mercredi 11 mars 2015

La cinquième saison (2013)


Attention, le film dont il est question aujourd'hui dans ces colonnes est un objet cinématographique étrange. C'est en tombant dessus par hasard, au hasard de pérégrinations télévisuelles (oui, ça peut arriver) que j'ai découvert son existence. Dernier volet d'une trilogie (après "Khadak" et "Altiplano") co-réalisée par Peter Brosens et Jessica Woodworth, "La cinquième saison", avec son pitch annonciateur de fin des temps, portait de belles promesses. 

Dans les Ardennes belges, un petit village est soudain frappé par une étrange calamité. C'est tout d'abord le bûcher sensé célébrer la fin de l'hiver qui refuse de s'enflammer. Puis les vaches cessent de donner du lait, les semences ne germent plus, les abeilles disparaissent.
Alice et Thomas, deux adolescents, tentent de trouver un sens à ce qui se passe autour d'eux...

"La cinquième saison" fait partie de ces films dont on peut ressortir dans différents états, qui vont de l'enthousiasme béat au rejet total. Les qualificatifs dont on peut l'affubler sont multiples : hypnotique, oppressant, lent, triste, glacial, ennuyeux, fascinant. Une chose est sûre, cependant, c'est un film qui ne peut laisser de glace, malgré la froideur de chacune de ses images (et le thème évoqué des saisons). L'hiver est là et ne veut pas partir, au point d'anéantir les autres saisons. Partant de ce postulat simpliste, et à coup de séquences souvent perturbantes, parfois sans lien les unes aux autres, Peter Brosens et Jessica Woodworth nous entraînent au cœur d'un village perdu dans le temps, où les vieilles croyances ont la peau dure.

C'est beau, souvent magnifiquement filmé, et porteur d'un propos souvent difficile à percevoir sous la couche de glace. Le cinéma belge nous avait bien caché cette facette, qui convoque les grands peintres et le vent froid, mais échouera à chuchoter à l'oreille du spectateur pas assez disposé. Car il faut être prêt à visionner "La cinquième saison" et à y voir ce que ses auteurs ont voulu évoquer. Le fait est que la majorité du public restera froid face à cet interminable hiver (oui, je sais, le mot est facile). On peut alors se contenter des images et des performances remarquables des acteurs (Aurélia Poirier en tête), quitte à avoir le sentiment de passer à côté de quelque chose.

Film à tableaux, à l'esthétique impeccable et glaciale, "La cinquième saison" est un film que ne peut pas laisser indifférent. J'avoue qu'à titre personnel, j'ai été saisi par la beauté de ses images, mais que l'histoire qui nous est (plus ou moins) contée par les réalisateurs ne m'a pas semblé à la hauteur du plumage. Mais, en ce qui concerne "La cinquième saison", c'est dans le domaine du ressenti qu'on se situe. Libre à chacun de laisser parler le sien...ou pas.


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