L'immense (et mérité) succès de "Danse avec les loups" a, dans les années 1990, donné des idées aux scénaristes d'Hollywood. Après des décennies à jouer les mauvais sauvages (à de rares exceptions près), les Amérindiens avaient enfin des rôles dignes d'eux et, surtout, entrevoyaient le repentir de ceux qui avaient tout fait pour les chasser de leurs terres. Nous eûmes ainsi droit à des films souvent inégaux, parfois emplis de bonnes intentions : je citerais, par exemple, le "Géronimo" de Walter Hill, "Le dernier des Mohicans" de Michael Mann ou "Coeur de Tonnerre" de Michael Apted. Mais il existe aussi d'autres films moins remarqués qui s'aventuraient en terre indienne. J'ai récemment découvert fortuitement "Le dernier Cheyenne" et, dans un moment de faiblesse, me suis laissé tenter, espérant trouver une pépite oublié digne d'être redécouverte. Après tout, c'est la vocation première de ce blog, même si elle est souvent cause de déconvenues.
Après l'évasion de trois dangereux détenus durant leur transfert, le shérif Deegan missionne Lewis Gates pour les retrouver : ce redoutable chasseur de primes, habitué à la vie en pleine nature, fut également son gendre et Deegan le tient pour responsable de la mort accidentelle de sa fille. Après avoir remonté la piste des fuyards, Gates découvre, là où il pense qu'ils ont été attaqués, une flèche indienne. Après avoir rencontré la charmante mais opiniâtre Lilian Sloan, archéologue spécialisée dans les civilisations amérindiennes, Lewis va l'entraîner dans un périple que ni l'un ni l'autre ne pourront oublier.
A la lecture de ce pitch, on peut s'attendre à tout, y compris à une bonne surprise. Hélas, je n'irai pas par quatre chemins, c'est hélas le pire qui est au rendez-vous. Malgré des décors sublimes et des acteurs qui ont prouvé par le passé qu'ils pouvaient donner le meilleur, "Le dernier Cheyenne", après les premières scènes, perd vite le bénéfice du doute qu'on avait pu lui accorder.
Une fois qu'on connaît le passif de Tab Murphy, réalisateur de ce "Dernier Cheyenne", l'indigence du scénario se comprend mieux. L'homme est un ancien de chez Disney et pour sa première (et unique à ce jour) réalisation, n'a visiblement pu s'empêcher de filmer une histoire où tout finit par s'arranger, contre toute vraisemblance. Son scénario donne souvent l'impression d'avoir été écrit au fil du tournage, en dépit du bon sens. Si l'on ajoute à cela un montage visiblement commis sous l'emprise de la boisson, le désastre narratif est complet.
Les comédiens, malgré tout le respect que j'ai pour eux, surjouent et n'arrivent pas à rendre leurs
personnages crédibles (mais sans doute n'y croient-ils pas eux-mêmes). Qu'il s'agisse de Tom Berenger (l'une des "gueules" du cinéma des années 1990), de Barbara Hershey ou de Kurtwood Smith, aucun n'arrive à inspirer l'indulgence pour ce film.
Enfin, cerise sur le gâteau, la bande originale (pourtant composée par David Arnold, qui sait être inspiré, j'en veux pour preuve les très belles partitions qui accompagnent les épisodes de "Sherlock", pour ne citer que celles-ci), extrêmement envahissante et déboulant souvent comme un cheveu sur la soupe, n'étant que rarement en phase avec les scènes qu'elle illustre, donne une seule envie : couper le son et se contenter d'admirer les paysages. Car il est là, le seul atout du "Dernier Cheyenne" : les panoramas à couper le souffle du Montana. Mais, jusqu'à preuve du contraire, de beaux décors n'ont jamais suffi à faire un bon film.
Bonjour Laurent. Bien d'accord avec toi pour dire que de beaux décors ne font pas un bon film, surtout quand ils ont déjà été très filmés. En revanche, il arrive que ça puisse sublimer un film déjà très bon (l'exemple de "Danse avec les loups" me paraît évocateur, à ce titre) ou tout simplement à sauver les meubles.
RépondreSupprimerTant pis pour ce "Dernier cheyenne", dont même le titre français paraît très banal. Pour approcher la culture indienne, je continuerai de m'en remettre à quelques vieux classiques. Outre "Danse avec les loups" déjà cité, un bon vieux "Little big man" ou, dans un registre encore différent, le magnifique "Jeremiah Johnson".
Bon week-end, l'ami, et merci quand même pour cette chronique.
Bonjour Martin.
SupprimerOui, de beaux décors peuvent être un écrin superbe, quand l'histoire qui y prend place en vaut la peine. Les films que tu cites entrent évidemment dans ces critères.
Ce dernier Cheyenne là fait tâche dans le paysage, clairement...
Merci de ton passage, ami Cinéphile, à très bientôt
On devrait toujours se méfier de ces titres qui mélangent deux totems du western ("les cheyennes" et "le dernier des mohicans"). Ils sont nombreux les DTV ratés qui ont voulu entrer dans l'ornière des derniers grands westerns. L'histoire que tu décris dans ton résumé me rappelle furieusement celle d'un autre DTV complètement passé aux oubliettes qui s'intitule "Tracker", signé John Guillermin et avec l'excellent Kris Kistofferson dans le rôle principal. Sans être un chef d'œuvre, loin de là, ce petit film de la maison HBO avait au moins le mérite d'afficher une certaine violence rapportée à l'aridité des terres Navajo où se situent les faits.
RépondreSupprimerAh, mais voilà un film qui aurait toute sa place ici : ce "Tracker" m'intéresse énormément.
SupprimerMerci, Prince !
Je crois qu'il est édité par chez nous sous le titre "dead or alive" (allez savoir pourquoi on remplace un titre en anglais par un autre titre en anglais...)
SupprimerAh oui, effectivement, si on brouille les indices, ça devient difficile de le trouver ;-)
SupprimerMerci pour l'information, je me mets en mode "recherche".
J'ai une grande tendresse pour ce film, mais c'est très perso. Je suis passionnée par le monde amérindien et j'éprouve le même sentiment qu'eux vis-à-vis de la terre, qui est à tout le monde. Les voir vivre dans ce "paradis perdu", j'adore...
RépondreSupprimerIl est des films auxquels on pardonne tout, des péchés mignons de cinéma qu'on aime malgré tout...je comprends cela, Chonchon, ça m'arrive souvent.
SupprimerA bientôt