Dans les années 1960, la série "Belphégor" fit frissonner la France. A l'époque, l'audience fut telle que n'importe quel directeur de chaîne se damnerait pour approcher le retentissement de cette fiction. Quarante ans plus tard, avant que la série télévisée n'entre dans son âge d'or, le cinéma français tenta l'adaptation de plusieurs fleurons de son patrimoine. Nous vîmes ainsi, avec divers degrés de réussite, des transpositions de "Vidocq", des "Brigades du Tigre" ou des aventures d'Arsène Lupin. Dans la foulée, Jean-Paul Salomé fut aux commandes de l'adaptation de "Belphégor", avec Sophie Marceau en tête d'affiche. Les critiques ne furent pas tendres avec ce film : à tort ou à raison ?
Paris, 2000 : au Louvre, sous la toute récente pyramide de verre, l'examen d'une momie oubliée fait apparaître Belphégor, une entité maléfique. Ce fantôme hante les couloirs du grand musée, la nuit.
Lisa, qui habite en face du Louvre va, en compagnie de Martin, un électricien intrépide, tenter de percer le mystère qui, la nuit, terrifie les gardiens du musée.
Mais le démon ne compte pas se laisser faire. Que cherche-t-il et, surtout, comment le vaincre ?
Drôle d'idée que celle de vouloir adapter une série mythique, pourrait-on se demander ? Qu'y avait-il à ajouter à ce qui avait déjà été dit ? Qu'allait pouvoir apporter un passage au grand écran ? La série se suffisait déjà à elle-même et, quand bien même elle accusait le poids des années, conservait son pouvoir de fascination et de mystère. C'est donc en altérant profondément l'intrigue de base que ce film fut préparé : si vous avez vu (et aimé) le Belphégor de 1965, celui-ci n'a pas grand-chose à voir (mis à part son décor). Hélas pour le présent long métrage, la qualité n'est pas du tout au niveau du matériau originel.
Filmé n'importe comment, au point qu'on se demande souvent si on n'a pas affaire à un téléfilm, oscillant entre comédie, intrigue policière et clip musical, "Belphégor, le fantôme du Louvre" peine à maintenir le spectateur en éveil. Entre les atermoiements de son héroïne, visiblement en proie à des sautes d'humeur incompréhensibles, les incohérences du scénario et les raccourcis que celui-ci se permet, le film semble ne pas savoir sur quel pied danser, comme s'il se demandait ce que la scène suivante lui réserve.
Jamais crédibles, les personnages sont dotés d'une psychologie en carton et oscillent sans cesse entre inquiétude et légèreté, comme si eux aussi ne savaient pas s'ils font partie d'un film d'aventure ou d'un film d'horreur. Qu'il s'agisse de Sophie Marceau, particulièrement peu convaincante (mais j'ai peine à trouver un film où elle le fut à mes yeux, j'avoue), de Frédéric Diefenthal, en permanence à côté de la plaque, ou même du regretté Michel Serrault (le seul à tirer son épingle du jeu, mais pour lequel on éprouve rapidement de l'embarras), ce ne sont pas eux qui sauvent le film de l'échec. Et ce n'est pas l'apparition fugace de Juliette Gréco (le seul, le vrai Belphégor) qui sauvera ce film. Il faudrait pour cela une plus grande magie.
Cette composante est totalement absente du film, malgré les nombreux effets spéciaux (novateurs pour l'époque, mais ayant eux aussi très mal vieilli), ou à cause d'eux, justement. En oubliant la magie et en ne croyant guère à ce qu'il raconte, Jean-Paul Salomé, qui devait ensuite saccager un autre pilier de la culture télévisuelle, à savoir Arsène Lupin, réussit à donner envie de revoir la série originale et d'oublier ce film.
Ohlolo je l'ai vu il y a foooort longtemps, j'en ai encore des boutons, c'était si con !
RépondreSupprimerJ'ai frôlé le choc anaphylactique en le voyant, moi aussi ;-)
SupprimerMerci du passage, Tina !