vendredi 30 septembre 2016

Starship Troopers (1997)



S'il est un film de science-fiction voué aux gémonies lors de sa sortie et, depuis, réhabilité par ses amateurs, c'est bien "Starship Troopers". Tiré du roman "Etoiles, garde à vous !" de Robert Heinlein (qui comportait une bonne dose de militarisme), ce film de Paul Verhoeven, à qui l'on devait déjà (à l'époque) le sulfureux "Basic Instinct" ou les très musclés (mais néanmoins non dépourvus de sens) "Total Recall" et "Robocop" a valu à son réalisateur des volées de bois vert lors de sa sortie. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts et nombreux sont ses admirateurs. Et si on en parlait ?

Au XXIVème siècle, la Terre, dont les états sont regroupés en une Fédération, comporte deux catégories d'individus : les citoyens, qui consacrent leur existence à la défense de la civilisation, et les autres. Et, justement, cette civilisation est menacée par des arachnides féroces venus du système Klendathu. La Terre est en guerre et ses forces armées sont le dernier rempart contre l'annihilation.

La Terre du futur, vue par Paul Verhoeven a de quoi faire frémir : seuls ceux qui s'engagent pour la défense de la planète ont droit au titre de citoyen, ils sont tous jeunes, beaux et musclés et paradent dans des uniformes qui ne sont pas sans rappeler les heures les plus sombres de notre histoire. Tandis que les spots de publicité scandent leurs hauts faits de gloire, on leur apprend que seule la violence peut résoudre les crises. Evidemment, pris au premier degré, un tel discours peut susciter la levée de quelques sourcils, normalement suivie (pour peu qu'on actionne quelques neurones) d'un regard plus attentif sur le fond, plutôt que sur la forme. Nous sommes devant un film de Paul Verhoeven, pas de Michael Bay, je le rappelle.

De la même façon que son "Robocop" attaquait les problèmes de sécurité de front, "Starship troopers", loin de glorifier la dictature qui règne sur Terre,n'y allait pas avec le dos de la cuillère. Entrecoupant son récit de messages de propagande en faveur d'un régime fasciste, Verhoeven assumait sa réputation, mais fut mal compris, lors de la sortie du film. Encore une fois, avec "Starship Troopers", Paul Verhoeven s'attira les foudres des bien-pensants, de ceux incapables de discerner le fond de la forme, ceux qui ne virent sans doute dans "Fight Club" qu'une apologie de la violence urbaine (ne riez pas, c'est du vécu) et restèrent incapables de regarder plus loin que la surface des choses. Que de jeunes gens aux physiques dignes des feuilletons les plus calibrés que produise la télévision portent haut le flambeau d'une Fédération maniant la manière forte face à un péril mortel est sans doute inconcevable pour certains critiques.

Pourtant, avec les années, on ne peut que constater l'efficacité de "Starship Troopers" (qui a d'ailleurs donné lieu à de suites, notamment au petit écran). A mille lieues du matériau d'origine, le film de Verhoeven reste franchement délectable, tant sur le fond que sur la forme, même s'il accuse quelques longueurs. Ses effets spéciaux n'ont pas trop vieilli (je ne suis pas sûr qu'on puisse en dire autant de tous les films en abusant ces derniers temps) et son propos reste pertinent. On peut le prendre comme un simple divertissement un peu bas de plafond, et dans ce cas passer à côté de la virulent diatribe anti-militariste qu'il est, finalement.

Peu à peu, "Starship Troopers", avec la patine des ans, retrouve la grâce d'un certain public, et représente un sacré pied-de-nez à tous ceux qui le conspuèrent à sa sortie. Rien que pour cela, il mérite d'être revu.


8 commentaires:

  1. Réponses
    1. Et pourtant si mal compris à sa sortie.
      Merci du passage, Prince.

      Supprimer
  2. Je le dis souvent: dans les 90's il y a 3 films qui ne vieillissent pas beaucoup visuellement Terminator 2, Jurassic Park et Starship troopers. Les américains pensaient voir un film avec des araignées géantes, Popaul leur a balancé une bombe A en pleine gueule. Un acteur de télé devenant un nazi, des jeunes envoyés au casse pipe sans expérience, la propagande multimédia, la censure quand ça arrange, la sauvagerie de la guerre... Tout y passe avec une subtilité rare. Pendant que l'allemand Roland Emmerich faisait bander les ricains avec Independence day, Popaul leur donne une rafale de mitraillettes! :D Certainement mon film préféré de Popaul et pourtant ce n'est pas faute d'adorer Robocop (qui partage cette même critique violente) ou Black Books.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je lui préfère "Robocop", en ce qui me concerne, mais il reste l'un des meilleurs films de Verhoeven.
      Merci de ton passage, Borat

      Supprimer
  3. Ce film est "culte" (de mon point de vue). C'est une vraie tuerie. Un film coup-de-poing qui sait jouer de son humour (parfois noir). Il est plaisant à regarder et pour moi il n'a pas vieilli. Un chef-d'oeuvre.
    Je ne savais pas qu'il n'était pas très apprécié à sa sortie :o

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crois me rappeler que Paul Verhoeven, à la sortie de "Starship troopers" s'était fait taxer de militariste, voire de fasciste. Les critiques manquent parfois du discernement le plus élémentaire.
      Merci de ton passage, Avel.

      Supprimer
  4. J'adore ce film et l'esprit caustique de Verhoeven, habilement délivré sous une apparence très kitsch. Il y en a beaucoup qui ont pris le film au premier degré... Alors qu'il est très subtil ! Pour moi un film culte !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce film fait l'unanimité...parmi les fidèles de ce blog, en tout cas. La preuve, s'il en était besoin, qu'il s'agit d'esprits éclairés, capables de lire le message que porte un film.
      Merci de ta fidélité, Chonchon.

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.