vendredi 8 janvier 2021

La daronne (2020)

A l'instar d'autre films, "La daronne" a reçu la crise sanitaire de plein fouet et ne bénéficia que d'un temps d'exposition réduit en salles. Sera-t-il l'objet d'une deuxième sortie, quand cette crise sera derrière nous ou devra-t-il se satisfaire d'être disponible sur les plates-formes numériques ? Malgré l'a priori plutôt négatif que j'ai au sujet du cinéma de Jean-Paul Salomé (revenu derrière la caméra après une absence de quelques années), jetons un œil à ce film, porté par Isabelle Huppert. 

Patience est interprète judiciaire et, à ce titre, assiste souvent les policiers lors d'interrogatoires ou d'écoutes. Quand elle découvre par hasard que la mère du dealer qu'elle surveille est l'infirmière qui prend soin de sa mère, elle choisit de couvrir le suspect. Prise dans l'engrenage, Patience se trouve bientôt en possession d'un gros stock de drogue et va le revendre. Surnommée par les policiers "la daronne", elle est alors recherchée par eux et, à leur tête, Philippe, son propre conjoint. 
Sale affaire, ou bonne affaire pour Patience ?

Le pitch paraîtra un peu audacieux, légèrement subversif et, surtout, idéal pour une comédie. En adaptant le roman (à succès) de Hannelore Cayre, Jean-Paul Salomé, qu'on avait connu fort peu inspiré sur "Bélphégor le fantôme du Louvre", par exemple, disposait d'une matière première propre à faire rire. Mais, c'est un ton qui oscille entre comédie, drame et film policier (sans grand suspense, cela dit) qu'il choisit pour réaliser "La daronne". Plutôt que d'utiliser le matériau de base pour jouer du contraste entre les personnages et les milieux dans lesquels ils évoluent, le réalisateur tente d'établir un équilibre délicat. Et, une fois le film visionné, il faut bien se rendre compte que c'est un film plutôt bancal qui nous est livré.

Comme si le ton du film avait évolué en cours de tournage, on passe de l'intrigue policière à la comédie parfois loufoque, tout en louchant vers la romance, sans aller jusqu'au bout d'aucun de ces chemins entrevus. Alors, pour trouver quelque satisfaction dans ce cocktail au goût indéfinissable, on peut se réfugier dans la prestation d'Isabelle Huppert, souvent en roue libre dans ce film où elle est de quasiment tous les plans. Si son interprétation a été saluée par la plupart des critiques, j'avoue rester perplexe, tant il m'a semblé qu'elle surjouait souvent et faisait sortir le film de sa zone de crédibilité. Ajoutons à cela l'étalage de clichés sur les différentes communautés que l'héroïne du film fréquente et on pourra légitimement tiquer. 

Quand arrive le générique de fin de "La daronne", le spectateur est en droit de rester insatisfait, ne sachant pas trop à quel exercice il vient d'assister. Se frottant à plusieurs genres sans les explorer tout à fait, le film de Jean-Paul Salomé donne un goût d'inachevé et, surtout, questionne sur son but véritable. 



4 commentaires:

  1. Trop peu crédible à la base, interprète n'est pas flic ! Trop de sous-intrigues finalement peu intéressantes qui parasitent un peu l'ensemble. Ca reste plutôt divertissant tout de même...

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    1. Plus que ses sous-intrigues, c'est son mélange des genres qui m'a déplu. Je pense que, s'il était resté sur le terrain de la comédie pure, il m'aurait plus convaincu.
      Merci du passage, Selenie !

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  2. Bonjour Laurent, j'avais tellement aimé le roman que j'avais hâte de voir le film et c'est vrai qu'il n'est pas vraiment à la hauteur. Le roman est très bien écrit et l'ensemble est très amusant. Mais le film a ses qualités avec Huppert. Bonne journée.

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    1. Bonjour Dasola, je n'ai pas lu le roman et, à te lire, je passe à côté d'un bon roman. Merci de ton passage !

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