Le film d'aventures français est une denrée rare. Les cinéastes français qui donnèrent ses lettres d'or à ce genre, qu'ils se nomment Verneuil, Enrico ou Clouzot, n'ont pas trouvé de successeurs dignes d'eux. Pourtant, ils sont nombreux, ceux qui se frottent à l'exercice du film de genre, mais il est bien rare que la réussite ou le succès (et je ne vous parle pas de la combinaison des deux) soit au rendez-vous. Dans le cas récent de "600 kilos d'or pur", ni la critique, ni le public ne suivirent.
Un groupe d'aventuriers décide de braquer une mine d'or située en Guyane, et exploitée par des entrepreneurs sans scrupules. Le butin, 600 kilogrammes d'or pur, tout juste extrait des filons voisins, a de quoi faire des envieux.
Mais l'affaire ne tourne pas aussi bien qu'espéré. Quand leur hélicoptère les lâche, la petite troupe se voit contrainte de s'enfoncer dans la jungle, tout en étant poursuivie par les hommes au service de l'exploitation minière. Les fuyards vont devoir affronter la nature, ceux qui les poursuivent, et aussi la fièvre de l'or, qui va vite gagner les membres du groupe.
Eric Besnard a fait ses premières armes en tant que scénariste, notamment sur le très réussi "Le convoyeur". On avait tout lieu d'espérer que son expérience donnerait un film de genre digne de ce nom. Hélas, après "Ca$h" et "Le sourire du clown", son troisième film confirme les craintes qu'on pouvait avoir. Ce n'est pas encore cette fois qu'un film d'aventures français entraînera son spectateur dans des péripéties mémorables. Pourtant, les premières scènes, en jetant un regard intéressant sur l'exploitation des ressources aurifères, "600 kilos d'or pur" disposait d'atouts qu'il n'exploite hélas pas. Une fois expédiée la séquence du casse, c'est la maladresse qui prend les commandes de la réalisation. Les scènes sont souvent répétitives, les symboles assénés avec la délicatesse d'un bulldozer, tandis qu'une bande originale agaçante vient ponctuer les étapes souvent téléphonées d'un scénario plat.
Du côté de l'interprétation, c'est le pompon. Chargés de donner vie à des personnages caricaturaux auxquels il est difficile de croire, les acteurs en font souvent des tonnes, pour alimenter un scénario désespérant de clichés et de facilités. Pataugeant dans l'intrigue autant que dans le fleuve dans lequel ils passent la majeure partie du film, les acteurs donnent l'impression de ne pas croire en l'histoire à laquelle ils participent. De Clovis Cornillac (en baroudeur désabusé mais qui, au fond, a un cœur gros comme ça) à Audrey Dana (en veuve éplorée qui reprend pied en quelques scènes), en passant par Bruno Solo (sans doute le pire personnage du film), tous alignent les pires clichés, incarnant des caricatures d'aventuriers. Même Patrick Chesnais, dont le personnage disposait d'un potentiel intéressant, n'arrive pas à relever le niveau de l'ensemble.
Il y aurait matière à alimenter le propos de ce film, notamment sur l'exploitation brutale et sauvage des ressources et des natifs guyanais par ceux qui exploitent les filons aurifères. Évacué en deux temps trois mouvements, ce thème laisse vite le champ libre à ce qui se veut un périple en territoire de sueur, mais ressemble plus à un parcours du combattant (pour le spectateur). Là où "Blood diamond" réussissait à mixer aventures et discours politique, "600 kilos d'or pur" échoue de façon pataude sur les deux tableaux. Film d'aventure poussif, bourré de longueurs et dont les personnages sont caricaturaux, "600 kilos d'or" est - hélas ! - un échec.
C'est lourd, 600 kilos : ce film est tout aussi pesant.
600 kgs de plomb, on se croirait sur Tf1 le dimanche soir :-)
RépondreSupprimerRien à sauver.
Même les meilleurs alchimistes ne pourraient transmuter ce plomb en or, si tu veux mon avis. Merci d'être passé, Ronnie :)
SupprimerSalut Laurent !
RépondreSupprimerEuh... sans moi ! Et pour faire mon érudit, je t'invite à corriger ta chronique pour citer non pas Georges-Clouzot, mais bien Clouzot, dont Henri-Georges était le prénom.
Pas très envie de voir ce film dont tu dis tant de mal. C'est vrai que c'est dommage de ne pas mieux exploiter un décor finalement peu vu au cinéma. Je ne suis même pas capable de citer un autre film qui se déroule en Guyane... mon érudition est toute relative ;-)
Hello Martin...
SupprimerOh, j'ai laissé passer cette faute, je suis impardonnable (et la corrige tout de suite) : merci de ta vigilance.
Il faudrait que je jette un oeil, à l'occasion à "Jean Galmot, aventurier" qui utilise aussi ce décor, mais de façon beaucoup plus historique (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Galmot).
Merci de ta fidélité, Martin !
Comme tout le monde, je trouve que le film est raté. En plus, il a dû coûter un bras...
RépondreSupprimerAu bas mot, le budget était de 10 millions d'euros.
SupprimerC'est peu, si l'on compare avec quelques gros blockbusters...mais trop, au vu du résultat.
Ouf... il passait récemment à la télé. J'ai résisté (à ma super Cinéphagie aiguë) et je ne l'ai pas regardé.
RépondreSupprimerMon petit doigt me dit que tu as bien fait ;-)
SupprimerL'aventure se laisse regarder, puis oublier tout aussi sec. Il y avait pourtant de belles intentions derrière ce projet.
RépondreSupprimerEncore un rendez-vous manqué pour le film d'aventures à la française. Même si je suis moins indulgent que toi, il est vrai que l'intention était salutaire.
SupprimerForce est de constater que, dès le début, on se rend compte que le résultat est décevant.
Merci d'être passé !