lundi 11 mai 2020

Black Sea (2014)

 


Curieuse carrière que celle de Kevin Mc Donald : ce réalisateur, célébré et ayant récolté un joli succès avec "Le dernier roi d'Ecosse", a ensuite enchaîné des films moins bien reçus (de "L'aigle de la neuvième légion" au très moyen "Maintenant c'est ma vie"). Son dernier long métrage, bien que porté par Jude Law, "Black Sea" n'eut même pas droit à une sortie en salles. Retournant à ses premières amours, à savoir le documentaire, Kevin Mc Donald est-il perdu pour la fiction ? Et ce "Black Sea" méritait-il son triste sort ?

Alors qu'il vient d'être licencié par la compagnie qui l'employait, le Capitaine Robinson est embauché par un intermédiaire pour une mission inattendue. Dans les profondeurs de la Mer Noire, entre les eaux russes et celles de Crimée, se trouve l'épave d'un sous-marin rempli d'or, objet de tractations entre l'Allemagne nazie et l'U.R.S.S.,  au début de la Deuxième Guerre Mondiale. Après avoir réuni une équipe capable de se rendre sur les lieux, Robinson va vite se rendre compte que c'est la mission la plus difficile de sa vie. 

Sur le papier, en se contentant du pitch de base, on pouvait penser que "Black Sea" n'était pas une mauvaise idée. Une histoire chasse au trésor, prenant ses racines dans l'histoire tragique du vingtième siècle, pourquoi pas ? Le fait est que, dans son prologue, "Black Sea" prend même un bon départ, ancrant son personnage principal dans un contexte social fort. Pour inédit qu'il soit, le mélange entre cinéma social et film d'aventures est un angle d'approche intéressant, que Mc Donald s'empresse (hélas) de laisser tomber pour céder aux facilités du genre. 

En effet, dès les jalons posés, le réalisateur embarque son héros (Jude Law, sans doute le meilleur atout du film, dans un rôle de vieux loup de mer) dans les étapes habituelles du film d'aventures à l'ancienne. Ainsi, l'équipage réuni autour du Capitaine Robinson comporte son lot de durs à cuire et de clichés virils, tandis que toute cette équipe devra faire face aux aléas classiques du film dit "de sous-marin". Sous l'eau, tout est plus compliqué et "Black Sea" ne déroge pas à la règle : son intrigue se déroule laborieusement et doit utiliser les retournements les plus outranciers pour maintenir la tension.

Avec son casting exclusivement viril, Jude Law en tête, "Black Sea" étale un panorama de personnages masculins dignes des pires clichés du cinéma d'aventure. Du psychopathe qu'aucune personne sensée ne laisserait entrer dans un espace clos au futur père (qui permet au Capitaine d'assumer son rôle paternel, au passage), rien ne nous est épargné. Si les prestations des interprètes sont sans défaut, elles ne servent finalement pas le film, le scénario s'étant chargé de le torpiller, à coups de personnages caricaturaux et d'invraisemblances factuelles.

Est-ce à force de mauvais choix, ou en toute sincérité que Kevin Mc Donald saborda ainsi sa carrière pourtant prometteuse de cinéaste ? Toujours est-il que ce "Black Sea" est appelé à couler, corps et bien. A moins d'être particulièrement indulgent, on le laissera par le fond. 


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