jeudi 21 février 2019

Mr Nobody (2010)


Jaco Van Dormael est un cinéaste rare. Son premier film, "Toto le héros", avait connu un succès certain en 1991. Ce n'est que tout récemment qu'est sorti son quatrième long métrage, "Le tout nouveau testament". Si ce dernier mériterait d'être chroniqué dans ces pages, c'est aujourd'hui à "Mr Nobody", datant déjà de presque dix ans, qu'il est question. Cette fresque intime ambitieuse, bien que récompensée ça et là, n'avait pas déchaîné les foules lors de sa sortie. Alors, sommes-nous passés à côté d'un grand film ?

2092 : Nemo Nobody a 120 ans et il est le dernier humain mortel. Alors qu'il est au crépuscule de la vie, Nemo va évoquer son existence, son enfance, la vie avec sa femme Elise, celle avec Anna, et celle avec Jeanne. Ses vies furent multiples et une. A moins que ce ne soit l'inverse. Ce faisant, Nemo Nobody va parcourir toutes les possibilités qui se sont offertes à lui, hier, aujourd'hui ou demain. 


Le gros budget de "Mr Nobody" et son ambition sautent aux yeux, dès les premières images. Pour installer l'histoire de ce héros pas comme les autres, Jaco Van Dormael, après "Le huitième jour", s'est donné les moyens : l'esthétique du film, tout comme la réalisation, sont en tous points remarquables. C'est beau, parfois même trop beau pour sembler totalement honnête, rétorqueront les esprits chagrins. 

En plus de cette redoutable efficacité plastique, "Mr Nobody" est très bien interprété. Qu'il s'agisse du magnétique Jared Leto ou de celles et ceux qui l'entourent (Diane Kruger, Sarah Polley, Lin-Dan Pham dans le rôle de ses femmes, par exemple), les acteurs se glissent avec talent dans les rôles que le réalisateur leur a confié. On notera au passage la très chouette prestation du grand Rhys Ifans, acteur souvent cantonné aux rôles un peu borderline (souvenez-vous de "Coup de foudre à Notting Hill"). 

Mais "Mr Nobody" n'est pas pour autant un film réussi, à mes yeux. Ce déchaînement visuel, ces plans techniquement remarquables ne peuvent faire oublier que son plus grand défaut est majeur : son scénario est comme une baudruche remplie d'air. La forme ne saurait compenser le fond, on l'a souvent vu. En l'occurrence, "Mr Nobody", avec son histoire aux multiples possibilités, tourne vite en rond, patinant sur place à maintes reprises, et donnant souvent l'impression de faire du remplissage. Tout ça pour ça, pourrait-on penser à la fin du visionnage.

Alors, oui, "Mr Nobody" est remarquablement filmé, parfois trop d'ailleurs, au point qu'on se sent par moments en présence d'un clip publicitaire. Oui, ses interprétes, Jarod Leto en tête, sont irréprochables. Mais c'est son scénario, confus à force de trop d'allers et retours, et donnant l'impression finale de sonner creux, qui est son plus grand défaut.


2 commentaires:

  1. Ce film est tout bonnement insupportable. Ravie que ton avis soit proche du mien ! :D

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    1. Même si j'ai tempéré mes propos (et il y avait un certain délai entre le visionnage et la rédaction du billet), je l'ai trouvé assez prétentieux, pour le peu qu'il raconte, finalement.
      Merci de ton passage, Tina !

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