jeudi 31 janvier 2013

Les aventures du Baron de Münchausen (1988)



Certains cinéastes ont un univers à part, qui n'appartient qu'à eux. Terry Gilliam fait partie de cette catégorie. Cet ancien membre des géniaux Monty Python, au sein desquels il faisait déjà preuve d'une créativité propre (on se souvient tous, je pense, des animations émaillant "Sacré Graal"). Lorsqu'il commença sa carrière "solo" de réalisateur, avec "Jabberwocky", "Bandits bandits", puis "Brazil", on put avoir un aperçu de la loufoquerie et de l'inventivité qui était la sienne. A n'en pas douter, "Les aventures du Baron de Münchausen", vibrant pladoyer en faveur de l'imaginaire écrit en 1785, était destiné à être transposé sur grand écran par lui(1). 
Dans une ville assiégée par les Turcs et sur le point de céder, une troupe de théâtre met en scène les aventures du Baron de Münchausen. Les acteurs sont interrompus par l'intervention d'un vieil homme, qui dit être le fameux Baron. Très vite, il raconte sa version de l'histoire, dans laquelle, avec ses compagnons d'aventure, il a été à l'origine de la guerre contre les Turcs.

Tout au long du film, la réalité et l'imaginaire s'entrelacent, au point que, souvent, on hésite sur ce que l'on regarde : s'agit-il de ce que nous narre le Baron, de la réalité ou des deux ? Malgré un budget plus que conséquent (et moult dépassements), Gilliam ne se laisse à aucun moment déborder par son sujet et maîtrise de bout en bout son sujet. Mené par la main par une petite fille plongée dans les horreurs de la guerre, le spectateur est emporté du début à la fin de cette fable tourbillonnante, comme sur un grand huit de fête foraine.

Esthétiquement superbe, qu'il s'agisse des décors ou des costumes, "Les aventures du Baron de Münchausen" témoigne une fois de plus, après le très barré "Brazil" de l'univers graphique unique de Gilliam. sans cesse à la lisière de la réalité et du conte, le film s'autorise toutes les fantaisies, au nom de l'imaginaire.
Magnifiquement réalisé, il est également remarquablement interprété : John Neville, dans le rôle titre, a une classe et un charisme fou, et est pour beaucoup dans le fait qu'on adhère à l'histoire (pourtant totalement abracadabrante) du Baron de Münchausen. Autour de lui, gravitent des seconds rôles endossés avec délice par (sans ordre de préférence) Eric Idle, Robin Williams, Jonathan Pryce (pour les habitués des films de Terry Gilliam) ou la toute jeune Sarah Polley, le vétéran Oliver Reed ou la délicieuse Uma Thurman (dont l'apparition reste mémorable).

Malgré toutes ces qualités, ce film fut un échec monumental lors de sa sortie. S'agissait-il d'une oeuvre trop exigeante, demandant à ses spectateurs de laisser leur imaginaire les porter ? Toujours est-il que "Les aventures du Baron de Münchausen", même s'il n'est pas exempt de quelques défauts (très mineurs à mes yeux) s'en vint rejoindre le nombre des oeuvres "maudites" de Terry Gilliam, cinéaste hors-normes.

Suite à ce film, Terry Gilliam travailla un temps sur l'adaptation de "Watchmen", avant de ranger cette transposition au rayon de ses (nombreux) projets avortés(2), puis tourna "Le Roi Pêcheur", son premier film américain, avant de livrer "L'armée des douze singes" (qui lui valut -enfin !- un beau succès populaire). Il n'empêche que l'on ne peut que regretter l'insuccès des aventures du Baron de Münchausen. Film majeur dans la filmographie de Terry Gilliam, cette ode à l'imaginaire mérite d'être vue et revue (par les petits et les grands, d'ailleurs)




(1) : même si les aventures du Baron furent adaptées très tôt au cinéma, notamment en 1911 par Georges Méliès.
(2) : le plus célèbre de ces projets étant évidemment son adaptation de "Don Quichotte"

8 commentaires:

  1. Punaise ça fait des années qu'il traîne dans ma DVDthèque et je n'arrive pas à le voir.

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    1. Je pense qu'il mérite mieux que son accueil public de l'époque. A l'occasion, je serais curieux de lire ton avis sur ce film.

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    2. En sachant que j'ai trouvé pas trop mal son Parnassus, lors de sa diffusion sur FR2 durant les vacances (avant je me suis tapé Héroïnes de Krawczyk et Souris city de Aardman ouch!). En sachant que c'est encore très loin du niveau de Brazil, L'armée des douze singes et Bandits, bandits.

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    3. J'ai tendance à classer "Les aventures du Baron de Münchausen" dans le lot des "bons" films de Gilliam, c'est-à-dire aux côtés des trois films que tu cites.

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  2. Vu il y a très longtemps mais je me souviens que j'avais bien aimé. Je serais curieuse de le revoir celui-là.

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    1. Je compte le faire découvrir prochainement à mes enfants, j'espère qu'il les charmera autant qu'il me charma.

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  3. un film très sympa, inventif et délirant, finalement à l'image de la filmo de son réalisateur. Bref, en quelques mots: du tout bon !

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    1. Un véritable hommage à l'imaginaire : un petit bijou que ce film...merci d'être passé !

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