jeudi 26 mars 2015

Elle l'adore (2014)



Le fan, créature étrange vouant toute son admiration à son idole, a déjà inspiré les cinéastes. On se souviendra de l'inconsistant "Le fan", du très revigorant "Looking for Eric", du grand classique "Misery"ou du culte "Last action hero", pour n'en citer que les extrêmes. Admirer un artiste est chose commune, lui vouer un culte en est une autre. En utilisant cette ferveur comme prétexte, Jeanne Herry a construit son premier film de réalisatrice, donnant à Sandrine Kiberlain et Laurent-Lafitte-de-la-Comédie-Française (puisqu'il semble que c'est ainsi qu'il doit être nommé) les premiers rôles d'un film évoluant entre comédie, tragédie et policier.

Muriel a toujours admiré le chanteur Vincent Lacroix, et collectionne la moindre photo, le moindre article consacré à son idole. Elle assiste à chaque concert, chaque émission, fait le planton chaque fois qu'elle peut apercevoir l'artiste, lui écrit souvent, bref : elle l'aime, elle l'adore, comme disait la chanson. 
Muriel est un peu menteuse, aussi, et aime raconter des histoires à ses proches. Mais quand Vincent Lacroix va venir frapper à sa porte pour lui demander de l'aide, Muriel va vivre une histoire qu'elle n'aurait pas oser imaginer, une histoire qui va l'entraîner très loin...

Première réalisation de Jeanne Herry, "Elle l'adore", avec son affiche un peu floue et son pitch étrange, augurait de thèmes riches : la fascination, la dévotion, le pouvoir sont autant de leviers qui firent de belles et fortes histoires. Pour son premier essai derrière la caméra, la jeune réalisatrice ne livre qu'une demie-réussite (ou un demi-échec, selon qu'on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide). La preuve est donc faite qu'il ne suffit pas d'être fils ou fille "de" (je laisse les amateurs de presse people chercher la signification de cette expression) pour assurer la réussite et le succès d'un film. Partant d'une idée pourtant riche de promesses, Jeanne Herry finit vite par faire du sur-place et livre un film intéressant, mais inabouti. La façon dont elle le conclut est particulièrement révélatrice : usant d'un artifice que l'on pourra qualifier de grossier, c'est en queue de poisson qu'elle donne le clap de fin. Dommage. 

C'est du côté de la distribution qu'il faut aller chercher les plus beaux atouts de "Elle l'adore". Si Laurent-Lafitte-de-la-Comédie-Française est (enfin !) d'une belle sobriété, c'est la divine Sandrine Kiberlain qui magnétise l'écran à chacune de ses apparitions. Réussissant à rendre crédible son personnage de fan un brin mythomane, elle prouve, s'il en était besoin, qu'elle est au rang des plus grandes actrices françaises. Les seconds rôles, en particulier Pascal Demolon, Olivia Côte et Muriel Mayette-Holtz, sont remarquables et raviront les amoureux des acteurs. 

Si l'on oublie le dénouement, torpillé par un deus ex machina complètement artificiel (sans doute invoqué par une scénariste incapable de conclure son intrigue), "Elle l'adore", essentiellement grâce à ses deux interprètes principaux (et surtout la délicieuse Sandrine Kiberlain), mérite un coup d’œil, mais pas forcément un deuxième.


6 commentaires:

  1. "Vu par une nuit sombre dans un petit hôtel de cambrouze alors que je cherchais un Peckinpah que jamais je ne trouva" ..... :-)
    Kiberlain & rien d'autre.

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    1. Voilà : elle est juste exceptionnelle (une fois de plus) et sauve le film à elle seule.

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  2. Bonjour Laurent. J'ai l'impression que Sandrine Kiberlain se lâche un peu depuis qu'Albert Dupontel lui a permis de décrocher un César. J'avais un temps envisagé d'aller voir ce film au cinéma, mais je l'ai finalement loupé. Il ne faisait pas partie de mes priorités du moment.

    Un soir, quand il passera à la télé, pourquoi pas ? C'est un peu dingue, cette manie des acteurs-de-la-Comédie-française.

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    1. Il mérite une séance de rattrappage, pour Sandrine Kiberlain, surtout. Tu m'en diras des nouvelles....ou pas ;-)
      Bonne journée, Martin.

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  3. Bonsoir Laurent, ce qu m'a gênée dans le film est que l'on a du mal à croire que Sandrine Kiberlain tombe sous le charme de Laurent Lafitte que je trouve insipide et sans saveur. Bonne soirée.

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    1. Bonsoir Dasola...c'est pourtant "Laurent Lafitte de la Comédie Française", que diable ! ;-)
      Désolé, je ne peux résister à la tentation d'ironiser sur ce titre ronflant.

      A bientôt...

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