Depuis que je me suis inscrit au Movie Challenge, édition 2017, je sais que quelques catégories seront difficiles à remplir. Par exemple, trouver un film qui m'a fait pleurer de rire ne va pas être chose aisée. A force de me lamenter sur le territoire dévasté qu'est devenue la comédie française, je finis par douter de trouver un film qui me décoince les zygomatiques et saute sur la moindre occasion. Dernièrement, "Cigarettes et chocolat chaud", avec ses airs de feel-good movie partait avec un gros potentiel. Cette comédie allait-elle me réconcilier avec un genre jusque là si décevant ?
Il fait de son mieux, Denis, pour élever ses deux filles. Veuf, menant de front deux emplois et laissant souvent sa progéniture livrée à elle-même, ce père dépassé par la vie reçoit un jour la visite de Séverine, une assistante sociale zélée et inquiète, parce qu'il a oublié une fois de trop sa cadette à l'école.
Avec l'aide de ses enfants, ce papa pas comme les autres va devoir affronter la réalité et y confronter son mode d'éducation.
Dès les premières séquences de "Cigarettes et chocolat chaud", le ton est donné : le père de famille incarné par l'étonnant Gustave de Kervern a décidé qu'il ne ferait pas comme tout le monde et s'affranchirait de pas mal de règles, persuadé qu'il est que le bonheur n'est pas dans la loi et l'ordre. Et la sincérité du bonhomme, tout comme celle du film, fait qu'on adhère en grande partie à la profession de foi de cette drôle de famille amputée d'un membre et claudicant tant bien que mal sur un chemin pas toujours droit. Il faut dire qu'une immense tendresse émane de tout cela et que, malgré les aléas, Denis et ses deux filles restent debout, malgré les coups du sort. Face à ce trio souvent émouvant, la travailleuse sociale incarnée par Camille Cottin fait figure d'adversité, sans toutefois tomber dans la caricature qui aurait fait d'elle une ennemie.
Elle est là, l'immense tendresse qui imprègne chaque image de ce petit film charmant : les personnages qui l'habitent sont diablement attachants, parce qu'humains, souvent drôles et toujours touchants. Certes, ce film n'est pas exempt de reproches, mais le fait est qu'il fait passer un bon moment, aussi parce qu'il est un mignon pied de nez à pas mal de convenances et que tirer la langue à ces bonnes manières est souvent agréable.
N'allez cependant pas croire, comme j'ai pu le faire à en juger sur l'affiche, que "Cigarettes et chocolat chaud" est un film où l'on rit à gorge déployée. Il y a aussi du drame dans ce film et des moments qui suscitent plus d'émotion que de rire. L'équilibre improbable est, il faut le reconnaître, une réussite, en grande partie grâce au quatuor d'acteurs donnant vie aux personnages de cette jolie histoire. En tête, le déjà cité Gustave Kervern excelle dans un rôle de père dépassé par les événements, mais restant debout malgré tout, tandis que Camille Cottin, plus connue pour sa "Connasse" montre qu'elle détient plus qu'un potentiel uniquement comique. Mais les plus étonnantes interprètes sont les deux jeunes Héloïse Dugas et Fanie Zanini, épatantes dans les rôles des fillettes élevées par Denis. Ajoutons à ce tableau globalement positif une bande originale entraînante et vous obtiendrez un film qui fait du bien.
En évitant la facilité qui aurait consisté à tout résoudre à la façon d'une énième comédie romantique, et en pointant les faiblesses et les défauts de son personnage central, quitte en n'en pas faire un héros, "Cigarettes et chocolat chaud" fait le bon choix. Une pointe de drame, un rien de social, pas mal de comédie, qui eût cru que ce mélange aurait pu fonctionner ? C'est pourtant le cas.
Un p'tit film qui me tente bien.
RépondreSupprimerD'autant plus que tu en dis du bien, toi aussi ! Merci.
Tu m'en diras des nouvelles, Martin !
SupprimerMerci d'être passé.
Fanie a pris un IMMENSE plaisir à tourner, c'est beau qu'il fasse encore du bien 6 mois après sa sortie :)
RépondreSupprimerCe plaisir se ressent au visionnage. Merci à elle !
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