dimanche 16 février 2020

Roulez jeunesse (2017)


Placer un personnage dans une situation compliquée et lui mettre maints bâtons dans les roues, voilà un procédé comique usé jusqu'à la corde. A lire le pitch de "Roulez jeunesse", porté par Eric Judor et réalisé par Julien Guetta, on pouvait penser qu'il s'agirait d'une énième déclinaison de ce modèle. Je vous avoue m'être laissé prendre au jeu et avoir visionné "Roulez jeunesse" sur cet a priori. La présence de l'acteur principal jouant en la faveur d'un pitch pas forcément vendeur, allais-je avoir une bonne surprise ? Ce film serait-il un bon moment de cinéma ? 

Alex travaille comme dépanneur dans le garage tenu par sa mère, dont il ne s'est toujours pas détaché. Un jour, il tombe sur le véhicule de Prune, en panne et, de fil en aiguille, se retrouve dans les bras de la jeune femme, qui l'entraîne chez elle. Au réveil, la jeune femme a disparu et Alex se retrouve en compagnie de ses trois enfants, dont un bébé. Pour lui qui n'est pas ce que l'on peut appeler un adulte responsable, voilà une drôle d'aventure qui commence. Comment Alex va-t-il se sortir de ce guêpier ?

Un héros pris au piège des circonstances et devant affronter maintes épreuves, voilà un ressort des plus classiques, en matière de comédie, et on en a vu plus d'un se casser les dents sur ce type d'exercice. Seulement, "Roulez jeunesse" a plus d'un tour dans son sac et n'est pas qu'une simple comédie, et c'est sans doute ce qui sauve le film. Alors qu'une comédie choisirait de tracer tout droit sur le chemin entamé, quitte à brûler toutes ses cartouches et à tourner à vide, "Roulez jeunesse" a l'excellente idée de prendre un virage audacieux, mais logique, à mi-course. Les péripéties du héros, qui auraient pu n'être exploitées que sous un angle burlesque, voient leurs causes et leurs conséquences éclairées au grand jour. Le drame est là, tout proche, et l'émotion pointe le bout de son nez. Avec elle, "Roulez jeunesse" prend une épaisseur inattendue et finalement bienvenue.

Avec ses personnages attachants, parce que très humains, le film de Julien Guetta tente une proposition audacieuse, mais réussit l'exercice d'équilibriste qu'il s'impose. En usant de tact et de sensibilité, "Roulez jeunesse" réussit une petite prouesse que nombre de comédies n'arrivent plus à réaliser. Pour un premier long métrage, la performance est à saluer. 

Si la composante émotionnelle est l'un des atouts de ce film, parce qu'elle est dosée au milligramme près, l'interprétation est l'autre clef de sa réussite. En tête d'affiche, Eric Judor en surprendra plus d'un dans le rôle de cet adulte devant prendre une situation inattendue à bras-le-corps et se mettre à agir plutôt que subir. Dans son sillage, on appréciera également la très belle interprétation des jeunes acteurs endossant le rôle des enfants perdus.

On peut encore être joliment surpris par un film, français qui plus est. Avec "Roulez jeunesse", Julien Guetta réussit un joli coup, qui aurait mérité un accueil plus chaleureux lors de sa sortie au cinéma. Porté par un Eric Judor décidément surprenant, ce film qui mérite qu'on fasse le détour.





2 commentaires:

  1. Très étonné par ce film. Eric Judor est génial et le récit se suit sans déplaisir. Le côté dramatique fonctionne bien, là où l'on pouvait craindre du pathos. Par contre, je ne m'explique pas cette promo lamentable avec notamment son affiche qui ne vend absolument pas le film.

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    1. Chouette, Borat est de retour :)
      Une belle surprise que ce petit film, mal vendu, comme tu le soulignes.

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