mardi 1 septembre 2015

Entre amis (2015)


Les retrouvailles entre amis, voilà un grand classique. On ne compte plus les films, réussis ou non, utilisant ce point de départ pour bâtir une histoire chorale, où est célébrée la très belle notion d'amitié. En général, le groupe en question y est mis à l'épreuve, souvent parce que le passé resurgit, mais en sort renforcé. Olivier Baroux, l'ex-compère de Kad Merad, et devenu réalisateur, a proposé il y a quelques mois sa version du film choral avec "Entre amis" (on notera la très grande honnêteté du titre). C'est hélas l'insuccès qui fut au rendez-vous, malgré l'affiche haut-de-gamme. Ce film a-t-il cependant le potentiel pour devenir, avec le temps, une référence en la matière ?

Amis depuis longtemps, Richard, Philippe et Gilles se retrouvent cet été à Marseille, accompagnés de leurs compagnes respectives. Sous l'égide de Richard, ils vont embarquer à bord d'un superbe voilier à destination de la Corse. Mais, entre les personnalités des six voyageurs, les éléments parfois contraires et ce qui remonte à la surface en pareilles circonstances, la croisière ne sera pas de tout repos. Qu'importe : ils sont entre amis...

On ne va pas se mentir, comme disait l'autre : le film d'Olivier Baroux n'est pas de celui qui fera date dans le cinéma hexagonal. Dans le registre du "film de potes", certaines pépites déjà anciennes (les habitués de ce blog ne s'étonneront pas de me voir citer une nouvelle fois "Mes meilleurs copains", qui aura un jour droit à un billet en ces colonnes) surpassent haut la main la plupart des tentatives récentes. Mais le véritable problème de ce film ne vient pas de sa mise en scène, aussi pauvre soit-elle. La véritable question qui se pose en fin de projection est multiple. On s'interrogera sur ce qui en constitue le scénario, puisqu'il est visiblement écrit à l'aveuglette, tentant tant bien que mal d'arriver à une conclusion sans surprise après avoir traversé quelques péripéties dont on soupçonne qu'elles ne soient là que pour occuper la longueur du film. 

On pourra aussi rester perplexe devant les personnages sensés porter haut l'amitié, et dont on se
demande comment ils sont devenus proches et ont réussi à le rester. Pour incarner ces caricatures, les six acteurs qui tiennent l'affiche cabotinent à outrance : Daniel Auteuil, ancien sous-doué devenu acteur de talent, et plus agité que jamais, semble tenté par un retour aux sources, François Berléand et Gérard Jugnot s'en sortant mieux que lui avec des rôles plus secondaires. Du côté des filles, ça n'est guère mieux. Malgré son immense charme, Mélanie Doutey n'arrive pas à faire croire en son personnage, tandis que Zabou Breitman en fait des tonnes et qu'Isabelle Gélinas limite les dégâts. Une nouvelle question se pose, concomitante à la précédente : comment de pareils acteurs ont-ils pu accepter de tels rôles et un tel scénario ?

Pour parachever le naufrage, je pourrais citer la bande originale de Martin Rappeneau (le fils de Jean-Paul Rappeneau, qui fit les beaux jours de la comédie française du temps où celle-ci avait encore un sens) et le montage qui aggrave la platitude de la mise en scène. Ce serait planter les derniers clous du cercueil. Il n'empêche que, non content de ne pas faire rire, cette comédie française aurait plutôt tendance à affliger son spectateur. Alors que nombre de médias débordent de créativité (je songe évidemment aux séries télévisées, mais également à la bande dessinée, par exemple), le septième art, quand il ne se contente pas de décliner des univers ad nauseam, semble être devenu incapable de créativité et d'innovation. En cela, "Entre amis" est révélateur de l'état désastreux d'un certain cinéma, celui qui s'est vendu aux chaînes télé. Faudra-t-il attendre que le bateau coule ?



4 commentaires:

  1. Vraiment à chier ce film et je pèse mes mots. Un naufrage d'1h30 où il ne se passe que des idioties qui ennuient et qui ne sont même pas drôles. Et comme tu le dis, on a du mal à croire que ces imbéciles caricaturaux aient pu restés amis autant de temps ! Les acteurs sont bof mais le pire reste Auteuil (mauvais depuis pas mal de films) qui joue vraiment comme un pied (quand on connaît son talent, ça fait mal au coeur) et caricature l'accent du Sud comme jamais...

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    1. Voilà effectivement un film qui énerve, et est, j'en ai peur, symptomatique de l'état d'un certain cinéma français (complainte récurrente chez moi, je le reconnais).
      Merci de ta fidélité, Tina !

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  2. Tu te demandes pourquoi ils ont fait le film. Le chèque me semble une bonne réponse :)

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    1. J'ai bien peur que ce soit effectivement la bonne réponse.
      Dommage.

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