mardi 7 octobre 2014

Mosquito Coast (1986)



L'australien Peter Weir a, dans sa filmographie, quelques oeuvres mémorables. Citons, par exemple, "Le cercle des poètes disparus", "The Truman show", "L'année de tous les dangers" ou "Witness". Il a également à son tableau de chasse quelques films qui marquèrent moins les mémoires, comme le délicieux "Green card" ou "Mosquito Coast". Ce dernier, tourné dans la foulée de "Witness", avec dans le premier rôle Harrison Ford, à l'époque au sommet de sa gloire, fait partie de ses échecs commerciaux et critiques. A le revoir aujourd'hui, on peut se poser la question : cet insuccès était-il mérité ?

Allie Fox, inventeur de génie et idéaliste passionné, n'en peut plus de ce qu'est devenu le rêve américain. Un jour, il décide de quitter les Etats-Unis et d'aller s'installer, avec femme et enfants, au cœur de la jungle du Honduras, pour y retrouver la vraie vie.
Là, tel des Robinson modernes, la famille Fox va tenter de commencer une nouvelle vie. Cependant, cette nouvelle existence est loin d'être sans dangers.

"Mosquito Coast" n'est sans doute pas le plus grand film de Peter Weir, mais il porte néanmoins nombre de thèmes forts. Tiré du roman de Paul Théroux, qui participa d'ailleurs à l'écriture du scénario aux côtés du grand Paul Schrader, "Mosquito Coast" résonne un peu plus fort, près de trente ans après sa sortie. La colère d'Allie Fox face à ce qu'est devenu son pays et, par extension, le monde en général, est communicative. Lorsqu'il va jusqu'au bout de ses idées et décide de jeter les bases d'une nouvelle civilisation, entraînant dans sa croisade sa femme et ses trois enfants, on peut se prendre à l'encourager, parce qu'il réalise le rêve de bien de bon nombre d'entre nous.

C'est là la grande force de "Mosquito Coast", que de faire partager au spectateur l'enthousiasme de son héros, sous l’œil admiratif, puis critique de son fils aîné. Remarquable observateur, Peter Weir pose un regard sur le parcours de la famille Fox sans cependant juger leur expérience, laissant au spectateur le soin de se positionner. Il fut un temps, semble-t-il, où le contenu des films n'était pas pré-mâché et où les metteurs en scène faisaient confiance au public pour aborder leurs œuvres sans en livrer toutes les clés.

En plus de la remarquable réalisation de Weir et d'une très belle bande originale signée Maurice Jarre (excusez du peu !), le film est sublimé par des acteurs remarquables. Harrison Ford, qui aurait à l'époque pu se contenter de surfer sur ses rôles les plus connus (Indiana Jones et Han Solo, pour ne citer qu'eux), donne toute l'étendue de son immense talent, en incarnant un personnage tour à tour admirable et détestable, et a rarement été aussi bon. Face à lui, on notera l'immense Helen Mirren et le regretté River Phoenix (qui retrouvera d'ailleurs Ford dans le troisième volet des aventures d'Indiana Jones, avant de disparaître prématurément).

L'interprétation habitée de Harrison Ford (dont ce film est souvent considéré comme étant son préféré) n'y fit rien : "Mosquito Coast" fut boudé par le public et massacré par pas mal de critiques. Avec le recul, on peut regretter que ce film n'ait pas rencontré le succès en son temps. Il n'est pas trop tard pour entendre le message qu'il portait alors : il est toujours d'actualité.





12 commentaires:

  1. Une descente aux enfers familiale qui m'avait bien plu à l'époque, Ford ( c'est Nicholson qui devait interpréter Allie Fox à l'origine ) y est parfait, carrément au sommet de son art même.
    Film sous-estimé, dézingué par la critique, réhabilité depuis. Toujours d'actualité c'est évident.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je l'ai revu tout récemment sur Arte et il m'a encore plus impressionné que lors de son premier visionnage. J'ignorais qu'Harrison Ford avait pris la relève après Jack Nicholson. Merci pour l'info !

      Supprimer
  2. Depuis que je regarde le nom du réalisateur quand je regarde un film, donc finalement depuis assez peu de temps, celui de Peter Weir est grimpé assez haut dans mon Panthéon personnel. J'ai la vague idée de voir tous les films de l'Australien - et ce n'est pas si facile pour certains d'entre eux, j'ai l'impression.

    "Mosquito Coast" ? Il faudrait que je le revoie, car je l'ai vu beaucoup trop jeune pour l'apprécier vraiment, je crois. Je n'étais pas du tout sensible aux rôles à contre-emploi et il me semble que l'ado que j'étais avait détesté Ford là-dedans. Bref... j'ai bien l'intention de lui donner une autre chance.

    Quant aux clés qu'on donne ou pas au spectateur, je me dis aussi que Weir est un spécialiste des films énigmatiques. Si tu ne l'as pas déjà vu et si, malgré tout, tu peux le voir, je te recommande vivement "Pique-nique à Hanging Rock". Tu m'en diras des nouvelles !

    Merci pour ta chronique, Laurent.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je prends note de "Pique-Nique à Hanging Rock", que je n'ai pas encore vu...et attends avec impatience tes billets à venir sur les films de Peter Weir. Ce "Mosquito Coast" vaut le détour, à mon goût...
      Merci d'être passé, Martin

      Supprimer
  3. Excellent film voyage dans la folie de la jungle où River Phoenix tient la dragée haute à un Harrison Ford en parfait contre-emploi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait ! Mon billet ne rend pas assez justice à River Phoenix, impeccable, comme toujours.
      Merci de ta fidélité, Borat !

      Supprimer
    2. D'ailleurs je pense lui rendre hommage dans la Cave de Borat je pense.

      Supprimer
    3. Cette étoile filante du cinéma le mérite amplement. Je lirai cet article avec attention, comme toujours !

      Supprimer
  4. Un film que j'aime bien, beaucoup plus profond qu'il n'y paraît.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ..et qui n'a rien perdu de sa force et de sa pertinence. La preuve, s'il en était besoin, qu'il s'agit d'un grand film.
      Merci de ta fidélité !

      Supprimer
  5. Un film bien dans l'air du temps à l'époque et le retour à la nature. L'année d'avant en 1985 John Boorman réalisait le très beau "La forêt d'Emeraude".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Dans l'air de son temps, mais toujours d'actualité. Il faudrait que je revoie aussi "La forêt d'émeraude", que j'avais beaucoup apprécié...

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.