mardi 3 janvier 2017

Moonwalkers (2016)


On nous cache tout, on nous dit rien, c'est bien connu. Difficile de faire un pas sur Internet sans tomber sur un complotiste, persuadé que la vérité est ailleurs. Un des exemples les plus fameux de conspirations sur le mode "plus c'est gros, plus ça passe" est celle ayant entouré l'alunissage de la mission Apollo XI, en 1969. Pas mal de nos semblables restent persuadés que tout ceci ne fut qu'une fumisterie, et que les images d'Armstrong et Aldrin furent le fruit d'un tournage en studio, sous la houlette de Stanley Kubrick himself. Pour son premier film, Antoine Bardou-Jaquet a voulu raconter l'histoire de cette prétendue mystification, avec "Moonwalkers". Malgré la présence de Rupert Grint et de Ron Perlman au générique, ce ne fut pas le triomphe attendu. 

Juillet 1969 ; au plus fort de la Guerre Froide, la NASA envoie la mission Appolo XI vers la Lune. Le spectre de l'échec plane au dessus de cette mission et la CIA décide d'envoyer Tom Kidman, revenu du Viet-Nâm, en Grande-Bretagne. Là, il devra convaincre Stanley Kubrick de tourner une version studio de l'alunissage. Mais rien va ne se passer comme prévu et Kidman va aller de surprise en surprise au Royaume de sa Gracieuse Majesté.

Pour un premier film, le moins que l'on puisse dire, c'est que Antoine Bardou-Jaquet frappe fort, ou du moins vide dès ses premières images pratiquement tout son chargeur, quitte à ne plus avoir de munitions pour la suite. Ce buddy-movie sous acide (et autres substances en vogue à l'époque) affiche clairement son ambition esthétique , dès le générique animé (et plutôt remarquable). Entre situations improbables, décors très seventies et personnages déjantés, "Moonwalkers" propose un voyage dans une époque, quitte à la caricaturer, mais sans cependant assumer totalement son côté farce.

La deuxième facette du film louche vers l'affrontement entre gangsters, façon Guy Ritchie, modèle évident du réalisateur. Dès que les armes sont sorties, et elles peuvent prendre la forme d'un fusil à pompe comme d'une pelle de chantier, c'est une violence elle aussi caricaturale qui prend le pas et contraste avec l'ambiance psychédélique des séquences consacrées au tournage du fameux film.  On pourra regretter que ce grand écart entre deux styles donne au long métrage un aspect bicéphale qui lui nuit souvent. 
Le duo, a priori improbable, composé de l'immense Ron Perlman et de Rupert Grint, fonctionne bien, mais ne suffit hélas pas à faire de "Moonwalkers" une vraie réussite, malgré de sympathiques prestations en ce qui concerne les seconds rôles (je songe notamment à Robert Sheehan). Enfin, pour finir par une note plus positive, on se régalera avec la bande originale qui contient quelques standards de l'époque (le contraire aurait été maladroit), forcément délicieux à l'oreille, surtout quand ils illustrent les séquences les plus drôles du film. 

Souvent bancal, parfois maladroit, "Moonwalkers" est un divertissement sympathique et dynamique, qui aurait sans doute gagné à exploiter plus avant son outrance, quitte à laisser de côté sa partie axée sur l'action. On se régalera cependant de son esthétique, quitte à ce qu'il ne marque pas les mémoires.









17 commentaires:

  1. Jamais entendu parler de ce film ; je note ça immédiatement. Et j'en profite pour te souhaiter une merveilleuse année 2017.

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  2. Je ne pense pas qu'au vue de sa distribution, le film aurait marché de plus Ron Perlman n'est pas une tête d'affiche, encore moins Rupert Grint. Toutefois le film réussit son coup en plus de montrer qu'un français est capable de faire autre chose que de la comédie lourdingue ou du drame déprimant. Puis le film réussit à provoquer le rire dans des situations délirantes.

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    1. Effectivement, pour peu qu'on voie le film sans savoir qui est son réalisateur, on peut être surpris qu'il soit français.

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    2. Preuve que les français sont capables de bonnes choses. Suffit juste de leur donner leur chance. Pas gagner...

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    3. Au vu des prochaines sorties de films français, il y a encore du chemin à parcourir.

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    4. Seuls peut être intéressant d'autant que la BD est plutôt pas mal. Le problème vient surtout qu'ils adaptent cinq tomes d'un coup. Grave commence à se faire une excellente réputation en festival et il y a des chances de le trouver à Gérardmer. J'espère juste que les distributeurs et les exploitants feront le boulot pour le diffuser correctement.

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    5. Je n'ai pas trop retrouvé ce que je connais des BD "Seuls" dans la bande-annonce. J'espère que ce film trouvera son public, cependant : il y a matière, en BD, à inspirer quantité de longs métrages.

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    6. Surtout qu'elle est toujours en cours il me semble. Mais je pense qu'en adaptant cinqq tomes c'est peut être un peu trop et les acteurs me paraissent trop âgés par rapport aux personnages de la bd.

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    7. Les cinq premiers tomes de "Seuls" forment un cycle complet (on peut même en arrêter la lecture une fois ces cinq tomes lus), pour information.
      Pour les personnages, c'est vrai qu'ils paraissent moins jeunes, ce qui change beaucoup le ton du film...à voir (ou pas).

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    8. Certes mais cinq tomes c'est lourd à porter à l'écran je pense. Il y a moyen de finir par être fourre tout. Pour l'instant il n'y a pas de durée annoncée mais je pense que ça ira vers 1h30-40.

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    9. Nous jugerons de la qualité de l'adaptation lors de la sortie. Des coupes seront forcément nécessaires... mais tu as raison : cinq tomes en un film, c'est peut-être trop lourd.

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    10. Quitte à y aller en plusieurs fois... le problème vient aussi que le film est mal parti pour s'imposer au box office. Il va se faire bouffer par 50 nuances de Grey, Silence de Scorsese et Lego Batman. D'autant qu'on parle d'une bd récente avec une réputation mais pas une marque forte. C'est audacieux au moins mais le mettre en face d'au moins deux rouleaux compresseurs c'est dur.

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    11. Nous n'avons pas fini de dire du mal de la distribution des films français, j'ai l'impression.

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    12. On l'envoie littéralement au boucher car croire que le film va marcher face à 50 nuances de Grey et Batman c'est se tirer une balle dans le pied. Triste.

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  3. Hello Laurent !

    Rien d'exceptionnel, mais je m'étais bien marré, avec ce petit film. Drôle d'hommage à Kubrick ! Ron Pearlman est égal à lui-même (et donc sympa). Et puis, ça m'a fait plaisir de voir Rupert Grint dans autre chose qu'un Harry Potter...

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    1. Bonsoir Martin...il y a quelques bons moments dans "Moonwalkers", surtout dus à ses interprètes, c'est vrai.

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