutôt d'avatars. Manque de bol, ce titre était déjà pris.
Plus sérieusement, le titre original du film ("Surrogates") bien que difficilement traduisible (son équivalent français, "substituts" est loin d'être parlant), était plus éloquent que sa version française. Loin d'une réflexion sur le clonage, on aurait donc pu s'attendre à un film mettant en évidence les dangers d'une représentation virtuelle des individus. A mon sens, "Clones" aurait donc pu parler des nouveaux échanges, tels que les définissent les omniprésents réseaux sociaux. C'est plus fort que moi, le film de science-fiction peut-être plus qu'un divertissement et poser des questions pertinentes.

C'est d'autant plus regrettable que l'esthétique du film est tout à fait remarquable. Les clones en question sont tous d'une beauté plastique excessive qui induit un véritable malaise : où est le vrai, où est le faux ? On pourrait se poser la question, si seulement on en avait le temps. Parce que, figurez-vous, le fort potentiel du film est noyé dans la surenchère de scènes d'action. Du coup, ce qui aurait pu être un long métrage intelligent n'est qu'un film agité et brouillon de plus. Il faut croire que le public n'a pas trop su à quoi s'attendre avec "Clones", puisqu'il bouda ce film lors de sa sortie.

Pour traiter efficacement d'un sujet sérieux comme celui-ci, il faut sans doute s'appeller Andrew Niccol (le réalisateur de "Bienvenue à Gattacca" et "Time out", et scénariste de "The Truman show") et renoncer à toute prétention de blockbuster. Jonathan Mostow, sans doute propulsé dans cette direction par les producteurs, noie hélas le propos de départ dans une overdose d'action digne de Michael Bay.

Faute de pouvoir choisir clairement sa voie, "Clones" ne va nulle part.



9 commentaires:

  1. Je suis d'accord : le film n'aborde rien alors que son sujet est très riche. Mais je pense que cela vient de la trop courte durée du film. Moins d'1h30 pour explorer toutes les thématiques, cela fait vraiment pas beaucoup.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La courte durée du film y est pour beaucoup, mais Jonathan Mostow aurait du oser une approche moins "blockbusterienne", à mon goût. Merci de ton passage !

      Supprimer
  2. J'ai vu ce film à la télévision il y a quelques temps et je l'ai trouvé vraiment sans intérêt. Le film ne m'a même pas intéressé lorsque je l'ai vu, mais j'ai réussi à tenir jusqu'au bout. Je n'ai pas toué le film très photogénique, pas assez recherché au niveau des sujets que l'on peut voir. Ça sent trop l'argent gâché...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Absolument : un sujet gâché.
      Merci d'être passé !

      Supprimer
  3. Moi aussi j'ai été super déçue. Entièrement d'accord avec 2 Flics : trop de thèmes abordés, pas assez de temps pour les développer correctement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La déception semble unanime, pour ce film.
      Merci de ton passage !

      Supprimer
  4. Vu lors de sa diffusion sur TF1. Cela commence avec un bon fond mais c'est moche (quinze tonnes de CGI, la palme à la moumoute et le lifting de Bruce Willis), le scénario ne tient pas et l'un des derniers plans est dans la bande-annonce. Aucun suspense donc d'autant qu'il y avait matière à faire une critique des nouvelles technologies.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement, ce n'est pas joli joli, ce film. Mais le plus dommageable reste qu'il n'utilise pas son sujet pour aborder des thèmes intéressants, alors qu'il n'y avait qu'à se baisser pour les ramasser, ces thèmes...
      Dis, l'ami Borat, tu explores les archives du blog ? ;-)
      Je t'en remercie, en tout cas !

      Supprimer
    2. Oui je me suis dit que je n'avais pas mis mon grain de sel partout! ;) C'est clair que le film a plein de sujets intéressants comme la dépendance à un double de soi-même et surtout à la perte de repères dans un couple. Quand on voit la gueule de Rosumund Pike vers la fin c'est assez alarmant. Mais voilà le film reste un vulgaire blockbuster dont certains effets-spéciaux semblent sortis des années 80.

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.