mardi 10 septembre 2013

The Jacket (2005)




Certains films connaissent un parcours difficile, qui finit parfois par déboucher sur un heureux épilogue. Pour d'autres, le long chemin de la production ne mène finalement qu'à l'échec et à l'oubli. Dans le cas de "The jacket", on est dans la seconde catégorie. Ce film indépendant, porté à sa génèse par les producteurs George Clooney et Steven Soderbergh, avait été confié à Antoine Fuqua (le réalisateur du récent "La chute de la maison blanche") avant d'échoir au peu connu John Maybury, metteur en scène de "Love is the devil", qui narrait l'histoire du peintre Francis Bacon. Du côté du casting, la tâche ne fut pas aisée non plus. Après avoir envisagé dans le rôle principal, Colin Farrell, puis Mark Walnergh, c'est enfin Adrien Brody qui prit le relais. Lorsque, finalement, "The jacket" finit par sortir en salles, il reçut un accueil des plus frileux et, hormis pour les cinéphiles les plus curieux, sombra dans l'oubli. Cruel destin pour un film : il n'est jamais trop tard réparer un tel oubli, grâce au généreux marché de la vidéo.

Gravement blessé (au point qu'on l'ait cru mort) pendant la guerre du Golfe, et amnésique depuis, Jack Starks est accusé d'un meurtre dont il n'a aucun souvenir. Enfermé en raison de son état mental dans un hôpital psychiatrique de haute sécurité, il va être le sujet d'une terrifiante expérience. Le Docteur Becker, qui dirige l'établissement, va utiliser Jack comme cobaye dans le cadre d'une méthode qu'il a mis au point : corseté dans une camisole de force et enfermé dans un tiroir de morgue, le pauvre aliéné va être la proie de visions venues du passé mais aussi de l'avenir.

Difficile de raconter l'histoire proposée par "The jacket", tant elle mêle les époques avec brio et aussi parce que je me refuse à tout spoiler. Toujours est-il que sur la partition déjà maintes fois jouée du voyage temporel, John Maybury réussit à imposer sa propre tonalité, au point qu'il est difficile de comparer son film à une autre oeuvre déjà connue (à la rigueur, on pourrait évoquer le remarquable "Effet papillon"). Sur ce créneau extrêmement pointu, il est aisé de rater son coup et de sombrer dans le bancal. L'adhésion du spectateur n'est jamais acquise, tant le style ne pardonne guère. Pour que l'exercice soit réussi, il faut un scénario solide, qui rende presque crédible l'histoire contée. Dans le cas de "The jacket", inutile de tourner autour du pot : le script est en béton armé et l'on adhère sans réserve aux événements qui prennent place sur l'écran. Saluons donc bien bas l'équipe en charge de l'histoire et du scénario, mais également le réalisateur, qui réussit à insuffler une ambiance poisseuse, presque vénéneuse à son long métrage. Filmé à hauteur d'homme, s'efforçant de faire de ses personnages des héros ou des salauds, "The jacket" est un film fantastique profondément humain, ce qui joue en faveur de sa crédibilité (un comble pour un film fantastique).

La distribution est, elle aussi, pour beaucoup dans la réussite du film. Tous les acteurs sont remarquables, à commencer par Adrien Brody, qui prouve l'étendue de son registre, après sa prestation du "Pianiste". Derrière lui, qu'il s'agisse de Keira Knightley (qui trouve ici l'un de ses meilleurs rôles), du trop rare Kris Kristofferson, de Jennifer Jason Leigh ou, dans des rôles minces mais marquants, Brad Renfro et du surprenant Daniel Craig (oui, vous avez bien lu, 007 en personne !), tous participent à la réussite de l'entreprise.

Film de genre doté d'une ambiance remarquable, aux personnages incarnés par des acteurs inspirés et doté d'un scénario qui mérite le détour, "The jacket" aurait mérité mieux que le peu de fièvre qu'il déclencha lors de sa sortie. Pour qui aime les histoires plus complexes que la moyenne et les films fantastiques qui ont une véritable identité, "The jacket" fait figure d'incontournable, malgré le peu d'audience qu'il reçut. N'hésitez pas, si l'occasion vous en est donnée, à lui donner une deuxième chance !


4 commentaires:

  1. J'étais un peu passé à coté lorsque je l'ai découvert la première fois. Ta chronique me donne envie de le revoir, d'autant plus qu'il vient tout juste de sortir en Bluray.

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    1. J'ai vraiment bien accroché à cette histoire et à la façon dont elle est racontée. Je serais curieux de lire ton retour, si tu as l'occasion de le visionner ;-)

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  2. Perso, j'ai adoré ce film. Je vous file mon lien, les gars : http://chonchoncinema.canalblog.com/archives/2009/12/20/27115612.html

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    1. Je viens de le lire...nos avis se rejoignent et j'en suis ravi :

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