dimanche 21 août 2016

Synchronicity (2015)


Le voyage dans le temps, utopie ultime de bien des rêveurs, a nourri maintes fois le cinéma, avec plus ou moins de bonheur (et aussi, reconnaissons-le, plus ou moins de rigueur). Thème extrêmement attirant, mais tout aussi glissant (puisque forcément sujet aux paradoxes et donc aux fautes scénaristiques majeures), le voyage temporel est au centre de "Synchronicity", film de Jacob Gentry, qui eut droit aux affres de la sortie en vidéo, sans passer par la case "salle de cinéma". Méritait-il pareil outrage ?

Entouré de deux amis, Jim Beale, scientifique passionné, travaille à la création d'une machine à voyager dans le temps. Alors que Klaus Meisner, qui le finance, s'inquiète des essais apparemment manqués de Jim, ce dernier est confronté à d'étranges phénomènes au cours desquels il souffre de malaises soudains. Et puis, il y a cette étrange femme, Abby, tout aussi intrigante que charmante. Quand on explore le temps, on entreprend un voyage au-delà de toute imagination...

Dès les premières scènes, deux évidences s'imposent au visionnage de "Synchronicity". La première est cruelle : le budget est pauvre et force le film au dépouillement. La seconde est plus flagrante encore : Gentry révère sans doute Ridley Scott et, plus particulièrement, son chef d'oeuvre, "Blade Runner". L'utilisation des plans urbains futuristes, de la lumière, des fumées et la bande originale sont visiblement très inspirés de l'oeuvre du maître. Il est cependant un ingrédient qui fait cruellement défaut à Jacob Gentry et qu'il n'a pu emprunter à son illustre modèle : le talent de conteur.

Raconter une histoire est à la portée de tous, mais la rendre compréhensible, voire captivante est une toute autre paire de manches. Si, en plus, cette histoire a l'ambition de jouer avec le temps, la barre est placée encore plus haut et il faut être un virtuose pour réussir à ne pas perdre son auditoire. Dans le cas de "  Synchronicity", il faut reconnaître que, très vite, la lisibilité n'est pas au rendez-vous. C'est regrettable car l'approche proposée par Jacob Gentry avait plus d'un intérêt. Hélas torpillé par un scénario opaque et un manque de moyens évidents, "Synchronicity" se prend rapidement les pieds dans le tapis, entraînant dans sa chute son spectateur, qui a souvent l'impression cruelle de se trouver devant un objet bien prétentieux et boursouflé, se voulant hermétique.

On notera la belle interprétation de Brianne Davis, surpassant de loin celle, dans le rôle principal, de Chad McKnight,  ainsi que la présence de Michael Ironside (visiblement contraint de cachetonner). La version française est à éviter comme la peste bubonique, tant elle a été bâclée. Si vous tenez absolument à donner une deuxième chance à ce film, je vous conseille fortement sa version originale, soit dit en passant.


4 commentaires:

  1. Voilà un film que je peux éviter sans mauvaise conscience :) Comme tu le soulignes bien, le thème est porteur mais tellement glissant que je m'y retrouve rarement, tant les incohérences m'irritent souvent. Sur ce, bon dimanche !

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    1. Je confirme : pour réussir pareil exercice de style, il ne suffit pas d'enfumer le spectateur. En l'occurrence, le réalisateur est pris la main dans le sac. Tu peux donc passer ton chemin, Sentinelle...

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  2. Je ne connaissais pas du tout mais on dirait là encore une histoire de boucle temporelle qui tourne à vide. ça m'a l'air d'être bien en-dessous de "looper", "timecrimes" ou même "predestination" dont tu vantais les mérites il y a quelques temps sur ce blog. Un peu mieux que "les Visiteurs 3" tout de même ?

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    1. C'est effectivement très en-dessous de "Looper" ou "Predestination". "Timecrimes" est sur ma liste de "à voir"...assez étonnamment (ou pas), le troisième opus des Visiteurs n'y est pas.

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