Le film historique est souvent un exercice périlleux et il ne suffit pas de disposer de beaux décors et de jolis costumes pour raconter une histoire dans l'Histoire. Nombreux sont ceux qui échouèrent dans cet exercice. Roland Joffé, qui pourtant avait, avec "Mission", récolté maintes récompenses et louanges, échoua à séduire avec son "Vatel", qui racontait l'histoire tragique d'un des plus grands cuisiniers français, à la cour du Roi Soleil.
Maître des plaisirs au service du Grand Condé, qui cherche à retrouver les faveurs du Roi-Soleil, François Vatel a fort à faire en organisant les festivités accompagnant le séjour de Louis XIV au château de Chantilly. Entre les intrigues de cour, les exigences des courtisans et l'ambition de la tâche que lui a confié Condé, Vatel a fort à faire, d'autant plus qu'il considère son oeuvre comme un art.
On connait tous, ou presque, la tragique destinée de Vatel, qui alla jusqu'à se donner la mort parce que la livraison indispensable à son prochain service n'arrivait pas. Mettre en scène la destinée d'un homme d'honneur, non noble de surcroît, lâché au milieu d'une faune cultivant l'intrigue, l'arrogance et les apparences, voilà qui avait de quoi réjouir l'amateur de films historiques. Une époque riche, des personnages hauts en couleurs, et un destin particulier, les ingrédients étaient réunis pour un grand film. Hélas, alors qu'il avait réussi à mettre en images le combat perdu d'avance des missionnaires en Amérique du Sud, Roland Joffé échoue à orchestrer le bal des hypocrites et de l'honnête homme.
Les décors sont somptueux, les costumes le sont tout autant, la partition d'Ennio Morriconne (qui retrouve le réalisateur après sa sublime partition pour "Mission") est remarquable, mais le flacon n'est pas synonyme d'ivresse, hélas, tant le pauvre Vatel semble perdu dans un tourbillon contre lequel il ne peut rien faire, et où il entraîne le spectateur, souvent perdu dans la tempête, fût-elle esthétiquement remarquable.
Les décors sont somptueux, les costumes le sont tout autant, la partition d'Ennio Morriconne (qui retrouve le réalisateur après sa sublime partition pour "Mission") est remarquable, mais le flacon n'est pas synonyme d'ivresse, hélas, tant le pauvre Vatel semble perdu dans un tourbillon contre lequel il ne peut rien faire, et où il entraîne le spectateur, souvent perdu dans la tempête, fût-elle esthétiquement remarquable.
Doté d'un casting royal (pardonnez-moi le mot), "Vatel" ne fait hélas pas honneur à sa distribution, tant il est confus. On pardonnera cependant à ses interprètes, qui font de leur mieux, mais voient leur performance diluée dans les méandres d'un scénario qui donne envie d'un nouveau montage. Qu'il s'agisse de Gérard Depardieu (alors très en vue de l'autre côté de l'Atlantique, mais cela ne dura pas), d'Uma Thurman ou de Julian Glover, on ne peut que saluer la performance de ceux qui incarnent les personnages de cette fresque souvent brouillonne. J'émettrais quelques réserves quant à celle de Tim Roth, qu'on sent parfois peu concerné par son rôle d'intrigant.
Alors qu'il avait fait montre d'un immense talent avec "Mission" ou "La déchirure", Roland Joffé semble s'être emmêlé les pinceaux en s'attaquant à l'histoire de François Vatel, maître des plaisirs au service du Grand Condé. En revisionnant ce film qui ne laissa pas de grandes traces dans la mémoire collective des cinéphiles, on ne peut qu'avoir des regrets. Pareil destin méritait tout de même mieux...
Je n'ai pas gardé un souvenir très goûtu de cette grande bouffe orchestrée par le chef Gégé. Ton expertise culinaire et cinématographique ne vient que conforter mon impression première.
RépondreSupprimerEffectivement, ce festin manque de saveur...merci du passage, Prince.
Supprimerdommage car comme ça ce film avait beaucoup pour plaire.
RépondreSupprimerJe passerai mon chemin quand même !
Merci pour la chronique.
Bon dimanche
Un gros potentiel, mais un résultat très oubliable.
SupprimerMerci de ta fidélité, Laura, bonne fin de week-end.
Je n'ai retenu que les décors et les costumes !
RépondreSupprimerC'est à peu près tout ce qui reste à sauver, en effet.
SupprimerMerci du passage en ces lieux !
J'ai vu ce film il y a longtemps. Sur le moment, j'avais aimé mais finalement je m'aperçois qu'il ne m'a pas du tout marquée !
RépondreSupprimerJe pense que je l'aurai bientôt oublié aussi. Dommage, il y avait là matière à un grand film.
SupprimerMerci de ta fidélité, Tina.
Je l'ai vu il y a longtemps... et comme Ideyvonne, la seule chose qui pourrait me revenir, ce sont les décors et les costumes !
RépondreSupprimerTout porte décidément à croire que seuls les décors et les costumes étaient mémorables, dans ce film. Étonnant...quoique, non, finalement, je crois que c'est ce qui m'en restera aussi.
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