Le cinéma social est à la mode, semble-t-il, et je ne suis pas sûr qu'il faille s'en réjouir, tant il met en évidence les faillites de notre triste époque. Produit par Arte et diffusé récemment sur ce qui est sans doute la meilleure chaîne du moment (même si parfois la plus exigeante), "Carole Matthieu" est ensuite sorti dans les salles obscures. Avec, dans le premier rôle la trop rare Isabelle Adjani, ce film social mérite un petit coup de projecteur.
Médecin du travail par choix, Carole Matthieu oeuvre au sein de la Melidem, plate-forme d'appels commerciaux où des télé-conseillers sont chargés de vendre à tout prix des produits à leurs clients. Entre une hiérarchie harcelante et des employés qui s'accrochent à un métier détestable, parce que c'est cela ou rien, Carole tend la main à des gens broyés par leur travail. Mais, à trop voir d'hommes et de femmes tomber, elle en oublie qu'elle aussi, est proche du gouffre.
Si vous souhaitez vous détendre et oublier, le temps d'un film, le quotidien et ce qui est la réalité de bien de nos semblables, passez votre chemin. "Carole Matthieu" est un film réaliste et donc dur, qui plonge son spectateur dans le quotidien professionnel de bien des gens. Sous les lumières froides et le ciel plombé du Nord, où le manteau rouge revêtu par son héroïne peut tenir lieu de balise, ce drame tient, à bien des égards, du documentaire, même s'il est l'adaptation d'un roman, "Les visages écrasés", de Marin Ledun (déjà maintes fois récompensé).. D'écrasement, il est beaucoup question dans cette histoire qui, sauf à se heurter à une inquiétante indifférence, ne laissera personne froid.
Pour incarner l'héroïne de ce drame social, il fallait une actrice hors du commun, capable de donner vie à Carole Matthieu, sans phagocyter le personnage. Isabelle Adjani, assumant son âge et son parcours, et n'hésitant pas à se mettre en danger, incarne magnifiquement Caroline Matthieu, femme et médecin au bord du gouffre, à l'image d'un monde malade. Face à elle, la toujours impressionnante Corinne Masiero, réussit à donner à son rôle la complexité nécessaire. Les autres acteurs, souvent peu connus du grand public, jouent "vrai", ce qui pourrait servir d'exemple à pas mal de leurs confrères plus renommés.
Enfin, la réalisation évite l'écueil du ton documentaire, tout en s'enracinant dans un réalisme qui fait froid dans le dos. On admirera les séquences, souvent troublantes, où la folie guette l'héroïne, femme fracassée, qui tente, tant bien que mal, d'éviter à d'autres la chute qui la guette. Dans ces incursions aux frontières du réel, on frissonne, perplexe, comme au sortir d'un rêve dont on a peur qu'il se réalise. Louis-Julien Petit, dont le "Discount" avait déjà fait forte impression, prouve ici qu'il sait parler de faits de société.
Il est des films qui méritent, par leur sujet, une plus large audience. "Carole Matthieu" est de ceux-là, indéniablement.
Médecin du travail par choix, Carole Matthieu oeuvre au sein de la Melidem, plate-forme d'appels commerciaux où des télé-conseillers sont chargés de vendre à tout prix des produits à leurs clients. Entre une hiérarchie harcelante et des employés qui s'accrochent à un métier détestable, parce que c'est cela ou rien, Carole tend la main à des gens broyés par leur travail. Mais, à trop voir d'hommes et de femmes tomber, elle en oublie qu'elle aussi, est proche du gouffre.
Si vous souhaitez vous détendre et oublier, le temps d'un film, le quotidien et ce qui est la réalité de bien de nos semblables, passez votre chemin. "Carole Matthieu" est un film réaliste et donc dur, qui plonge son spectateur dans le quotidien professionnel de bien des gens. Sous les lumières froides et le ciel plombé du Nord, où le manteau rouge revêtu par son héroïne peut tenir lieu de balise, ce drame tient, à bien des égards, du documentaire, même s'il est l'adaptation d'un roman, "Les visages écrasés", de Marin Ledun (déjà maintes fois récompensé).. D'écrasement, il est beaucoup question dans cette histoire qui, sauf à se heurter à une inquiétante indifférence, ne laissera personne froid.
Pour incarner l'héroïne de ce drame social, il fallait une actrice hors du commun, capable de donner vie à Carole Matthieu, sans phagocyter le personnage. Isabelle Adjani, assumant son âge et son parcours, et n'hésitant pas à se mettre en danger, incarne magnifiquement Caroline Matthieu, femme et médecin au bord du gouffre, à l'image d'un monde malade. Face à elle, la toujours impressionnante Corinne Masiero, réussit à donner à son rôle la complexité nécessaire. Les autres acteurs, souvent peu connus du grand public, jouent "vrai", ce qui pourrait servir d'exemple à pas mal de leurs confrères plus renommés.
Enfin, la réalisation évite l'écueil du ton documentaire, tout en s'enracinant dans un réalisme qui fait froid dans le dos. On admirera les séquences, souvent troublantes, où la folie guette l'héroïne, femme fracassée, qui tente, tant bien que mal, d'éviter à d'autres la chute qui la guette. Dans ces incursions aux frontières du réel, on frissonne, perplexe, comme au sortir d'un rêve dont on a peur qu'il se réalise. Louis-Julien Petit, dont le "Discount" avait déjà fait forte impression, prouve ici qu'il sait parler de faits de société.
Il est des films qui méritent, par leur sujet, une plus large audience. "Carole Matthieu" est de ceux-là, indéniablement.
J'ai entendu parler de ce film dans les médias, mais ai raté sa diffusion à la télévision. Dans tout les cas, je prends note de ta chaude et vive recommandation à le découvrir.
RépondreSupprimerPar contre, "Isabelle Adjani, assumant son âge", concernant une actrice qui s'est jetée dans les bras de la chirurgie esthétique, je ne suis pas sûr que cela soit une remarque pertinente.
Prescription non obligatoire mais tout à fait d'actualité. Merci de ton passage, l'ami.
SupprimerPour ce qui est d'Adjani, je trouve qu'elle assume son âge (je persiste) et son parcours (son passage par la chirurgie fait partie de ce parcours, aussi escarpé soit il). Elle garde son immense présence à l'écran.
Je l'ai malheureusement loupé et je le regrette. Avant ton billet, j'avais entendu plusieurs critiques à la radio, qui l'avaient descendu comme pas possible. Contente donc de lire ici un écho positif !
RépondreSupprimerAu diable ces critiques, j'ai apprécié et j'assume...et je suis content que tu sois contente, Sentinelle ;-)
SupprimerUn film que je veux voir ! Je ne savais pas qu'en plus ça se passait dans une entreprise de télé-marketing. Purée, j'ai fait ça et c'est un vrai cauchemar. Et c'est là que j'ai chopé mes problèmes d'oreilles. Donc ça me parle.
RépondreSupprimerJe te le recommande, même s'il aura un écho particulier chez toi...
Supprimer