Le cinéma espagnol, et en particulier sa branche fantastique, a généré ces dernières années quelques petits bijoux : on songera avec un frisson à de futurs classiques comme "L'orphelinat" ou "Le labyrinthe de Pan". Afin de mieux promouvoir le septième art ibérique, Jaume Collet-Serra (réalisateur du remarqué "Esther" et de "Sans identité") et Juan Sola ont créé la société de production Ombra Films, dont "Mindscape" est la première production. Réalisé par Jorge Dorado (qui fit ses premières armes en assistant notamment Pedro Almodovar et Guillermo del Toro, et dont c'est ici le premier film), le long métrage, pourtant remarqué dans quelques festivals et nominé à plusieurs cérémonies, n'a pas eu l'honneur de sortir dans les salles françaises. Pire encore, il est introuvable en DVD et il faut avoir la chance de disposer des bonnes chaînes pour le visionner.
Employé par la société Mindscape, John Washington a un étrange métier : il pénètre dans l'esprit des gens, afin de comprendre ce qui ne va pas chez eux. Alors qu'il vit douloureusement le deuil de son épouse et de leur fils, il sevoit confier par son employeur une mission a priori simple : comprendre pourquoi la jeune Anna refuse de se nourrir. Cette adolescente pose en effet bien des problèmes à sa mère et à son beau-père.
En étudiant le cas de la jeune fille, John va vite être fasciné : est-elle victime de sévices, ou s'agit-il d'une psychopathe ?
Un héros en proie à un traumatisme, une affaire étrange sur laquelle il doit faire preuve de sa sagacité : on a connu des pitchs plus originaux, certes, mais cette vieille recette a donné aussi quelques perles. Le résumé de "Mindscape" était prometteur : l'esprit humain, surtout lorsqu'il est perturbé, peut donner matière à des histoires passionnantes, souvent complexes, certes, mais souvent accrocheuses. C'est le cas pour ce film, mais en partie seulement, car en refusant de multiplier les rebondissements, "Mindscape" accuse vite quelques longueurs qui pourront décevoir les amateurs du genre. Ceux-là auront tôt fait de se faire leur propre idée sur ce qui se passe, quitte à penser que le film aurait encore gagné en complexité.
La plus grande réussite du film reste cependant son interprétation, en tout point magistrale. Mark Strong, monolithique, donne ici toute la mesure de son talent, jusqu'ici cantonné aux petites lignes des affiches. Face à lui, la jeune Taissa Farmiga (échappée de la série "American Horror Story") est remarquable, conférant à son personnage une aura d'innocence vénéneuse qui ne laisse pas indifférent. Et que dire du reste du casting, tout à fait somptueux...
Enfin, l'esthétique générale de "Mindscape", qu'il s'agisse des décors, de la lumière et même du rythme imposé par sa réalisation et son montage, joue également en la faveur de cette oeuvre qui aurait décidément mérité d'être mise plus en avant. Cerise sur le gâteau, la bande originale est également de bonne facture.
Enfin, l'esthétique générale de "Mindscape", qu'il s'agisse des décors, de la lumière et même du rythme imposé par sa réalisation et son montage, joue également en la faveur de cette oeuvre qui aurait décidément mérité d'être mise plus en avant. Cerise sur le gâteau, la bande originale est également de bonne facture.
Porté par une interprétation sans faille et une réalisation qui fait régner la tension du début à la fin, "Mindscape" souffre hélas d'un scénario qui n'est pas à la hauteur de ses promesses. Ayant placé la barre très haut, le film peut donc décevoir, même si, d'un point de vue purement formel, c'est une grande réussite (pour une première fois).
Je n'en avait pas entendu parler, mais il a l'air intéressant. Je vais essayer de le trouver, au pire un DVD espagnol avec sous-titres améliorera mon espagnol désastreux !
RépondreSupprimerIntéressant, c'est le mot : dommage qu'il ne tienne pas toutes ses promesses, mais il vaut le coup d'oeil.
SupprimerMoi au contraire j'en ai entendu plusieurs fois dans des papiers et les retours sont assez identiques à ton avis. Le scénario peine sérieusement à passionner sur la durée.
RépondreSupprimerIl manque d'épaisseur, et peine à tenir à la distance, effectivement, malgré un début plus que prometteur.
SupprimerPas encore vu, mais l'histoire me tente bien pour un film qui a fait le tour des festivals (à Bruxelles récemment).
RépondreSupprimerJe reste persuadé qu'il aurait gagné à être un peu épaissi : on aurait obtenu là un grand film, je crois.
SupprimerJe suis d'accord, c'est un film plutôt sympa, plutôt bien fait, mais ça manque d'un petit truc. Ici mon billet pour ceux que ça intéresserait : http://chonchoncinema.canalblog.com/archives/2014/04/28/29753718.html
RépondreSupprimerOui, j'avais lu ton billet, peu avant la sortie (programmée) du mien : nos avis se rejoignent, je crois.
Supprimer