On s'est suffisamment lamenté (moi le premier) sur le naufrage de la comédie française pour snober les tentatives d'une jeune génération de renouveler le genre. Vincent Mariette, après trois courts métrages et quelques scénarios ça et là, nous offrit cette année son premier film, "Tristesse Club", qui mettait à l'affiche Vincent Macaigne (dont j'ai déjà dit le plus grand bien au sujet de "Deux automnes trois hivers"), Ludivine Sagnier et Laurent Lafitte-de-la-Comédie-Française. Malgré cette belle affiche, le film attira à peine 50 000 spectateurs en France. Était-ce mérité ?
Bruno et Léon, deux frères que tout oppose, se trouvent réunis suite à l'annonce du décès de leur père, qu'ils ont perdu de vue depuis quelque temps déjà. Sautant dans la Porsche 944 de Léon, ils se rendent au crématorium où doit avoir lieu la cérémonie et y font la connaissance de Chloé, une énigmatique jeune femme prétendant elle aussi être la fille du défunt.
Mais de cérémonie, point. Parce que le père en question n'est pas mort, à en croire Chloé. Il a simplement disparu et elle compte sur les deux frères pour l'aider à le retrouver...sans leur avoir tout dit, cependant...
Classer "Tristesse club" dans la catégorie des comédies, c'est y aller un peu fort, même si ce n'est pas totalement faux. On y sourit souvent, mais les zygomatiques restent épargnés. En faire un drame, c'est tout aussi abusif. Certes, l'émotion est souvent là, tapie, prête à sauter sur le spectateur un peu vulnérable, mais ce n'est pas un film qui meurtrit le cœur ou l'âme. "Tristesse club" est, s'il faut absolument le définir, un voyage initiatique qui se penche sur le sort d'adultes pas tout à fait murs pour la vie. Léon et Bruno, avec leurs différences et leurs conflits, vont, comme on peut s'en douter, apprendre à se connaître mieux avant de pouvoir entreprendre la quête proposée par Chloé. Le ton employé par Vincent Mariette est tout à fait adapté au sujet : le réalisateur pose sur ses personnages et leur histoire, finalement toute simple, un regard dénué de jugement, tout en respect.
Si le scénario est remarquable de simplicité, il n'en est pas pour autant simpliste et dépourvu de finesse. Porté par trois acteurs remarquables (j'ai pu me réconcilier avec Laurent Lafitte, dont le "Seize ans ou presque" m'avait bien énervé il y a peu), "Tristesse club", avec son ton doux-amer, est de ces films qui peuvent parler à tous, sans utiliser les grands moyens. En ces temps où le cinéma français donne souvent envie d'éviter les salles obscures, rencontrer un film qui sort du lot mérite d'être signalé.
Alors, oui, c'est un petit film tout simple, mais qui a une âme.
C'est déjà beaucoup.
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