samedi 21 mars 2015

Mohamed Dubois (2012)




Le choc des cultures a alimenté plus d'un scénario, avec plus ou moins de bonheur. Pour son premier long métrage, Ernesto Ona s'est aventuré sur les territoires déjà explorés par d'illustres prédécesseurs, comme "Intouchables", pour n'en citer qu'un. Avec en tête d'affiche Eric Judor, lui aussi au commencement d'une carrière sans son compère Ramzy, "Mohamed Dubois" n'a pas attiré autant de spectateurs qu'espéré. En ces temps moroses où la moindre comédie est bonne à se mettre sous la dent, méritait-il pareil accueil ?

Arnaud Dubois s'est convaincu qu'il était en réalité le fils de Saïd, le professeur de tennis de sa mère, et non celui de Gérard Dubois, entrepreneur cossu du Vésinet. Après une dispute avec celui-ci, Arnaud décide d'aller à la rencontre de ceux qu'il pense être les siens, et prétend s'appeler Mohamed. Il rencontre alors Mustafa, et tombe amoureux de Sabrina, la sœur de celui-ci. Pour la conquérir, Arnaud décide de devenir arabe. Il ignore encore qu'il va au-devant de maintes péripéties...


L'idée de base de "Mohamed Dubois" pouvait donner lieu à plusieurs traitements, sous le vernis de la comédie. Souvenez-vous du grand message généreux des "Aventures de Rabbi Jacob", par exemple. Ernesto Ona et son co-scénariste Ichem Saïbi ont sans doute songé à leurs prédécesseurs, quand ils ont co-écrit leur film. Mais le fait est qu'ils ont sans doute été victimes d'un cruel manque d'ambition. Évitant d'affronter frontalement le thème essentiel qui s'imposait à eux, les auteurs dirigent rapidement leur film vers un mélange improbable entre comédie romantique, film choral et embrouilles pas très nettes. 

C'est grâce aux acteurs, et particulièrement les seconds rôles, qui sauvent le film. La très jolie Sabrina Ouazani, ainsi que Youssef Hajdi et Mahmed Arzeki, par exemple, sont remarquables d'énergie, au point de souvent occulter Eric Judor, autour duquel tourne pourtant le film. On ne peut que regretter le manque de visibilité de ces acteurs dans le paysage cinématographique hexagonal actuel, tant ils apportent à "Mohamed Dubois" la vie qui manque à son scénario, souvent prévisible. Si les dialogues font mouche, c'est en grande partie grâce à eux.

Alors, certes, on ne s'ennuie pas devant les pérégrinations de Arnaud/Mohamed, et on sourit même souvent. Mais le fait est que "Mohamed Dubois" ne laisse pas un grand souvenir. Pas subversif pour deux sous ni aussi corrosif qu'il aurait pu l'être, ce film n'est finalement qu'une comédie gentillette.


4 commentaires:

  1. Sans être très client de ce genre de comédie, j'avoue que je me laisserais bien tenter parce que tu évoques Rabbi Jacob et parce que Eric Judor (au saut Dupieux).

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    1. J'ai lu tout le bien que tu pensais du cinéma de Dupieux...et cela a éveillé mon intérêt, Prince.

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  2. Le film n'est pas parfait mais Eric me fait rire et certaines scènes sont vraiment drôles.

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    1. Effectivement un petit film plutôt sympathique, même si pas inoubliable...

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