vendredi 24 avril 2015

Cherchez Hortense (2012)


Très cher cinéma français, il va falloir qu'on s'explique. Toi qui produis un spectre de films qui va des comédies au pochoir (qui drainent des millions de spectateurs dans les salles) aux films d'auteur les plus prétentieux (dont je préfère ne pas savoir comment ils sont financés), tu réussis également à générer quelques étrangetés, à la fois intelligents et populaires (j'aime citer à titre d'exemple le très beau "Le nom des gens"). On s'est souvent brouillés, toi et moi, jusqu'à se perdre de vue. J'allai me consoler chez tes homologues étrangers (oui, j'avoue, je vois encore ton cousin d'Outre-Manche avec un immense plaisir), mais toujours je suis revenu vers toi, pour une belle affiche, un joli casting ou un pitch prometteur. Mais souvent, tu m'as déçu, cher cinéma français, à ne parler que de toi, oublieux du monde alentour. qui continue d'évoluer (même si ce terme peut paraître galvauder). Et chaque fois, je promets qu'on ne m'y reprendra plus, sachant pertinemment que je reviendrai vers toi, encore et toujours...

Damien Hoer, professeur de civilisation chinoise, est dans la tourmente. Sa femme met en scène une pièce de théâtre qui accapare toute son attention, le laissant seul avec son fils. Pendant ce temps, son beau-frère le sollicite pour régler le cas d'une jeune femme menacée d'expulsion. Damien essaie donc de contacter son père, qui siège au Conseil d'Etat, mais ce dernier ne lui accorde que peu d'attention, préférant se consacrer à ses amours.
Alors que le monde se dérobe sous ses pieds, Damien tente de rester à la surface..

Vous me pardonnerez, j'espère, chers lecteurs, mon préambule un peu lyrique. La récente diffusion de "Cherchez Hortense" a été pour moi l'occasion de découvrir ce film que j'avais raté lors de sa sortie en salles. Etant donné la présence, dans le rôle principal, de Jean-Pierre Bacri, un acteur que j'admire de plus en plus (il faudra qu'un jour je fasse un billet sur "Mes meilleurs copains", l'une de ses premières prestations remarquables), je ne pouvais passer à côté de ce film. A l'issue du visionnage, c'est une impression mitigée qui s'impose, comme souvent avec une certaine catégorie du cinéma hexagonal, dont Pascal Bonitzer, son réalisateur, est représentatif. 

En effet, "Cherchez Hortense" se déroule dans un milieu très parisien, intellectuel, bourgeois, qui n'est pas celui de tout le monde. Les péripéties de Damien ne sont pas celles qui heurtent Monsieur-tout-le-monde (ou alors, par ricochet). Du coup, le spectateur a souvent l'impression de regarder un film qui se regarde le nombril, syndrome d'un certain cinéma français. Cette distance est d'autant plus regrettable que les personnages, les rares fois où ils descendent de leur statut, sont véritablement attachants et, surtout, remarquablement bien joués. 

Si ce film mérite le détour, c'est essentiellement pour Jean-Pierre Bacri. Ne se cantonnant pas au personnage de bougon dans lequel il excelle, l'acteur est ici absolument remarquable, quelque soit le registre dans lequel il évolue. A ses côtés, on appréciera la présence de la toujours divine Isabelle Carré (qui avait déjà côtoyé Jean-Pierre Bacri dans "Les sentiments"), de la très jolie Kristin Scott-Thomas ou du grand Claude Rich, tout en élégance. 

Très cher cinéma français, tu ne changeras pas, je le sais. Tu vas continuer à occuper les multiplexes avec tes comédies faciles (quelques noms me viennent à l'esprit, mais je les tairai pour une fois) et les salles d'art et essai avec des films plus élitistes. Si les premières se joueront sans moi, les autres me verront rarement. Ne t'étonne pas si, de temps à autre, je vais voir ailleurs, là où l'on parle de gens comme moi.
En attendant, on ne sait toujours pas qui est cette fichue Hortense...


8 commentaires:

  1. Bonjour, j'ai écrit ce que je pensais de ce film : pour résumer, à voir pour Bacri et Rich. Les personnages féminins n'ont aucune consistance (et pourtant Kristin Scott Thomas et Isabelle Carré font ce qu'elles peuvent). Bonne journée.

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    1. Bonjour Dasola.
      On est bien d'accord, c'est surtout Bacri qui rend ce film intéressant.
      Merci d'être passée, belle journée.

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  2. "Je sais que tout le monde a une étiquette et qu’il se la goinfre toute la vie. Moi j’ai celle-là, [du râleur]"
    Râleur de trè grand talent Jean-Pierre Bacri ... ;-)

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  3. Il me tentait bien ce Bonitzer, sans doute à cause de Bacri. Mais je constate en te lisant qu'il ne faut pas nécessairement le placer parmi les priorités de visionnage.

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    1. A voir à l'occasion, pour Bacri (je me répète)..mais sans urgence, c'est vrai.

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  4. Idem, je n'ai franchement pas été enthousiasmée, c'est le moins qu'on puisse dire...

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    1. Je me souviens de ton billet, duquel je me sens proche.
      Merci du passage.

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