mercredi 29 août 2012

Chez Gino (2011)


Les films de Samuel Benchetrit ont une tonalité, une saveur unique. Que l'on aime ou pas ce réalisateur à part, force est d'avouer qu'il a su définir, en quelques longs métrages, un ton qui lui est propre. Qu'il s'agisse du particulièrement barré "Janis et John" ou du remarquable "J'ai toujours rêvé d'être un gangster", les précédentes oeuvres de Benchetrit ont leur lot d'admirateurs et également de détracteurs.
 
Le Gino du titre, incarné par José Garcia, tient une pizzeria tant bien que mal, et gère comme il le peut sa petite famille, entre une femme lassée d'avoir épousé un loser et deux enfants qui lui échappent. Alors qu'il vient de faire appel à un cinéaste amateur (joué par Benchetrit lui-même) pour faire sa promotion, son passé le rattrappe. Son oncle, gros parrain de la mafia, est à l'agonie et Gino doit hériter d'une part de sa fortune. Seulement, il y a un hic : pour toucher le pactole, Gino doit prouver qu'il est, lui aussi, un gros bonnet de la pègre brusseloise. Il fait donc appel au même réalisateur pour tourner un documentaire sur ses prétendues activités mafieuses.

Samuel Benchetrit profite à maintes occasion de ce film pour poser un regard attendri sur le septième art, comme il l'avait déjà fait lors de son précédent opus ("J'ai toujours rêvé d'être un gangster"). Il faut cependant avouer que, dans "Chez Gino", l'impression principale est celle d'un joyeux bazar, partant souvent en dérapage, pas toujours contrôlé. Qu'il s'agisse de la réalisation, du scénario ou de l'interprétation, on a parfois le sentiment d'avoir affaire à de l'improvisation. 

Pourquoi pas, après tout ? Si l'exercice est mené avec talent, cela peut être un vrai régal, d'autant plus que l'histoire s'y prête. Il faut d'ailleurs avouer que certaines scènes sont particulièrement jouissives (celle du poney, par exemple).  L'enthousiasme des acteurs y est pour beaucoup, il faut le souligner : José Garcia, moins exubérant qu'à son habitude, Anna Mouglalis, fidèle à son image, Sergi Lopez et même le vétéran Ben Gazzara semblent se moquer d'eux-mêmes avec délice.
 
Alors, que reprocher à ce film ? C'est sans doute sa forme et la légèreté de son scénario qui pêchent le plus... A plus d'une reprise, on a l'impression (comme je disais plus haut) d'assister à un film fait de bric et de broc, l'ensemble de l'édifice tenant par je ne sais quel miracle. Pour les spectateurs habitués à des structures plus solides, c'est évidemment difficile à appréhender. Et pour les cinéphiles exigeants, l'amateurisme dont on pourrait taxer "Chez Gino" (à tort, évidemment) peut également s'avérer gênant.
Au final, "Chez Gino" ne peut sans doute plaire qu'aux fans de ce cinéma qui ne se prend pas au sérieux, même s'il effleure des thèmes qui le sont..
 
A la fois comédie absurde, parodie de film de genre et mise en abyme, "Chez Gino" aurait sans doute mérité un meilleur accueil lors de sa sortie en salles (puisqu'il fut boudé par le public à sa sortie). Même s'il ne s'agit aucunement d'un film inoubliable, ce joyeux chaos mérite amplement une deuxième chance...


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